mercredi 20 janvier 2010

pli à 2 voix

consigne :
la lettre,
un échange de lettres,
la correspondance,
l’épistolier est isolé ;
en écoutant la comédienne dire des lettres de rosalu,
me voici soudain toute creuse,
vide d’idées,
la peur de caler,
de «sécher»,
appréhension d’école ?
maripi vient à mon secours ;
si l’on jouait aux «cadavres exquis» ?
nous écrirons ensemble la lettre,
à deux voix,
imaginerons un personnage fictif,
au féminin,
ni elle, ni moi,
une autre,
dessinerons la situation,
une façon d’être seule,
isolée ;
l’auteure de la lettre sera bloquée par la neige,
un peu démunie, sans doute,
mais pas perdue dans la tourmente,
puisqu’elle a la possibilité d’écrire,
dans son abri,
coupée du monde ;
je n’ose pas attaquer,
je n’ai jamais pratiqué l’exquis cadavre,
je préfère que ce soit maripi ;
je l’écoute écrire,
réfléchis,
me demande,
où est la maison ?...
quand déjà elle me tend le papier en accordéon,
un fragment de phrase sort du pli,
le mot SURVIE,
le lieu refuge est en auvergne,
vers le col de la croix robert ;
je revois le désert de neige,
dans lequel j’ai marché,
silence,
immensité glacée,
infiniment blanc,
de l’espace pour les pensées,
qui s’envolent,
virevoltent,
sans limites,
tourbillonnent,
flocons,
petits papillons transparents,
j’écris sur le blanc...
maripi reprend la main,
j’ai oublié quels mots je lui lègue,
elle écrit,
écrit,
cinq minutes,
dix minutes,
je ne sais pas,
et m’offre un nouveau bout de texte,
EXIL,
j’embarque dans des sensations apaisantes,
vers la montagne,
où l’alpiniste collé à la paroi,
tout contre le vide,
lutte avec le grand sommeil,
la mort douce...
maripi a écrit,
«que retrouvera-t-on de moi à la fonte des neiges ?»
je ris,
et enchaîne,
«si l’on me retrouve congelée j’aimerais être belle...»
en kimono,
un kimono de neige...
me voilà redevenue moi, lalali,
tandis que mon personnage s’éloigne dans les brumes ;
la lettre m’a capturée,
retounée,
vers moi ;


lalali écrit la lettre avec maripi.

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