mercredi 30 novembre 2011

Itinéraire en vrac


C'est de là que tout part, c'est de là que tout est parti, et moi avec. J'habite quelque part dans ces plis, peut être ma cahute est-elle quelque part vers ces grumeaux. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là, mais le fait est que c'est un quartier chaud bouillant - même s'il n'est plus ce qu'il a été - et que forcément ça a un peu fondu.  Toutefois, ce plissement alpin du haut quaternaire ne cesse de m'interroger. Certes Sainté est une ville aux 7 collines, mais là, c'est carrément crevasses, gouffres, vallées et cols, crêtes et météorites. Je pars donc à la conquête de cet Everest, de tous ces Himalaya, sans bien sûr négliger les chemins de traverse si chers à la poésie contemporaine et je vous ferai un reportage grandeur nature de ce que j'aurai glané (déjà un poivron et une boîte d'allumettes). Il se peut que du Beaulieu, je glisse vers le Montplaisir, après avoir courcircuité le Montchauve et boudé la Marandinière ; on verra bien.

Un trajet entre Cotonne et Bellevue 1°Partie

Aller : De la rue J d'Arc à Dombasle



L'itinéraire que j'ai choisi commence rue J d'Arc et conduit à la gare de Bellevue « par les derrières » comme on dit à Sainté.

Excentré, côté sud de la ville, il m'apparaît maintenant évident que je n'aurais pas pu retenir un itinéraire central, avec magasins, néons, piétons faisant du lèche-vitrines ou courant à un rendez-vous.  Le mien ne pouvait être qu' en marge, zone anonyme, sauvage, larguée en périphérie, échappant à l'ordre de la ville policée, envahi de « mauvaises » herbes insolites, et surtout ne relevant pas de la promenade dominicale.



Je traverse le Bd R Duval, et là en face une montée assez raide. A ma droite un panneau jaune : Rue C. Darwin 1809-1882, naturaliste et biologiste. Je laisse sur ma droite la rue Marc Bloch (lui, on ne sait pas qui il est). Sur ma gauche, à portée de bras tendu, la voie ferrée Saint-Etienne-Le Puy. Je monte encore, à droite quelques immeubles bas, grisâtres puis beaucoup de végétation, encore verte pour cette fin octobre, et passe devant « ma » vieille maison délabrée entourée de son incroyable jardinet. Et là, surprise, pour la première fois, un homme en bleu de travail, accompagné de son chat roux, désherbe. Je repère l'adresse : n° 8, une maison toujours fermée, au jardin entretenu en toutes saisons, depuis toutes ces années où nous empruntons cet itinéraire pour nous rendre à pied, à la chasse aux photos des tags sans cesse renouvelés, derrière la gare de Bellevue. Je me suis toujours demandée qui jardinait puisque la maison est manifestement inhabitée et sans doute inhabitable, on y entend le passé clapoter.

Cet homme me révèle que la maison n'est qu'une façade, un décor de théâtre, tout est écroulé à l'arrière. L'ordonnancement du jardin contraste avec les vieux murs : buis taillés, allées rectilignes, harmonieuses et symétriques. Il me dit « c'est beaucoup de travail » et reprend son humble position penchée vers la terre, il ne m'en dira pas plus.



Je continue et aperçois la porte de service du n° 10, rouillée, attaquée du bas par le lierre, elle n'a sans doute plus été ouverte depuis belle lurette, je continue et passe devant le portail du n°10, grand ouvert, immense allée conduisant en une belle courbe arrondie à la porte d'une imposante demeure entourée d'un parc aux arbres gigantesques « La grande Beausseigne », c'est son nom.

La rue présente maintenant un replat. Le parc s'étale sur tout le coin de la rue qui effectue un coude sur la droite et là, trois possibilités s'offrent au promeneur : monter à droite sur le plateau et se rendre aux « Résidences Dombasle » ou à la piscine P. Poty puis sur la Place Bobby Sands à La Cotonne ou, prendre sur la gauche en empruntant des escaliers, traverser le pont métallique qui surplombe la voie ferrée, continuer les escaliers jusqu'à la rue Jean Allemane en contre-bas. Pour l'aller, mon choix se portera sur le troisième : un petit chemin de terre dans la verdure qui suit la voie ferrée et dont, d'ici, je ne perçois pas le trajet, caché par un coude orienté vers la droite. Pendant 6 à 7 secondes un TER ébranle le pont, suivi peu après de ses trois sifflements avant qu'il ne s'engage sous le tunnel.

Il est 15h30. Soleil d'automne. 11 degrés. Le froid saisit déjà mains et oreilles. Les verts dominent encore, mais ça et là apparaissent les rouges vifs des vignes vierges, les jaunes claironnants et les orangés des hêtres. Des poires vertes s'offrent comme des présents, en avance sur Noël, sur un poirier qui a déjà perdu la plupart de ses feuilles. Les jardins d'automne m'ont toujours chavirée, avec leur allure désuète ; ils ressemblent aux vieux, fragiles, déjà marqués par les premières gelées et les brouillards matinaux, à l'affût du moindre rayon de soleil pour paraître aussitôt vingt ans de moins et emmagasiner encore un peu de chaleur pour l'hiver.


jeudi 24 novembre 2011

SITE PARTICIPATIF PHOTOS ST ETIENNE

cliquer sur le titre du message ou sur le lien ci-dessous

pour celles et ceux qui souhaitent ajouter des photos à ce blog participatif, ou juste jeter un oeil.

http://www.saint-etienne-photos.com/categorie-10321002.html

mardi 22 novembre 2011

itinéraire bis (et flou)

 camping sauvage dans la descente
 ronds de jambes de jean

 arbre frissonnant de joie

 moutons en transhumance


et les pompons sur le gâteau

itinéraire temps



19h30

point rencontre

bleu

19h32

belle allure

charme postal

chemin toutes directions

grand choix de sex-toys

au fond de la cour

espace

19h33

nuit nuit

et jour

me rappellerais toujours

d’une aire de jeux

des combattants

19h37

contre la reine noire

le jour rouge

orange

à l’époque

19h39

lauriers

anémone

carmin

c’est pas possible

19h41

loulou

rêve ultime des voyageurs

les polissons

mal assis

ça fait mal

19h44

clous brillants

sous- doudoune noire

découverte

féminine

19h47

né de la mer

en vie








(mots trouvés, lus, entendus, enregistrés, sur mon parcours du 7 novembre)


lundi 21 novembre 2011

Une ville ici ou ailleurs

Qu’est-ce-que le patrimoine ? Guère autre chose qu’une lueur à l’horizon
On est avant tout de tel ou tel quartier

Du roulé de canard
Des pavés sauvés du béton
Un écureuil mal assis
Une vitrine de tortellinis
Une petite cour d’école maternelle
Un fronton tatoué de liberté, d’égalité et de fraternité.
Des sandwiches encore emballés mais jetés inexplicablement sur le chemin de traverse. Qui sont-ils ?


Difficile de remonter très loin
Côté Nord, rien n’est encore possible.
Les collines descendent toutes vers la mer
On a l’habitude de ces villes, de ces clichés blancs quoique poussiéreux, de ces villes qui toujours descendent, tentaculaires, superlatives, vers la mer.
Tout vous rabat vers la plage comme un vent furibar ; les funiculaires dévalent les pentes raides jusqu’à l’eau palpitante, la chaleur vous assigne quand ce n’est pas l’exotisme de "l’hiver à la mer" qui vous attire.
Parfois dévalant ainsi, la croupe d’une statue vous attise depuis la fenêtre d’un véhicule, vous sautez en marche. Mais les dégoulinures noires sur le visage de marbre, sous les aisselles de la belle ou  du beau, vous rappellent combien vous aussi vous transpirez. Et vous reprenez votre cavalcade.
Une halte sous les arbres d’un parc. Inattendu autant qu’espéré. Une halte. Des enfants jouent, des enfants gloussent, des femmes lisent en les surveillant du coin de l’œil ; des hommes jacassent en attendant que ce soit l'heure.
Toujours la rumeur rebondissante du trafic qui anéantit toute velléité de calme intérieur.
On reprend la descente, on aperçoit le port depuis si longtemps qu’on se demande s’il ne s’agit pas d’un mirage. On est heureux d’avoir choisi pour une fois les bonnes chaussures. Mais on ne sera vraiment heureux que lorsqu’on s’en sera vraiment débarrassé, que les pieds agripperont le sable ou glisseront sur le parapet lisse.
Soudain c’est l’explosion bleue, mais si familière avec le temps, si peu mythique. Le front de mer n’est plus aux hôtels de luxe, aux plages privées, aux milliardaires fumant cigare de 10 cm de diamètre. La mer d’aujourd’hui c’est la masse bruyante, éclaboussante, tourbillonnante. Mais c’est la mer, y a rien à faire, tout de tous temps m’a conduite jusqu’ici, vers ce centre plein, ce mystère, cette absence.

Première sortie Itinéraire MPB

ITINERAIRE

Lundi 25 octobre
424 pas au RETOUR
Pas pas comptés à l’aller

Climat : doux vent du sud
Feuilles qui tombent
Ça se couvre

Nombres d’arbres : environ beaucoup, mais pas une forêt quand même
Un cèdre
Un rouge
Un jaune
Un dégarni

Sur le dernier tronçon
Un sentier
Beaucoup de sacs plastique

Un poivron : l’un de ceux que la maman de H s’est fait voler dans son jardin  ?
 
Costume
Je suis habillée avec ma robe en laine à manches courtes
Grise avec petits motifs verts et blancs
            achetée à un vide grenier rue des martyrs,
Dessous une robe en coton lilas avec manches
Un collant marron à losanges
Mes chaussures multicolores, tendance bleue
Mon coupe-vent gris bouffant en bas
Une écharpe dorée
Pas de chapeau

But
Je vais à la poste
Cl m’a demandé de lui poster des DVD pour une sorte de concours à Grenoble

Sur le chemin un type avec un petit vélo à une roue muni d’un compteur
Il fait des mesures au bord d’un trou
Il y a plusieurs trous entourés de barrières
Une montagne de terre

Au retour
Petits enfants dans la cour
Centre social aéré ?




Photos :
Arbres
Homme à roulettes
Tas de terre
Poivron x
Enfants dans la cour d'une ancienne école transformée en ateliers d'arts plus ou moins plastiques
La collection de cheminées des immeubles barre bas x
L’Enise au fond, cachée derrière son rideau de peupliers qui ne peuvent pas plier x

matières de rêves

Maman crache des mots Sur le chemin, dans les herbes, près des bois elle menace courir à perdre haleine, avec joie elle a la maladie d’Alzheimer Une autre nuit avec un ami inconnu. Abricots salés Ananas. Ils veulent garder les enfants, plusieurs jours, elle ne veut pas Deux visages, le même jeune et puis celui d’aujourd’hui Elle se sent impuissante, pour elle, pour eux le visage jeune a davantage de cernes.

ils acceptent mais n’ont pas envie de partir avec l’oncle et la tante De l’eau, trop elle les abandonne au désir des autres, en pleurs. L’eau déborde sur des roches glissantes, sauter pour se sauver jusqu’à une grotte sèche, l’eau tout autour. Départ du feu. Il fait très chaud Maman ne bouge pas le matelas, les vêtements, un chien, s’enflamment.

En Inde, un grand ashram magasins de souvenirs Ils marchent Il a mal au genou, ils rient. retrouver des trésors cachés dans nos vies antérieures Où sont les enfants ? Courir encore main dans la main avec le garçon, il arrache une grande gousse de vanille fraîche.

Angoisse Passage aux caisses Voie de chemin de fer Une colonie de bambins apparaît. L’éducatrice du supermarché les ramène à leurs parents. Ville du nord de l’Europe aux allures italiennes gare lointaine, petites montagnes, vallées herbeuses c’est compliqué de trouver la gare routière, de comprendre les horaires rejoindre la station, vite, pieds nus les enfants et leur père sont sur la voie du bas, ils montent dans le dernier wagon maintenant elle a remis ses chaussures. leur train démarre. In extrémis, elle saute dans leur compartiment.

Un homme kangourou dans un magasin de bonbons Une grue : ils s’élancent tête première, rebondissent avec l’élastique. un chaton sauvage a pris le doigt. Un petit morceau de chair est arraché. Des fourmis, partout, comment s’en débarrasser ? Plateau repas : du pain, un yaourt De grands couloirs éclairés au néon Boules de glaires et de bouillie de riz, dans la bouche, régurgités. Répartition des prisonnières. Elle reste en recul avec une autre fille Ranger des étagères. Débarrasser les vieux habits Elles sont dirigées dans un ancien bâtiment sombre, sale, glauque le patron dit d’en garder quelques-uns : les gens aiment bien les vêtements « vintage » dans la cellule : une baignoire entre deux couches, deux garçons, trois filles elle se dit qu’elle devrait commander des habits neufs. elle pense qu’ils ne pourront pas se laver. Maman ne parle plus.


plusieurs rêves notés puis découpés et recousus, en italique un rêve en normal un autre, quand un point termine une phrase c'est que le rêve (en italique par exemple) est terminé et on continue (en italique tjs selon l'exemple) sur un autre.

mercredi 16 novembre 2011

la ville pas autre chose




19h30, terminus, pas autre chose, point de rencontre aux chevaux bleus, ni encore de lapins sous le pluie, la ville est un champignon, pas autre chose, une maison abandonnée, la ville, volets fermés, encore, j'ai mis mes collants à carreaux, guère autre chose, si, un tee-shirt visuel, une lueur, la belle allure, où sont brodés des clous brillants, sur les pavés pas autre chose, 3 sandwiches abandonnés dans leur emballage d'origine, "moi j'le mange comme ça", la ville est un adjectif une aire de jeu tourbillonnante gigantesque tentaculaire la ville









(composé à l'atelier avec : un poème de guillevic, les mots, les photos de mes comparses d’écriture, le glanage lexical sur mon itinéraire urbain )


Itinéraire mental



C'est un plan, extrait du Noyau Central de Saint-Etienne, sans arrondissement bien sûr, nous ne sommes qu'à Saint-Etienne. On y distingue nettement une croix formée par les deux rues essentielles de la cité et une tâche en haut à droite emplie de croix noires dans un espace blanc symbolisant le cimetière, et si l'on regarde attentivement, on aperçoit une dizaine de fois ce même symbole pour noter les églises et chapelles. Tout au nord, la ligne de chemin de fer trace la forme d'un serpent boa, ou d'un chapeau selon le regard d'enfant ou d'adulte que l'on pose sur les choses... Les sens de circulation indiqués par des flèches bleues n'ont aucun sens aujourd'hui : tout automobiliste de cette ville le sait, il faut toujours observer les panneaux avant d'emprunter une rue, sous peine de mauvaise surprise ! Quelques aplats rouges spécifient les bâtiments importants : se détache en priorité à mes yeux, le lycée Claude Fauriel ; mairie et préfecture semblent anodines.
Regardant alors avec mes yeux de myope, le plan se brouille et j'ai soudain l'impression de me trouver au cœur du théâtre de mémoire de Dubuffet, avec ses espaces cernés de noir , ses dessins de bonhommes elliptiques, cette sensation d'inachevé.

Mon itinéraire choisi est là, dans ce plein centre et, volontairement tracé sur un plan qui n'est pas d'aujourd'hui. Il m'est aisé de retrouver les rues et de rêver le trajet à parcourir, n'ayant jamais cessé d'arpenter les rues de cette ville. Ensuite il suffira de marcher sur les traces laissées, du 21 au 31 mais de deux rues éloignées par ce qu'on nomme le centre, et qui me semblaient appartenir à deux mondes. Aujourd'hui, elles sont compactées dans le même tiroir aux souvenirs.
La ligne brisée qui symbolise le trajet à réaliser, zigzague sans raison très nette, comme si l'on grimpait vers un autre espace. Croiser les trajets d'aujourd'hui et les chemins d'hier, en évitant de se cogner aux angles gris des murs. Déconstruire peut-être, pour mieux reconstruire.


mardi 15 novembre 2011

Tentative 4


Nuit noire.
11 minutes 30.
la brutale panne électrique comme menacée étouffe l’obscurité de l’éclairage public. Avec lui, les ordinateurs poissent, alarme, salle de cinéma, caisse enregistreuse dégurgitent. Sans lumière s'installent les bruits confus des Machines à café dominées par l’ombre de la Cathédrale.
Voix des chuchotis, des cris. Téléphone, corps en décomposition, tabac froid, Filaments de gouttes lourdes, aube blanche. Souillée et pullulante
Sans lumière, les odeurs s’élèvent.
Porte de magasin, ascenseur, recharge de batterie, distributeur de billets, chaudière, figés et en suspension. Souffres et charbons. Cétones et essences. Lascive, l’acidité du gaz s s'enlace aux vapeurs du crissement des roues. Bientôt elle se mêlera aux flocons de neige. Lueurs tourbillonnantes des feux arrière. Phares fugaces. Opacité des arbres alourdissant la ville. Depuis La place s'inquiète ou dégueule. Renouera-t-elle avec l’usage de la parole, de la colère ?
La soirée blafarde se vide peu à peu de sa moelle humaine car le crachin d’hiver commence à tomber lentement : chose non identifiable sur laquelle sont brodés des filaments. Peut-être bruits, odeurs disparaîtront-ils sous les décorations tentaculaires de Noël ?
Et, De guerre lasse.
En attente ou en abandon, à nouveau, la ville sera dévorée.
Un jour la marcheuse dira à ses petits-enfants combien le temps parut long, grisant, aux habitants de la cité, combien les gigantesques bras de l’asphalte les enivrèrent.

vendredi 11 novembre 2011

archéologie d'un texte

tentative 3:
Consignes, écrire à partir de : « pas autre chose encore, la ville, guère autre chose qu’une lueur, où sont brodés des adjectifs : tourbillonnante, gigantesque, tentaculaire ». + contrainte de rythme : 2 4 8 - 8-4-2 - 24816 - 16-8-4-8-4-2-2.
Nuit noire. Depuis 11 minutes 30. La brutale panne électrique étouffe l’éclairage public. Avec lui, les ordinateurs. Machine à café, alarme, salle de cinéma, caisse enregistreuse. Sans lumière s'installent les bruits confus des voix, des chuchotis, des cris. Porte de magasin, ascenseur, recharge de batterie, téléphone, distributeur de billets, chaudière, figés et en suspension. Sans lumière, les odeurs s’élèvent. Souffres et charbons. Cétones et essences. L’asphalte dégurgite, dégueule, poisse. Lassive, l’acidité du gaz s s'enlace aux vapeurs du tabac froid. Lueurs tourbillonnantes des feux arrière. Phares fugaces. Crissement des roues. Opacité des arbres alourdissant la ville. La place s'inquiète comme menacée ou dominée par l’ombre de la cathédrale. Un jour la marcheuse dira à ses petits-enfants combien le temps paru long, grisant aux habitants de la cité, combien les gigantesques bras de l’obscurité les enivrèrent.
La soirée blafarde se vide peu à peu de sa moelle humaine : corps en décomposition, en attente ou en abandon, chose non identifiable sur laquelle sont brodés des filaments. Filaments de gouttes lourdes car le crachin d’hiver commence à tomber lentement. Bientôt il se mêlera aux flocons de neige. L'aube blanche renouera-t-elle avec l’usage de la parole, de la colère? Peut-être bruits, odeurs disparaîtraient-ils couverts par les décorations tentaculaires de Noêl ? Et, à nouveau, la ville sera dévorer. De guerre lasse. Souillée et pullulante.
Tentative 2 déjà publié sous le nom "à corriger" : mêmes consignes + "jeux avec les temps" (merci à marie, Pierre pour sa lecture critique des temps confus...)
Nuit noire. Depuis 11 minutes 30. La brutale panne électrique avait étouffé l’éclairage public. Avec lui, les ordinateurs. Machine à café, alarmes, salle de cinéma, caisse enregistreuse. Sans lumière s'installaient les bruits confus des voix, des chuchotis, des cris. Porte de magasin, ascenseur, recharge de batterie, téléphones, distributeur de billets, chaudières, étaient figés comme en suspension. Sans lumière, les odeurs s’élèvent. Souffre et charbon. Cétone et essences. L’asphalte dégurgite, dégueule, poisse. L’acidité du gaz s’étire et s'enlace aux vapeurs du tabac froid. Lueurs tourbillonnantes des feux arrière. Phares fugaces. Crissement des roues. L’opacité des arbres alourdit la ville. La place devint inquiétante comme menacée par le poids de l’ombre de la cathédrale. Un jour la marcheuse dira à ses petits-enfants combien le temps paru long mais grisant aux habitants de la cité, combien les gigantesques bras de l’obscurité les enivrèrent.
La soirée blafarde se vide peu à peu de sa moelle humaine tel un corps en décomposition abandonné au hasard, devenu chose non identifiable sur laquelle sont brodés des filaments. Filaments de gouttes d’eau car le crachin d’hiver commençait à tomber lentement. Bientôt il se mêlerait aux flocons de neige. Peut-être l'aube reviendrait-elle, et avec elle l’usage de la parole, de la colère. Peut-être bruits, odeurs disparaîtraient sous les néons tentaculaires des lampadaires. La ville se laisserait de nouveau dévorer. Souillée et pullulante.
tentative 1 (non publié, ni mise en brouillon)
Nuit noire. Bientôt 11 minutes 30. La brutale panne électrique avait étouffé l’éclairage public. Lampe, ordinateur. Machine à café, alarmes, salle de cinéma, caisse enregistreuse. Sans lumière restaient les bruits sourds des voix chuchotantes, anxieuses. Porte de magasin, ascenseur, recharge de batterie, téléphones, distributeur de billets, les chaudières, plaques de cuisson électrique, four à micro-onde. Sans lumière, les odeurs s’élèvent. Souffre et charbon. Cétone et essences. L’asphalte dégurgite sa bile poisseuse. L’acidité du gaz s’étire dans les vapeurs acres du tabac froid. Lueurs tourbillonnantes des feux arrière. Phares fugaces. Crissement des roues. L’opacité des arbres alourdit la ville. La place devenait inquiétante comme menacée par le poids de l’ombre de la cathédrale. Un jour la marcheuse dira à ses petits-enfants combien le temps paru long aux habitants de la cité prisonnière de l’ombre gigantesque de l’obscurité inopportune. La soirée blafarde se vide peu à peu de sa moelle humaine tel un corps en décomposition abandonné au hasard, devenu chose non identifiable sur laquelle sont brodés des filaments. Filaments de gouttes d’eau car le crachin d’hiver commençait à tomber lentement. Bientôt il se fonderait dans les flocons de neige. Peut-être le jour reviendrait-il, et avec lui l’usage de la parole vulgaire. Peut-être des bruits réapparaitraient grâce aux néons tentaculaires des vitrines et des lampadaires. La ville se laisserait alors dévorer. Souillée et pullulante.
Plusieurs tentatives antérieures à 1 et issues de l'histoire du soir de l'atelier (rappel):
La chose avançait lentement à la lueur d'une bougie. l'éclairage public, en panne depuis trois semaines, ne protégeait plus son ombre. La chose n'était pas d'une nature inquiète - les adjectifs la décrivant le mieux étant la témérité et l'impudence. Elle sursauta pourtant au passage d'une voiture et fit un bond de côté quand celle-ci la klaxonna, retint même un cri. La nuit dissimulait la circulation tourbillonnante qu'elle devinait aux feux de croisement sur la rocade et qui projetaient des bras tentaculaires sur les arbres, les bâtiments, les quelques passants. Puis la ville se replongeait dans le noir gigantesque. La chose sentait, comme dans son sommeil, advenir des vagues de craintes brodées aux effluves de la rue, tels les souvenirs les plus acres de son passé. Pourtant, elle avait encore le choix. Elle prit un autre chemin.

mardi 8 novembre 2011

Le ciel soyeux s'est morfondu d'un glacis moribond
Les étoiles ont péri fidèles vergétures
il fait nuit
et les choses incertaines
aux contours maquillés
pleurent l'obscurité et le froid et l'ennui
les âmes errantes veillent
secouent leur catafalque
de poussière et de mort
Elles étreignent l'espace et font l'amour
avec leur solitude
Corps trépassés qui enlacent en valses incertaines
le vide
et frôlent l'impensable
Leurs cheveux de Méduse flottent
pâles
agrippés à la lune
Une odeur sournoise de soufre
et d'encens
s'échappe rugueuse
aux accents diaboliques
Les fouets claquent le cortège s'avance
le ciel se fend
Les corps ossuaires éternels s'enlacent
D'une infinie souffrance
ce soir.

lundi 7 novembre 2011

depuis quand ? Je ne me souviens pas

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Corps pense-bête, épaules engourdies, bas du dos contracté, tassé
Respire, craque.
Toujours soif.
Pourtant depuis longtemps les reins ne réclament plus
Ni ne ressentent la douleur nichée au creux du vagin.


Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Il m’est arrivé de voler, le corps figé sur le matelas.
Tomber dans la forêt, dans la rivière, dans une cheminée d’un temps ancien.
Voler au-dessus des toits de la grande ville.
Quand la spirale est venue la première fois.
Je n’ai pas lâché prise à dos plat, souffle coupé.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Petite, j’aimais les pommes au point d’y tomber dedans.
Corps agité, prisonnier d’un cerveau immature
Alors le père faisait le bouche à bouche, seul baiser jamais reçu
Alors elle avalait sa langue.
La petite vomissait en se réveillant, paupières lourdes, encore vivante.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Petite j’étais poète.
J’inventais des rêves, des pays, des amours, des fées, des licornes, des lacs.
Petite j’étais multiple.
J’existais dans d’autres lieux de l’univers, des moi préparaient ma vie d’ici, ici je leur créais des rêves, des pays, des amours, des fées, des licornes, des lacs.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Une fois je suis presque morte
Mes cellules ralentissaient peu à peu
Mon souffle s’affaissait progressivement
Et puis deux cris : « Mes petits ! » « Maman ! »
Sursaut sur le matelas, à plat dos, souffle coupé.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Mon corps a voulu maigrir, toujours plus et davantage
Alors il allait nager chaque jour
Alors 650 calories par jour
Alors la ménopause à 15 ans après l’avortement

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Quand j’ai vieilli prématurément, hors jeu amoureux
les médecins ont dit que ce n’était pas normal,
non pas d’être maigre mais de ne plus pouvoir être mère
Alors des médicaments, des saignements, des calories, des kilos infernaux

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Mon corps a presque toujours eu froid
Maintenant il ne sent plus
Ne salive pas.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Mon corps a mis au monde deux petits corps tendres en même temps
Après je n’ai plus rêvé
Inutiles combats du corps

Depuis quand ? Je ne me souviens pas
Mon corps aurait voulu être séduisant, il est simplement intelligent
On n’est pas amoureux de la mètis.

Depuis quand ? Je ne me souviens pas

mardi 1 novembre 2011

premier chemin

premier chemin à partir du petit film super 8 (technique de Marie, Pierre, grand merci à elle) en cliquant sur le titre, ou en copiant collant le lien qui fait arriver sur une page de flickr : http://www.flickr.com/x/t/0090009/gp/69259640@N05/97k14q

:

façades
orangées sous le lever du soleil
rayées par le contre-jour
reflétant l'ombre du fil électrique
en contre-champ automnal
illusions d'optique


Portes
d'église
en planches décaties
solitaires au fond de la cour
au coeur de la ville
s'ouvrant sur les poumons de la cité
mou pour animaux
Murs
gris de l'école
vitrés
supports aux photos, j'y reconnais des ami-es
du cinéma
où s'y agite une ballerine du Bolchoï
emmurée dans son corsage de tulle
vers qui s'élance-t-elle?

Macadam
brillant sous la lueur de la rosée
souillé sur le parvis d'une cathédrale
sous les pas des dames
de la place centrale
qu'espérèrent-elles?
Bancs
publics
veillant sur le tourniquet du mercredi
offerts aux amoureux du soir
là ce matin
attente du livre abandonné
quand viendra-t-il le lecteur opportun ?
en finir avec la balade
aller et retourner

façade
lever du soleil et contre jour
ombre électrique, contre champ
portes d'église
planches et fond de cour
coeur, poumons
ville
boucher
murs
école et vitres
ami-es

danseuse
corsage de tulle
Vers?
macadam et dames
répétant leur jeu d'échecs ?
souillures et cathédrale
bancs publics
tourniquet
amoureux du soir
lecteur opportun ?

aller et retourner