samedi 30 janvier 2010

Chemin

Chemin,
Je suis chemin, je m'appelle Charreyron, ce qui signifie en langue d'oc (petit chemin,) un charirou.
Cela m'a toujours intriguée pourquoi ce patronyme ? A Saint-Julien Chapteuil, j'ai vu un jour un petit Charreyron, il était étroit, des maisons se serraient de chaque coté, il semblait comme étouffé c'était une petite venelle je ne l'ai pas pris j'ai eu peur de ne pas savoir sur quoi il débouchait qu'allais-je trouver, un chemin en friche, un terrain vague, j'aurais aimé déboucher sur la lumière.
Enfant dans mon village il n'y avait que des chemins, chemins où les bêtes se rendaient aux pâturages ils étaient boueux et ravinés mais j'aimais ces grandes lézardes la terre était rouge brique dans mes souvenirs et elle collait à mes galoches et lorsque je marchais elle laissait de jolies traces.
Au bord des chemins il y avait des buissons, aubépine, mûriers, framboises, et fraisiers, on ne rencontrait pas de voitures, seulement des chars, on n'était pas agressé par des bruits, il y avait les tracteurs, mais comme ils n'étaient pas comme maintenant avec une cabine ils faisaient partie du chemin.
Le chemin aboutissait dans le pré il devenait mousse, pâturage, il avait été utile il avait conduit il se noyait dans l'espace, il devenait vert ou blond lorsque c'était la moisson.
Chemin que de choses contiennent ces deux syllabes. J'entends encore mon père me parler de droit chemin.
Le chemin n'est pas toujours rectiligne Que d'embûches rencontrées il en a fallu en faire des contournements.
Pourquoi faut-il que je revois là le tableau de Rembrandt : l'enfant prodigue le père attendant sur le chemin le fils, les mains sur les épaules symbolisant qu'il était bien sur le droit chemin.
Peut-être que moi aussi j'ai pris aujourd'hui le droit chemin, je suis avec vous et j'ai pu me livrer.
Lorsque j'étais enfant, et que je dessinais une maison, je faisais toujours une porte d'où s'échappait un chemin ou allait-il ce chemin, il était tortueux et se perdait au fond de la page.
L'autre jour, ma petite fille me l'a rappelé en produisant le même graphisme.
Au risque encore une fois d'abattre les masques, il ne me vient pas une phrase d'un écrivain célèbre mais ce cantique ancré au plus profond de ma mémoire :
"Sur les chemins de la vie sois ma lumière Seigneur" et là je revois la soeur Reine Marie jouant de l'harmonium essayant de nous apprendre ce chant où nous nous amusions à faire des mauvaises notes et surtout des pitreries derrière son dos.
Le chemin on l'aborde doucement on le savoure s'il nous conduit vers la maison aimée il faut le mériter tout chemin n'est pas bonà prendre attention aux cailloux. Pourquoi pas soulever une pierre et là quelle récompense une fourmilière j'aimais enfant regarder ces insectes et tous les chemins qu'ils avaient faits c'était une micro société, moi j'aimais car tous les chemins étaient reliés.
Chemin, il a fallu qu'à 20 ans je croise un cheminot, depuis 45 ans nous cheminons ensemble c'est un très long chemin, un ruban sans fin je n'ai pas envie qu'on le rembobine, et lorsqu'on rencontrera un stop, je crois que le cheminot et moi nous aurons du chagrin, même si quelquefois on s'est embourbé, si nous sommes tombés s'il y a eu des bosses et des ecchymoses puisse la vie nous donner encore beaucoup de temps avant d'arriver ensemble au terme.

3 commentaires:

béatrice a dit…

....et la brise nous apporta enfin Jeannine...
chemine, chemine petite jeannine, fais défiler la bobine...

Marie, Pierre a dit…

le saint-esprit de la brise, c'est toi. merci grande dame.

Ange-gabrielle a dit…

Oui puisse la vie te donner encore beaucoup de ces émotions vraies exprimées avec ces mots si simples