mercredi 26 septembre 2012

ça s'est passé

ça s'est passé sans doute autrement, mais faisons comment si

comme s'ils étaient amoureux, sans équivoque sans anicroche
comme si elle n'était pas l'amie-amante aidante qui fut son rocher, accroché, désespéré
comme si du fond de son chagrin il l'aurait aimée désirée s'était laissé toucher
comme si elle pouvait devenir l'aimante, l'aimée la mie
comme si elle avait refusé la réduction mécanique, sa propre la mendicité
comme si leurs âmes avaient pris leur envol dans une étreinte mutuelle frissonnantes dans le silence
le ciel comme seul duvet, leur souffle comme humble drapé, l'amour comme unique risque


j'acquiescerai, et durant un instant je leur aurais dit qu'ils avaient été ensemble, et durant un instant, je t'assure, j'aurais pu écrire qu'eux deux, en supprimant le presque, auraient été heureux. Alors dans les pas d'Erri de Luca, avant de m'en aller sur la pointe de la plume, je leur aurais soufflé "Qu'il en soit ainsi de l'amour, qu'il nie l'expérience, qu'il soit aveugle comme au premier jour, vierge dans sa foi. Qu'au plus injuste des amants ne s'adresse point la censure"*



Erri de Luca, Un nuage comme tapis, Payot et Rivages, 1996.

2 commentaires:

Ange-gabrielle a dit…

Oui, Lìn, il est des êtres qui "se manquent" comme on manque le bus. Juste pas au bon endroit au bon moment. Alors qu'à un poil près, peut-être tout simplement ajuster sa montre ou ses lunettes, ou avaler son amour-propre...
Par bonheur, demeurent les vraies rencontres

Marie, Pierre a dit…

Toutes les rencontres sont vraies, c'est bien ça le problème, parfois