vendredi 14 décembre 2012

ateliers










J’ai grandi trop vite, bientôt mes os ont failli
Dans le pays
La terre s’est effritée, les lacs asséchés
Les hommes égarèrent la mémoire des Anciens
Leurs paroles se  perdirent dans les brumes brûlantes
Les enfants ne naissaient plus
Alors les âmes. Errantes, sans répit
Les corps affamés grossirent comme des balles
Le temps se tassait. Les maisons se désagrégeaient
La mine fermée, les hommes s’exilèrent
Seule l’haleine des aboiements
Seule la ténacité de la glaise
Seuls des chacals fourvoyés    
Et toi, ça t’est arrivé comment ?

Quand je partis du village mon souffle fondit, sans larmes
Dans la plaine
Je n’arrivais plus à respirer, à transpirer
Je devenais comme nos lacs. Ma peau, lézardée
Je pris des bus, des trains, fut jeté à terre
Je mangeais la poussière, buvais la rosée
Parfois des villageoises me donnaient du pain au maïs
Bientôt je ne ressentis ni la brûlure ni la glace
Mes pieds se figèrent, ne sachant où se diriger
Il n’y avait aucune route, j’avançais vers le mirage perçu au loin
Je perdis peu à peu la mémoire de Vous
Seule l’odeur d’une ville suffocante
Seul j’entrais dans le brouillard des ateliers d'usine   








1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Quel texte émouvant, et sans avoir vu "l'objet" qui plus est. Bravo