samedi 18 décembre 2010

Vision de loin, vision de près ... suite



A peine les 7ème et 8°ème photos sont-elles apparues sur mon écran, qu'aussitôt me voilà dans un double temps où le passé empiète sur le présent. Légère hésitation pour savoir où je suis, où j'en suis …

Cette bulle à transformations multiples me transporte dans des espaces qui sont tout autres que ce qui était supposé apparaître : je tourne la tête et … ou tout est oublié ou tout a disparu, qu'en sais-je …

Devant mes yeux une orchidée albâtre veinée de rose, à l'intérieur un minuscule masque comme en peignait Ensor - encadré de deux grosses moustaches à la Dali, fuchsia les moustaches - entouré de deux petites ailes palpitantes, transparentes, fragiles, prêtes à faire prendre son essor à la fleur entière aux cinq pétales veinées. Bien qu'attachée à une branche épaisse, elle est bien entrain de prendre son envol … franchit le lourd rideau de théâtre sur le point d'être tiré. Je heurte sans m'en rendre compte les battants sombres de la fenêtre fermée, ce qui la fait s'ouvrir, alors que j'aurais pu chercher en vain pendant mille ans en le voulant, l'ouverture. La scène entière bascule, saut dans un autre univers, changement de plan, bousculade, les immeubles s'envolent, se disloquent en petits pointillés et s'alignent bien sagement rangés en ligne parallèles, tels des sardines dans une boîte, chaque fenêtre est un petit oeil brillant, ce qui était blanc devient sombre, l'orangé a pris la place du rose. Le rideau a joué son rôle : séparer les univers.


Fragment, éclat, brisure, diffraction, éclatement, fulgurance, déchirure, prisme, dépliement, mosaïque, puzzle, défiguration, permutation, lambeau, haillon, bribe, loque, rupture, fulguration, métamorphose, condensation, révélation...


Mon stylo-poisson, mince, froid, brillant se faufile sous mes paupières, je soulève délicatement cette paupière boursouflée, la retourne. Surprise par sa couleur orangée je fais vite, me saisis du stylo et le brandis comme une arme contre ma feuille de papier qui n'a qu'à bien se tenir, j'ignore si le poisson va lui écrire dessus ou la trouer à petits coups, car à chaque fois que j'essaie de prévoir quelque chose, c'est autre chose qui advient. Cet univers m'échappe, je ne contrôle plus rien depuis que je suis dans l'espace de cette histoire, ce ne peut être la mienne, je n'y vois que le chemin sinueux et sans cesse à la dérive d'une vie que je ne reconnais pas.


Le stylo à écailles se contente de se faufiler et de me filer habilement d'entre les doigts pour se réfugier dans les pétales de l'orchidée, se cacher dans les replis du masque qui n'était là que pour ça, je ne le comprends que maintenant, en fait le tout immense se cache dans le coeur minuscule, tout était contenu depuis le début dans le moindre petit repli et il y a longtemps que je ne suis plus dans la boule ...



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