mercredi 18 novembre 2015

LA LUMIERE DANS LE COULOIR....

                                                                                                                                                                                 Des points, des points qu'on voudrait lumineux, des points de suspension,d'interrogation, des virgules transparentes saccagent le couloir de leur monotonie monochrome.
      Des éclairs noctiluques, blafards et imprécis laissent entrevoir l'encoignure d'une porte, la peinture écaillée de la plinthe qui court le long du mur, les contours déformés d'une poubelle éructant des seringues et vomissant des larmes de désinfectant. Une ombre glisse dans ce clair-obscur nauséeux puis disparaît à l'angle du boyau verdâtre percutée par le noir et les tubes lumineux intermittents. Les mâchoires de la nuit mastiquent bassement sur ses pas, à Elle ou à Lui, dans le contre-jour malade où la question du genre n'a pas été invitée.
      Un chariot est échoué là, par hasard, jeté contre le mur douteux, un peu comme un voilier après une avarie. Un peu plus loin gémit un lit. Sous le drap, tache huileuse, s'agite un spectre lent aux gestes déjà morts.
      La radiométrie de cette lumière froide et fausse, donne le diagnostic d'une maladie prolongée qui l'oppose à la vie.
      Conjonction de sources malfaisantes, propagation de virus ennemis, révolution des organes internes, déclin des esprits éclairés, noeud gordien.
   Et le couloir clignote, sans soins prodigués, quelquefois agonise, réfractaire aux signaux clairvoyants du bon sens. Pas la moindre échappée prometteuse. 
      De points-virgules en points-virgules, les aubes tristes se succèdent, les aurores sales se rejoignent en palabres désabusées.  Mis en suspension les lits souffreteux; entre guillemets les lits condamnés; points de conjonctions,points de convusions, points de commotions.
   Maladie cérébrale. Encéphalogramme plat mais ni sombrer, ni se noyer dans l'obscurité. Injecter des vers luisants aux frontispices des hôpitaux, que les bals des lucioles commencent, qu'enfin "danse la lumière dans le couloir". 

1 commentaire:

lin a dit…

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