jeudi 18 novembre 2010

départ suite

Assailli de toute part,tantôt effleuré,tantôt déchiré,il ferma les yeux sous la violence des attaques,puis submergé par cette sombre multitude piaillante et agressive,il sentit monter en lui une immense fatigue. Derrière ses paupières meurtries,l'image de l'enfant endormi s'auréolait maintenant d'une mousse duveteuse aux reflets sépias,image aux contours déjà flous,fuyant sans cesse les efforts désespérés qu'il faisait pour la maintenir en lui. Un coup de bec plus violent que les autres lui arracha une plainte sourde qui loin d'effrayer les oiseaux,les excita encore d'avantage. Des blessures de son crâne lacéré,le sang ruisselait jusqu'à la commissure des lèvres;il en goûta l'étrange fadeur,ce fut sa dernière sensation avant de sombrer. Les oiseaux s'acharnèrent encore un moment, emportant dans leurs griffes terreuses, des lambeaux de vêtements mêlés aux mèches de cheveux sanguinolentes aussitôt dispersées par les assauts du vent,puis lassés de ce combat inégal, ils abandonnèrent ce jeu devenu ennuyeux et un lourd silence envahit le sous-bois. Quelques flocons commencèrent à se poser sur lui,disparaissant au seul contact de son corps encore bouillant de la violence de l'attaque. Puis la neige se mit à tomber en abondance;en quelques minutes,il fut recouvert d'une pellicule glacée qui lui paralysait les membres . Ses efforts pour se relever se heurtaient à cette blanche camisole enveloppante. Il cessa de lutter. La couche s'épaississait:on ne voyait plus qu'une sorte de monticule allongé,d'où émergeait le vieux fusil maintenant inutile. Pour ne pas sombrer de nouveau, il s'accrocha désespérément à l' image d'Emma abandonnée dans la chaleur des draps mais cette vision appartenait désormais à un autre monde. Il aurait tant aimé se noyer dans la masse de ses cheveux roux,couvrir ses blessures de leurs douces caresses et se blottir dans les méandres de ce corps si familier perdu à tout jamais.

4 commentaires:

Marie, Pierre a dit…

Et nous saluons l'arrivée réussie de notre ami l'île Grec, parfaitement masculin,qui arrive dans les libellés avec à présent un score de 4, juste derrière Chevillard (5), qui n'a rien écrit dans notre blog depuis fort longtemps, tss, tss. Nous pourrions si nous en avions les moyens lui ajouter un bonus de 50, mais nos faibles moyens ne nous le permettent pas, Nous lui souhaitons donc la plume alerte pour atteindre le classement alphabétique qu'il mérite ! Olé ! comme on dit en Grèce.

Lìn a dit…

Il ne faudrait pas faire mourir trop vite le "il" "à la Emma" de plus sous la neige, il y a encore des vies devant lui, ah la la quel suspens, que va-t-il arriver aux prochaines photos ?

Ange-gabrielle a dit…

Moi, j'entends "gosse d'amour" mais je ne suis jamais allée en Grèce et ne l'ai pas étudié, j'suis qu'une pauvre latiniste.
J'aime ce pseudo ... et les textes aussi

Linette a dit…

La violence du moment est presque rendue feutrée par "la blanche camisole enveloppante". Non, il ne faut pas qu'il meure, les cheveux sont si soyeux!...et "les méandres du corps" se perdent aussi dans la neige.