1 Elle parle
tout bas, depuis longtemps, bruissements légers dans la cacophonie du monde et
des choses à faire. Elle appelle. Parfois sur un lit de mort. Parfois au
réveil. Parfois au cœur d’une conversation amicale. Son espace-temps n’a pas de
limite, pas de cycle, pas d’éclipse, pas de passé, pas de futur.
S’agiter, se
griser, s’étourdir : rie n’y fait, elle est là poursuivant ses sourdes
vocalises, impromptues.
Elle ne s’entend pas avec la raison ni avec la décision
son territoire est le corps. Elle le dévêt de ses oripeaux et de ses apparats, jusqu’à
ce que seuls vibrent la mélancolie, la colère, la tristesse, la joie, la
créativité, le désir, le remord, l’impuissance,
puis elle le vêt de la rosée matinale, de la blancheur de la lune, de la transparence de la pluie, du gris-brun de l’ennui.
puis elle le vêt de la rosée matinale, de la blancheur de la lune, de la transparence de la pluie, du gris-brun de l’ennui.
Sans éclat, la voix monte d’un ton, puis de deux, bientôt
tu l’entends mais tu ne l’écoutes toujours pas, pas tout de suite. Tu la penses
et tu fuis. Et dans cette fuite, ses paroles sautillent, se métamorphosent,
s’imposent à toi, un fil discontinu de paroles… un fil qui bientôt se resserre,
t’immobilise. Il n’y a plus rien à faire. Rien vers quoi, rien vers qui,
tendre. Personne ne t’attend. Seules ses paroles se font compagnes aigres et
douces.