vendredi 11 mars 2011

Mots en Em

Mots des autres


Se dissoudre, voler jusqu’au sommeil
Nuits et jours
Dans les mots des autres
Se recroqueviller, se peloter
Dans la couverture
Des mots...
Clapoter du soir au matin
Chercher le mirage et trouver le vertige
Dans les mots des autres
S’oublier encore, sans rime ni pleurs
Désolée, pauvre
Et puis peu peu, pas à pas
Se rebâtir
Dans les mots des autres
« le mot se livre, se délivre, s’affole, se répand, se renverse, se rétablit »
Alors dissoudre le sens ankylosé, se défaire des souvenirs, du passé
« plus on est jeune, plus les mots sont dépourvus de sens définitif »
Faire de multiples frottis mentaux pour enlever toute trace, frotter encore pour lutter
« ... la matrice des femmes conserve l’empreinte de tous les enfants, nés ou avortés... »
Faire peau à moitié neuve, à moitié silence
« les mots que l’on trouve et assemble dans sa tête ne comptent pas tout à fait »
Pour laisser la plus large place aux mots des autres.

* Andrée Chedid, Brita Svit, Annie Ernaux, François Nourisser

3 commentaires:

béatrice a dit…

j'essaie ces jours ci à m'oublier et me rebâtir dans les mots des autres, les livres, pour éloigner ceux que j'ai entendus et qui détruisent mon corps. mais ils s'échappent à ma concentration, j'espère que ça pourra revenir,que je pourrai retrouver les livres car tout ce que tu dis est vrai et si bien écrit.
ton texte précédent a de magnifiques images, même s'il est très énigmatique;
dis moi: es tu née le 17 mars?

Lìn a dit…

oui un 17 mars, et dans ma maison à la montagne, les voisins partent du soleil du 17 mars, pas pour parler de moi, oh non, mais parce que c'est enfin le jour où ils ne restent plus dans l'ombre, le soleil descend et remonte à midi au-dessus de la montagne... ceci jusqu'en octobre...

Marie, Pierre a dit…

J'aime bien cette image de la matrice mémoire. J'avais écrit quelque part que je pensais à la matrice de ma mère comme à une grotte de Lascaux, et je m'interrogeais, étant la cinquième à y résider, quelles traces mes soeurs et mon frère y avaient laissées.