mardi 29 mai 2012
vendredi 25 mai 2012
le pavé sur le gâteau
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Lionel Bourg,
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Pierre Bergounioux
jeudi 24 mai 2012
mercredi 23 mai 2012
Interdit à Laura
Sur mon itinéraire du Sud, se promenait souvent un chat noir, brillant, lustré, vivant. Se promenait en fait je n'en sais rien, il vaquait à ses occupations, et je ne sais si la promenade est une notion dans la survie du chat, combien elle lui occupe de temps, combien il peut lui en consacrer ; bref il courrait le lapin, suivait une piste, ou rentrait chez lui, sans que je n'ai jamais su d'ailleurs, quelle était sa véritable adresse, car le chat ne connaissant pas internet, il ne sait pas que chacun possède une adresse et du coup il venait souvent terminer le repas de miss Bounette, celle qui a élu domicile chez moi. Et c'est fou comme comme la joie de voler sur le territoire de l'autre est appétante, il enfilait ça en 4 bouchées, quand Bounette aurait mis une semaine à le laisser pourrir. Bref, bis, ce chat noir est à présent étendu de tout son long sous la pluie de mon itinéraire, au pied du romarin, à l'aplomb de la tour. Bien sûr, l'éloge de la vitesse ayant cours dans mon quartier (et jardin aussi), une voiture a dû lui régler son compte, l'enfant de l'adresse doit le chercher partout, comme D avait à son heure cherché son Mamaou, et l'avait retrouvé dans une poubelle, pas même de recyclage. Depuis quelques jours donc, je vois cette forme noire et pelucheuse dans le caniveau, je lui souffle une pensée fraternelle et espère qu'il n'a pas trop eu mal. Je ne sais pas à quel numéro de vie en était ce chat-là ou s'il se réincarnera en limace chez Lucien Suel, c'est sûr qu'avec toute cette pluie...
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là où l'on lance le pas
Ce
que l'on nomme chemin, trajet, itinéraire - c'est à dire là où
l'on lance le pas – n'est rien d'autre qu'un sillon creusé, à
intervalles réguliers, depuis tant de temps ; et , même si on
voulait en rester au premier regard, dans cette ville là, c'est
quelque chose d'impossible : comment retrouver le premier regard
pour la ville où l'on vit...
S'obstiner,
creuser, attendre. On finit par avoir le vertige de se trouver face à
la lumière vacillante au vent de la nuit, sans savoir ce que l'on
joue, au milieu de nulle part, et vouloir prouver juste qu'on a vécu,
quand le temps s'accélère et, avant que notre ombre qui n'est pas
électrique, disparaisse comme s'il s'agissait d'une lueur d'huile
provenant d'une lampe d'astrakan.
Alors on passe de rues en places, de fenêtre en
fenêtre, on regarde par la porte ouverte dans les cuisines où –
autrefois – on apercevait le foyer sur lequel des poêlons et des
grosses marmites mijotaient et où – aujourd'hui – ne
retentissent que les alarmes sèches de micro-ondes qui ne
réchauffent guère les souvenirs.
Reprendre
son souffle, écouter ce que l'on n'entend plus et qui pourtant longtemps
nous a bercés, jeter quelques tendres murmures sur la ville qui
doucement s'endort, se tenir au bord du précipice, l'émotion
greffée dans le regard, méditer sur le pourquoi de mourir en hiver
et puis, sans une hésitation – et le chemin ne serait-il pas
qu'une suite d'hésitations – , fuir les impasses et se planter à un carrefour avec une envie de
poursuivre : être debout sur la route dans le jour
commençant et fixer l'horizon.
lundi 21 mai 2012
mercredi 16 mai 2012
De quels labyrinthes
De quels labyrinthes me suis-je
enfuie ? Je veux parler de ces chemins qui n’ont plus court, faute de
destinataire. De cet état d’esprit, lorsque on va visiter une personne « en
fin de vie », puis un mourant, puis saluer ce nouveau-mort, puis lorsque on
l’accompagne « à sa dernière demeure », -connue -, je précise. Comment
regarde-t-on les arbres ? Le temps qu’il fait, comment regarde-t-on les
saisons qui passent ? Les anniversaires qui se rapprochent ? Pourvu
qu’il tienne encore un peu, pourvu qu’elle ne meure pas ce jour-là : Ils
ont fait ce qu’ils ont pu. Elle, 3 jours après, Lui, 3 jours avant. Comment retourne-t-on
sur ces itinéraires, une fois qu’on ne les emprunte plus pour ces raisons-là ?
Dans quel état les rend-on ? Comment se rappelle-t-on ces moments graves, où l’on rentre chez soi, en sachant que
peut-être on ne les reverra plus, vivants ? Comment revient-on quand on
nous appelle pour nous dire que c’est la fin ? Que c’est fini ? Que
voit-on du monde qui nous entoure ? Tout est tellement précis, soudain,
cependant.
Entre les différents moments de
sa vie, à Elle, et celui de sa mort, l’itinéraire s’était raccourci, on se
retrouvait au milieu. Quant à lui, il avait beaucoup vagabondé pour venir mourir
sur mes terres d’adoption.
La plupart du temps je venais
seule, je montais dans ma voiture et appuyais sur le bouton qui me rendait
invisible et m’isolait du reste du monde, dans le sens où rien ne pouvait me
détourner de mon but. Je notais l’apparition des fleurs, le commencement de la
chute des feuilles, l’avancement des travaux qui nous obligeaient à nous garer
plus loin, à différer un peu ces derniers moments partagés. Je notais l’orage. Parfois
je prenais l’ascenseur, la plupart du temps je montais à pieds. Reconnaissance
des habitués, puis finalement, plus rien, plus assez de mots.
à suivre, peut être...
à suivre, peut être...
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mardi 15 mai 2012
Je voudrais en rester au premier regard
Je voudrais avoir, ou
retrouver, le premier regard pour cette ville où je vis.
Celui que j'avais il y a
trente cinq ans dans cette ville qu'on m'avait dite noire. Les
premières rues dont je me souvienne sont les rues J Frappa et la
toute petite rue St-Pierre qui de là rejoint la Grand-rue.
Arrivant d'une grande
ville nord-américaine, l'étroitesse des rues dans lesquelles se
faufilaient néanmoins des voitures, m'apparut alors totalement
exotique. Les piétons, arabes pour la plupart, renforçaient encore
mon dépaysement. Où étais-je ? Je ressentais le vertige de me
trouver dans un vrai non-lieu. La langue que j'entendais, était bien
la mienne, mais quel étrange accent.
Passant devant une porte
entr'ouverte, j'aperçus un foyer sur lequel deux poêlons et deux
grosses marmites mijotaient paisiblement. Ca sentait le couscous, à
l'intérieur la lumière vacillait comme si elle n'était pas
électrique et qu'il s'agissait d'une lueur d'huile.
Je ne quittais pas le
centre par peur de m'égarer et de me retrouver au milieu de nulle
part. Ici, tout était tortueux, étréci, rien n'était tracé au
cordeau.
Au fil des jours, par
petits cercles concentriques, j'agrandis mon rayon d'exploration et
parvins jusqu'à la Grand-poste et l'avenue de la Libération. Les
rues s'étaient élargies, à tous les sens du terme, plus larges
réellement mais surtout mon oeil s'habituait aux espaces clos, sans
horizons lointains.
D'étranges pyramides
noires, tas de cendres – terrils m'avait-on expliqué – fermaient
l'horizon.
Nous étions en avril,
les rues regorgeaient de monde, les immeubles étaient repeints, la
vie grouillait dans les rues, sur les places, cependant je ne pouvais
m'asseoir à aucune terrasse. Cette ville ignorait les terrasses.
Mais elle n'était pas noire.
De plus, il y manquait
quelque chose de vital que je mis longtemps à identifier : une
qualité de lumière, une transparence de l'air … C'était ça, la
ville n'avait pas de fleuve, ni Rhône, ni Saint-Laurent au bord
desquels j'avais toujours vécu.
Je me souviens avoir
beaucoup aimé ce printemps où je marchais et qu'il m'a bien fallu
aller jusqu'au printemps suivant pour édifier de vrais repères et
perdre mon regard tout neuf.
A l'hiver, je tombais
malade : pleurésie, fut le verdict. Durant trois semaines de fortes
fièvres, je ne compris pas ce que mon corps et mon esprit jouaient :
l'un, peu habitué à l'humidité, l'autre fortement malmené par
tant de changements dans les mentalités, réagissaient vivement. Là,
était le prix de mon accoutumance à ce nouveau pays.
Pendant les longs accès
de fièvre, je me répétais « Pourquoi mourir en hiver, sous
un ciel si triste, sans neige, sans ciel bleu et sans froid réel
? ». Dès février, les prémisses du printemps se humaient
dans l'air, par la joie qui m'inonda, je compris que j'avais cessé
d'être étrangère à cette ville. Tout en moi s'était ajusté à
elle.
lundi 14 mai 2012
dimanche 13 mai 2012
A...
A la lumière qui se meure
quand tombe le vent dans tes cheveux
A ces instants où s'attachent
tes secrets suspendus
A la nuit bleue
qui te vola l’aube électrique
quand tombe le vent dans tes cheveux
A ces instants où s'attachent
tes secrets suspendus
A la nuit bleue
qui te vola l’aube électrique
A l’oubli qui prend vie
A la solitude
A ton regard gai
qui tait les derniers mots
A ton rire
A la solitude
A ton regard gai
qui tait les derniers mots
A ton rire
Au vertige de la fin de vie
sous les lueurs de ce printemps
A l’huile du passé que rien
ne peut enflammer
A ta patience suspendue aux dernières heures
A l’attente blanche
dans ta chambre d’hôpital
dans ta chambre d’hôpital
A l’agitation de la ville en liesse
que l'on devine au loin
que l'on devine au loin
A ces cinquante années
dont trente à te connaître
A ces jeux théâtraux
jamais abandonnés
A celui que tu rejoins
parti trop tôt
A la morphine
et ce peu d’eau que tu peux encore boire
du bout des lèvres, du bout des lèvres...
A la peur qui se termine
yeux doux, yeux fermés.
samedi 12 mai 2012
je voudrais
je voudrais en rester au premier regard
dans un vrai non lieu
être lumineux
je voudrais des pieds vernis rouge
éclaboussés de terre mouillée
je voudrais arroser le jardin
revoir la terre après l’hiver
je voudrais un chemin qui descend vers l’eau
en rester au premier pas
au premier ferme les yeux
je voudrais avoir dans le noir
le premier frôlement
le vertige de se trouver
sous la pluie
je voudrais rester là
dans la rivière
je voudrais la nuit
au milieu de nulle part
le premier regard
pour la ville où je le vis
d'après la phrase de F.Hessel "Je voudrais en rester au premier regard. Je voudrais avoir ou retrouver le premier regard pour la ville où je vis"
atelier sur la terrasse de B
Je ne sais pas ce que je jouais, ni à quoi. ça ressemblait à une symphonie du nouveau monde, sauvage comme un paysage inhabité, un vrai non lieu au milieu de nulle part.
J'avais perdu ma partition et courais à ma perte, car ma mémoire aussi me faisait faux-bond. Mais comme il faut toujours aller de l'avant, j'allais, sans plus me poser de questions. Mes doigts gigotaient sur le clavier comme s'il eût été brûlant, ça s'envolait, mon vieux ! et les anges de se coller au mur et de s'accrocher aux rideaux pour laisser passer ce flot inninterrompu de musique céleste et ne pas se faire écraser ; le public en avait pour son argent, musique de chambre, tu parles ! ça faisait longtemps que les derniers endormis s'étaient redressés sans bien réaliser encore s'ils étaient tombés d'un cauchemar dans un autre, que les happy few des premiers rangs auraient payé cher (pour une fois) pour retrouver leur cuisine et leurs marmites qui mijotaient paisiblement sur le foyer, et pour être assis dans leur bon fauteil éclairé par une lampe d'astrakan. Les plus persécutés étaient les puristes qui comprenaient bien que quelque chose d'unique était en tarin de se produire, mais qui ne savaient pas comment le qualifier, dans quelle case le ranger, si c'était grandiose ou médiocre, et ça les tuait."Mais pourquoi mourir en hiver ?" se disaient-ils ?
Quant à moi je suais sang et eau sur mon instrument, remontant le fil de la journée jusqu'à l'instant fatidique que je vous conterai une autre fois, là impossible, marchant sur la pointe des doigts lorsque la honte était trop patente, puis vaincu une fois encore par l'appel du large, je replongeais à pleines croches dans la musique, puis pris de vertige, vacillant au vent de la nuit, JE SOMBRAIS.
Lorsque je m'évaillais, tout était blanc, sans relief, chirurgical.
Un ange était à mon chevet et me souriait tranquillement.
"je voudrais rester au 1er regard" dis-je, et fermais les yeux sur cette lueur d'huile, sur cette douceur insupportable.
mardi 8 mai 2012
dimanche 6 mai 2012
1er mai et au-delà
mardi 1 mai 2012
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