Les champs du crépuscule veinés de blancs.
Puis ce sont des maisons, blanches aussi, surprenantes à cette latitude, tolédanes en plein Chalonnais. A droite le ciel se distingue, jouant le jour contre la nuit tandis que le dernier rose s'abandonne à l'horizon. Je vis, parfois, pour rien. Du temps donné à l'ennui, toi tu dis à la mort. Oui. Rien ne se pose, beaucoup se consume dans l'instant. Des moments épais, lourds, on serait mieux seul, à faire ou à ne rien faire. On cherche le déclic, alors qu'il est là tout le temps, alors qu'on pourrait chercher autre chose, consacrer sa vie à une grande cause.
Mais là, il est question de traverser des espaces au crépuscule, et à grande vitesse. Car pour cela le train est parfait. Je n'ai jamais aimé stagner au crépuscule. Je me souviens de ma chambre fushia, à Londres, je levais le nez de ma table, vers la fenêtre à guillotine, et si je m'étais laissée surprendre par le noir, j'étais transie dans la gueule du loup.
Je trouve mon reflet très laid dans la fenêtre, alors je détourne la tête, de peur de l'être vraiment.
L'étiquetage des bagages est obligatoire, bien sûr on peut mettre de vraies étiquettes avec de faux noms et de fausses adresses sur des vraies valises pleines de bombes.
Nous arrivons à Châlon, le coucher de soleil brûle de ses derniers rouges. Et moi ? Où arriverai-je ? Ma maison est à l'intérieur de moi.