lundi 29 août 2011
" je compris à ce moment-là l'Atlantide que Charlotte (la grand-mère qui vient de mourir) m'avait laissé entrevoir, dès mon enfance, cette mystérieuse consonance des instants éternels. A mon insu, ils traçaient, depuis, comme une autre vie, invisible, inavouable, à côté de la mienne (...). c'est cette vie qui se révélait maintenant essentielle. Il fallait, je ne savais pas encore comment, la faire épanouir en moi. Il fallait, par un travail silencieux de la mémoire, apprendre les gammes de ces instants. Apprendre à préserver leur éternité dans la routine des gestes quotidiens, dans la torpeur des mots banals. Vivre, conscient de cette éternité..." (A. Makine, "Le testament français", p. 308)
vendredi 12 août 2011
ETE
Le lézard doré
affleure le mur de pierre
caresses de sang froid.
Le ciel bleu
dégouline de perles
cristal de fièvre sur ma peau.
Un souffle
agite les herbes sèches
la brise bat des paupières.
Les oiseaux
chantent à tire d'ailes
rumeur joyeuse dans l'air du temps
Deux papillons
dansent amoureusement
traits de crayon dans le matin.
affleure le mur de pierre
caresses de sang froid.
Le ciel bleu
dégouline de perles
cristal de fièvre sur ma peau.
Un souffle
agite les herbes sèches
la brise bat des paupières.
Les oiseaux
chantent à tire d'ailes
rumeur joyeuse dans l'air du temps
Deux papillons
dansent amoureusement
traits de crayon dans le matin.
samedi 6 août 2011
A PROPOS DE MOTS...
"...Il n'est pas fortuit que la Papauté ait fait main basse sur la géographie, elle qui a toujours régenté l'espace et le temps ces deux êtres indociles et irréductibles. Le Vatican fut un fomidable dessinateur de frontières. Il se nomma également gardien des calendriers. C'est la même chose. La géographie est un calendrier.
Le chant du Moyen Age sacifie à cet appétit effréné de contrôlle. Il conjure l'ivresse des sons, leur insoumission [...]
Plus tard, lorsque la parole se divise du chant, un autre danger menace. Le langage ne va-t-il pas en profiter pour se dévergonder, lancer son bonnet par-dessus les moulins et abîmer cette harmonie qui fait le souci des premiers géographes, des rois, des prêtres et de tous ceux qui gèrent la planète? Heureusement, les pouvoirs veillent au grain: ils procèdent avec les poètes comme on procéda jadis avec les paysages de la Terre: on les oblige à se ranger. On va passer le mors aux mots, à ces mots si piaffants si taquins et si cabochards, si gais, qui grouillent dans la tête des poètes comme un peuple de vermines. Rimes et rythmes, sonnets et rondeaux, assonances, redites et et échos, allitérations ... Tout un arsenal bien tempéré et mobilisé pour capturer les mots, pour leur passer les menottes et les enfermer dans des règles aussi mathématiques que celles de la musique ou du chant, que celle des méridiens et des parallèles.
L' alexandrin qui devint à l'âge classique le vers souverain, porte ces sûretés au comble - douze pieds, la césure... Le sonnet est une figure mathématique. Et la rime joue le rôle de garde-chiourme: elle verrouille la fin de chaque vers, tout en obtenant que se répondent les différents vers, effaçant ainsi la singularité, l'unicité de chacun, pour le réduire au statut d'écho... Emprisonné, tenu à l'oeil, contrôlé et épié à travers des judas, le mot devient incapable de la moindre initiaitive et d'ajouter une couleur à la couleur des choses. La littérature, au lieu de patrouiller sur les confins, est assignée à résidence. Elle n'a pas le droit de franchir la frontière. Elle reçoit la mission de dire ce qui est dicible alors que l'indicible devrait faire son gibier. [...]
Les formes rigides du poème ou du chant ne font que prolonger l'ouvrage des linguistes ou des grammairiens. Dès son origine, le mot a été remplacé, arraisonné, tenu à l'oeil, marqué au fer comme un taureau, invité à respecter les règles de la syntaxe et de la grammaire, à oublier le goût qu'il a de l'inconnu et de la solitude pour rentre dans le troupeau et se plier aux décisions du berger..."
D'après GILLES LAPOUGE "La légende de la géographie"
Le chant du Moyen Age sacifie à cet appétit effréné de contrôlle. Il conjure l'ivresse des sons, leur insoumission [...]
Plus tard, lorsque la parole se divise du chant, un autre danger menace. Le langage ne va-t-il pas en profiter pour se dévergonder, lancer son bonnet par-dessus les moulins et abîmer cette harmonie qui fait le souci des premiers géographes, des rois, des prêtres et de tous ceux qui gèrent la planète? Heureusement, les pouvoirs veillent au grain: ils procèdent avec les poètes comme on procéda jadis avec les paysages de la Terre: on les oblige à se ranger. On va passer le mors aux mots, à ces mots si piaffants si taquins et si cabochards, si gais, qui grouillent dans la tête des poètes comme un peuple de vermines. Rimes et rythmes, sonnets et rondeaux, assonances, redites et et échos, allitérations ... Tout un arsenal bien tempéré et mobilisé pour capturer les mots, pour leur passer les menottes et les enfermer dans des règles aussi mathématiques que celles de la musique ou du chant, que celle des méridiens et des parallèles.
L' alexandrin qui devint à l'âge classique le vers souverain, porte ces sûretés au comble - douze pieds, la césure... Le sonnet est une figure mathématique. Et la rime joue le rôle de garde-chiourme: elle verrouille la fin de chaque vers, tout en obtenant que se répondent les différents vers, effaçant ainsi la singularité, l'unicité de chacun, pour le réduire au statut d'écho... Emprisonné, tenu à l'oeil, contrôlé et épié à travers des judas, le mot devient incapable de la moindre initiaitive et d'ajouter une couleur à la couleur des choses. La littérature, au lieu de patrouiller sur les confins, est assignée à résidence. Elle n'a pas le droit de franchir la frontière. Elle reçoit la mission de dire ce qui est dicible alors que l'indicible devrait faire son gibier. [...]
Les formes rigides du poème ou du chant ne font que prolonger l'ouvrage des linguistes ou des grammairiens. Dès son origine, le mot a été remplacé, arraisonné, tenu à l'oeil, marqué au fer comme un taureau, invité à respecter les règles de la syntaxe et de la grammaire, à oublier le goût qu'il a de l'inconnu et de la solitude pour rentre dans le troupeau et se plier aux décisions du berger..."
D'après GILLES LAPOUGE "La légende de la géographie"
mercredi 3 août 2011
Sous la treille
Après les grappes de glycine (sous lesquelles nous ne sommes jamais parvenus à tous nous réunir pour écrire dans leur parfum enivrant), voici les grappes de raisins (muscat rosé) qui seront prêtes en septembre pour la dégustation et écrire enivrées d'autres saveurs "Goûtons voir, oui, oui oui, goûtons voir ...)
lundi 1 août 2011
chute de girafon
«je t’attendais»
«je t’adore»
«je t’admire»
â l’eau
«tu m’emmènes (au paradis)»
sans nuée de grues
«j’imite le cri du paon»
pour t’épater
hors la galerie
l’idée de ...
jouer les sirènes
à l’eau
déraper dans la rivière
maladroite
mais pleine d’audace
sans peur
après l’eau qui glace
«je t’enlace»
a s’est glissé entre l et u
«a»
ailé
des ailes
ailes du désir
«je t’escalade»
si tu m’aimes toute folle
ouf !
jambes flageolantes
une chamoiselle trébuchante
sur les cailloux
choux
à genoux
s’effondre
comme un girafon
«je t’.......»
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