mercredi 4 novembre 2015

La lumière dans le couloir #1

Dans le couloir
Des placards
Non !! pas eux !
avec des monstres dedans
La lumière, pas assez
Verdâtre
une porte de chaque couleur
barbe bleue, ventre jaune et chien rouge des placards à laine
penderie de deuil
des restes de fleurs depuis toujours fanées, sur les autres pans de murs
dans le couloir
on y passe
dans le corridor, on y dort
un va et vient
pour faire aller et faire partir
la lumière reste
obligatoire
suspendue sans abat-jour -sinon, qu'en resterait-il ?-
glauque et si peu rayonnante
glauque étant d'une nuance vert bleu, yeux ternis
Comment bien débuter dans la vie
lorsqu'il s'agit d'emprunter un passage aussi opaque ?
il mène aussi à la sortie
ça sent l'antimite, le parapluie mouillé, la vieille pantoufle
la lumière ne sent rien, à peine le tiède d'une tristesse lente, d'un dénuement de fil nu,
l'impossibilité de faire plus.
Au milieu du couloir (1.50 l x 2.5m L), la possibilité d'une lumière du jour, vite éteinte par le verre dépoli de la porte, fut-elle à 2 battants.
Dans le placard Barbe Bleue, la photo sépia, toujours elle, avec ses pierres. Et les gravures des massacres qui font clignoter le bas-ventre.
Parfois l'ampoule grille. Le couloir à certaines heures est noir.
Ce n'est pas un lieu de recueillement. Il n'y a rien à aménager. C'est une ruelles dans l'appartement.
A une extrémité, la porte d'entrée et donc de sortie ; à l'autre, la porte d'une chambre, je n'ose dire la mienne, ce ne fut pas toujours le cas. On l'appelle "la chambre du balcon". Le balcon, on peut l'enjamber, faire le mur, aller vers d'autres lumières dans la nuit. Retrouver Roméo
Puis revenir dans le vif du sujet, par les escaliers.
C'est donc un petit couloir dont on n'a pas su tirer partie.
ça venait sans doute de la lumière, mal choisie
vers la fin du couloir et de ma vie dans cet appartement
j'avais mis un 100 watts.
ça crachait mais ça ne disait rien de plus.
aucun espoir de faire de ce non lieu autre chose qu'une fonction couloir.
stagnation, déambulation, cris et chuchotements enfermés dans le noir
Et la lumière du couloir qui au lieu de faire espoir ne révèle que l'à peine ombre.

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

On a tous, je crois -en tout cas moi- un de ces non-lieu, une de ces ruelles, enfoui quelque part, dont on n'est même pas conscient tellement on ne les a jamais habités, seulement traversés plein d'angoisse, d'indifférence, de lassitude et qui eux, par contre nous habitent bel et bien. J'aime beaucoup ce texte