Osier,
osier, osier, de 3 couleurs tressées
lisse
au regard vernis, rugueuse au toucher sombre
élégante
et vieillotte, inattendue, choisie
La
valise en osier pour partir en pique-nique
prendre
le thé glacé, macarons, trucs et chips
la
campagne en été / rituel liturgique
Le déjeuner
sur l'herbe en ajustant la nappe
Les
tranches de concombre, les assiettes en plastique
Ou
bien ranger dedans les carnets de dessins
érotiques
de pics /enneigés mais pas trop,
de
cols ultramariens / frontières, accouchements
les
parchemins de gloire toute semée d'embûches
éternel émigrant, voyageur inconstant
45
ans plus tard,
la
valise chinée exhumée des fantômes
cadeau plus-que-parfait à l'usure raisonnable
Objets
inanimés surgissant de l'oubli,
voyageurs
souvenirs passant de mains en mains.
On
défait les ferrures précautionneusement,
la
valise béante l'avale d'un seul tenant
comme
s'il y découvrait la tête d'une morte
Le
cadeau le transperce : "je ne peux pas le prendre"
Il
m'écrivait des lettres noires de chagrin de Chine,
bourdonnantes
d'abeilles coiffes et blouses blanches
tandis
que la tumeur avançait dans sa tête
et l'emmourrait d'une lumière toute chirurgicale.
...
Dans
la douce valise prête depuis longtemps,
comme
on part accoucher, les brassières de bébé
Savait-elle, ELLE, qu'elle ne reviendrait jamais ?
Des
ombres de chaise vide, des odeurs chimiques
ses
précieuses affaires, chemises de nuit brodées
un
souvenir béant au sein de l'existence
Une écriture muette sur la nappe du temps
Parchemins en poussière, rouleaux de sa mère morte.