mardi 27 février 2018

Les Morts nous parlent # 2.

     L'abbé Delaigue.
     Moi, abbé Delaigue, bien calé sur mon coussin qui n'est plus tout blanc, dans mon cercueil qui n'est plus tout entier je cauchemarde en repensant à ces années où je devais dispenser des leçons de patois à des lycéens qui souvent n'en avaient rien à faire juste à grappiller quelques points pour l'obtention de leur baccalauréat. Si, il y en avait bien une, une petite blonde qui ne faisait pas de bruit, qui écoutait (ou qui faisait semblant allez savoir!) qui disait qu'on le parlait encore à la maison entre son oncle et sa belle-mère. Elle aimait lire les textes que je  leur proposais (ou était-ce parce qu'ils étaient grivois, allez savoir!), elle répondait aux questions, en patois, engageait la conversation, conjuguait (bon la bonne prononciation n'y était pas toujours!). Mais elle était là, imperturbable devant les balles de ping-pong qui pleuvaient certains jeudis ou les parapluies qui s'ouvraient au fond de la classe les jeudis de pluie.
     Et moi, l'abbé Delaigue pourvu que puisse plonger le nez dans mes parlers anciens, occitans ou autres dialectes; que je puisse fouiller dans les archives de la Haute-Loire à la recherche de textes, d'auteurs, je suis heureux et leur inintérêt me laisse de marbre. D'ailleurs aujourd'hui je veux leur faire connaître une poésie patoise imaginée et écrite par un autre abbé, l'abbé Jean-François Meiller originaire de Montregard (1811-1859); c'est l'histoire de "Faillibert": Philibert (la petite blonde me dit que oui elle la connaît, son oncle la racontait à la veillée ou à la fin des repas de famille quand il avait un petit coup dans le nez). Faillibert quitte son village natal pour aller au pays du "tsarbou"pour y trouver travail et meilleur salaire; mais après maintes péripéties et beaucoup de déconvenues, il ne retrouve le bonheur qu'en rentrant au pays.
                                       "A LA MARRO!! A LA MARRO!!"
"Mayre, acouey deycido, faou plus de paillossou.
-Et perque n'en fas plus, a briso toun pounçou?
-Persoque de l'hiver toumban la moutsas blantsas,
Persoque vôtre bouan me fay couyere les antsas,
Persoque sarraçou , trifolas et leytas,
Soupo de tséous cabus, qu'ey si mal apreytas,
Votre ayguobillo...tout me catso la foutano,
Me bôto lou souleaoux...
You vole anas granas dguins un pays plus tsaou
Laysse lou frey, la neou, par le feo de la grillo,
Et l'ayguodès lo foun per le dzus de lo trillo.
Abas le sarraçou, trifolas et leytas,

Et vivo le fricot quan ey bian apreytas!
Mayre, ay de bras de fer, vole anas à la marro!
- Que dguisis pouillissou ? Que faro briso barro
Eou tou quinze ans?    [........]
Quand tournaras, petqui, tout aco ,sero mort  [....]
M'aréte moun ami, t'ay parlo prou longtemps
Pren gardo de pas dguire , en tournant: "paouro mayre
Notris vieux an rasou" "

*Et ce n'est qu'un extrait, l'histoire s'étend sur neuf pages. Et bien, pour jeudi vous me traduirez cet extrait sachant qu'il ne faut pas s'attacher littéralement à chaque mot et puis vous réfléchirez à ce que peut vouloir signifier cette histoire. Vous aurez un oral de trois minutes en patois pour donner votre point de vue.
     Bonne semaine.






2 commentaires:

Laura-Solange a dit…

Bravo pour le patois: ya du sarrasson , des patates et le fricot! Traduction détaillée ce soir!

Lin a dit…

génial !!