vendredi 14 décembre 2012

Un poème dans la salle d'attente

Il est des heures qui nous ouvrent les mains
et retournent comme un texte fané
la leçon fatiguée qu'est le monde;

L'initiative ne nous appartient pas.
les choses se déprennent ou s'ouvrent
Comme s'il y avait des ondes, des courants
ou des motifs
qui parcourent le temps et l'espace,
changent les situations
corrigent les substances,
dépoussièrent des textures
et peut-être même inventent 
de nouvelles manières de l'être,
des variatiopns ou des échappements.

Et pami tant de processus curieusement ambigus
non seulement nos mains s'ouvrent
comme de fertiles manoeuvres,
mais parfois quelques chose se pose aussi sur elles,
comme pour se reposer un instant de l'abîme.

Extrait de Dixième poésie verticale
Roberto Juarroz (1925-1995), traduit de l'argentin par François Michel

Pour Linette et son chagrin

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