lundi 2 novembre 2015



La lumière dans le couloir s'est éteinte alors que je n'avais parcouru qu'un tiers du chemin entre les deux extrémités où se trouvaient les interrupteurs. Maugréant en silence, je tâtonnais le long du mur en revenant sur mes pas, essayant de me remémorer l'emplacement des obstacles, caisses, bouts de ferraille, dangereusement en équilibre, que j'avais contourné machinalement à l'aller. Me cognant la tête contre ce qui me parut être une tuyauterie brulante, je jurais à mi-voix, pourtant personne ne risquait apparemment de m'entendre, le type que j'avais suivi jusqu'ici avait dû prendre du champ et disparaître au coin de la prochaine rue depuis belle lurette. J'en étais là de mes cogitations silencieuses, lorsque je me pris les pieds dans je ne sais quoi et m'étalais de tout mon long dans ce qui me semblât une terre huileuse et grasse comme on en trouve autour des garages et dans les casses de voiture. C'est alors que j'entendis, à l'autre bout du couloir, grincer la porte de la rue et retentir le clac-clac lent d'une kalachnikov. Un bruit assourdissant, ponctué par le claquement des balles lorsqu'elles passent tout près, des bouts de bois sans doute, qui giclent de la porte sous les impacts et viennent picoter mes mains qu'instinctivement j'ai mis sur ma tête, comme un fragile rempart, puis plus rien, une porte qui bat, le silence où flotte une odeur de poudre.

1 commentaire:

Ange-gabrielle a dit…

Quel beau début de polar tu tiens là ... Connais-tu Christian Chavassieux ? A lire sans aucun doute