mardi 3 février 2015

Chercher à tâtons l'unité


J'aimerais aujourd'hui écrire sur la mémoire qui serait inscrite dans un lieu et non dans les circonvolutions d'un cerveau et plus particulièrement d'un lieu dans lequel je me suis rendue récemment et qui m'a rendu une partie de mon enfance par grands pans.

La première partie décrirait le lieu tel qu'il m'a été donné de le voir, ce jour-là de mes 68 ans, sans même, sur le coup, être pleinement consciente de ce qui se jouait, à savoir qu'il me projetait dans un autre lieu (très lointain, très ancien et définitivement perdu), ni que ces personnages-là, allaient ensuite arriver pour peupler ces lieux. Ils sont arrivés par inadvertance, comme si le lieu les sécrétaient, les recélaient, les révélaient et que nuls autres que ceux-là ne pouvaient le peupler. Ce lieu en a appelé un autre en superposition comme dans le livre de Patrick Chamoiseau « Empreinte à Crusoë » où Crusoë, après des mois entiers à chercher à qui pouvait bien appartenir cette empreinte qu'il avait découverte sur le sable, réalise que c'est la sienne et non celle d'un autre hostile. Et c'est seulement alors qu'il comprend à quel point cet Autre lui est vital. C'est un peu cela qui se passe quand je me mets à écrire, mais je ne le sais pas encore clairement. J'arrive dans ce lieu inconnu, en le décrivant plusieurs semaines après, je comprends que c'en est un autre que je décris. Un autre qui, en fait, est Moi : mon lieu, le lieu d'origine

Une seconde partie parlerait des ces gens, arrivés par grappes, qui gravitent autour du lieu, et cependant bien loins du lieu même et en sont néanmoins tous originaires. Tout vient comme une pelote qui se déroule si j'en saisis un bout, comment je m'en suis saisie et j'ai accepté d'en parler

Une 3° partie nécessiterait que je retourne dans ce lieu, visité dernièrement, afin de frotter mes souvenirs soudainement resurgis, à la réalité qui les a déclenchés, voir quels éléments (source, bâtiments, végétation, couleur du ciel, paysages … ou autres, atmosphère …) ont éveillé si fortement l'ensemble du tableau qui s'est mis à vivre. Je ne vois pas pourquoi il n'y aurait que N Quintane qui aurait droit à une bourse pour un séjour pour un projet d'écriture précis.

Enfin, une dernière partie, mais là ce n'est pas clair du tout, je dirais même que j'avance en pleine obscurité, bougie éteinte où je ne conserverais peut-être qu'un ou deux éléments du réel pour leur faire prendre leur élan. Ils me permettraient d'écrire sur les sensations que- le ou les sens qui chez moi ont été touchés- ont mises en branle pour qu'un tableau prenne tout à coup vie, sans préméditation, peut-être pour écrire sur mon lieu d'origine fantasmatique (ou de mieux comprendre comment il s'est créé), ou ce qu'est un tel lieu, ou de décrire le paradis, le lieu des rêves (où je vais fidèlement rêver), ou, … ... pour rallumer la bougie, il me faudra peut-être attendre les consignes suivantes.

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