samedi 24 décembre 2011

(elle lui) au fond de la cour



au fond la cour

leurs poses

belle allure

lascives

me rappellerais toujours

(elle & lui)

chevaux bleus

évoquaient

(lui)

nuit nuit et jour

un couple

polissons au mal assis

après des ébats

toutes directions

amoureux

en vie

(elle)

la créature

écureuil

élégante

anémone

et diaphane

laurier

(lui)

rouge carmin

sensuelle

(elle)

comme pénétrée

le mange comme ça

par ses souvenirs

découverte

la petite statue

roulé de canard

fondante

rêve des voyageurs

du giacometti charnu

sous doudoune noir

entre 1983

le jour orange

et les histoires

de jeux

d’eau

(elle lui)

au fond de la cour





composé avec :

des mots glanés sur mon itinéraire du 7 novembre 2011

les mots de christian soleil dans «une auréole d’acier bleuté» promenade au coeur du patrimoine stéphanois (ed. édilivre)

(elle et lui)

friandise

"à la ruée, ruons
La ruelle est profonde et le lieu tout au fond"

Guy Goffette, La ruée vers Laure

jeudi 22 décembre 2011

Georg Baselitz - Sculpteur






Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris : 30-09-11 / 29-01-12


L'exposition propose une lecture rétrospective de la sculpture de Georg Baselitz. D'abord peintre et graveur, cet artiste allemand né en 1938 près de Dresde accorde une place croissante à cette pratique. La quasi-totalité de son oeuvre sculptée (plus de 40 pièces exécutées entre 1979 et 2010) montre le cheminement d'un artiste qui a contribué au renouvellement du langage de la sculpture contemporaine. Baselitz travaille le bois à la tronçonneuse et à la hache, une technique au caractère abrupt qui permet une radicalité particulière.
Erudit et collectionneur, il s'inspire de différents primitivismes (art tribal, art populaire, iconographie du réalisme socialiste obligé de la RDA ...) et de la tradition picturale occidentale.
Le gigantisme de ses sujets, les emblèmes insolites permettent à l'oeuvre d'échapper au pathos.

"Si nous sommes fascinés par les sculptures africaines, ce n'est pas parce que nous avons pris conscience de leur finalité, mais parce que nous sommes enthousiasmés par la solution esthétique, la forme comprimée qu'elles présentent."

(Il existe un "Beaux Arts" extrêmement bien fait sur Baselitz)



Devinettes de papillotes

Flanquées de chaque côté de l'escalier monumental de la grande entrée de l'Hôtel de Ville, deux immenses statues : si l'on est face à la mairie, à main gauche "La Métallurgie", à droite " La Passementerie".





















Devinettes :

1) Que signifie l'expression stéphanoise bien connue "Dormir sous l'homme de bronze" ?

2) Qu'est-ce que ce cylindre de section carrée sur lequel s'appuie "La Passementerie" ?

3) Près de ce cylindre la tête d'un personnage. Qui est-ce ?

4) Où se situe la statue bien particulière qui suit ? Et que représente-t-elle ?

 
Réponses dans un prochain commentaire (après les vôtres, bien sûr)


Cette "statue" me rappelle les "Raucher" en bois de mon enfance envoyés de RDA par Oma et Opa.
De petits hommes de bois creux appelés "fumeurs". A hauteur de fesses, ils se déboîtent, apparaît un petit socle sur lequel on dépose un cône d'encens, on réinstalle le corps et par la bouche, toute ronde, sortent de merveilleuses volutes de fumée parfumée. J'en suis toujours émerveillée.

mercredi 21 décembre 2011

sapin collectif

pluie sur mon itinéraire

19h 8mn et 3secondes, des sueurs froides glissent sur les deux statues charnues de la place Jean-Jaurès
des flocons de neige dessinent leurs silhouettes fondantes
cette nuit, ils quittent leur pose lascive et s'animent l'un vers l'autre frissonnants.
Pénétrée par cette eau d'hiver, je les observe, j'ai froid sur mon itinéraire
Retour de courses de Noêl
Moment sans histoire ouvert au monde des souvenirs
d'autres corps s'ébattent avec leurs paquets
Chantons sous la pluie
Danse sous la pluie, Pina
sauts, jets, glissades
sur le rocher noir et luisant
Pluie-confetti diaphane
Giacometti, il n'y a pas de place pour toi maintenant.
(cliquer sur le titre)

lundi 19 décembre 2011

Magie rare naît de rien

 


Une nappe blanche,
sur les assiettes des huitres vert-océan.
Couverte de buée
une bouteille de vin blanc.
Deux verres.
Une table presque vide.


Ils sont de retour
à nouveau face à face.
Une fête simple
pour un événement impensable.
C'est lui qui saisit la première huitre,
Une créature élégante et diaphane, sensuelle
comme pénétrée par ses souvenirs.


Il la regarde longuement,
puis contemple sa femme
qui déjà avale l'animal cilié
du Giacometti charnu.
Te souviens-tu, lui dit-il
lorsqu'entre 1983 et les histoires d'eau,
nous avons passé cette semaine à Arcachon ?
Déjà les coquilles vides s'entassent,
entremêlées, leurs pauses lascives
évoquaient un couple après des ébats amoureux.


Vin et paroles circulaient
Seul le temps était éternel.


En fin de repas
Elle n'était qu'une petite statue fondante.



"Bellevue/La Terrasse/Bellevue", un aller-retour de plus d'une heure pour un peu plus d'un Euro

"Bellevue/La Terrasse/Bellevue", un aller-retour de plus d'une heure pour un peu plus d'un Euro. La traversée de Saint-Etienne en tram, c'est un peu notre "Grand canal en vaporetto, mais en beaucoup moins sinueux qu'à Venise. Ce sont pourtant bien des architectes-urbanistes italiens, les Dalgabio qui, dès 1792, ont tracé le fameux damier fondateur de la plus grande ville industrielle de France, ville champignon à l'américaine dont la colonne vertébrale reste toujours cette Grand'rue rectiligne.
[...]
Le promeneur du coeur de ville, descendu du tram, se trouve maintenant au centre de ce damier, au creux de la vallée d'où il peut percevoir les hauteurs avoisinantes. A tout instant et dans quelque direction qu'il regarde, il a toujours au bout de la rue étroite, parallèle au cardo ou au decumanus locaux, la vue sur un morceau de colline verdoyante qui clôt le paysage urbain et lui offre la présence permanente d'une nature proche. Ici, ce sont les crassiers qui dominent le parc/musée de la mine, en face le Crët de Roch et son célèbre cimetière. Là, la colline des Beaux-Arts, celles de Montaud ou de Beaubrun, celle de Villeboeuf avec son Jardin des Plantes, ou encore celles de la Cotonne ou de Montferré. Encadrant la fameuse Grand'rue, au sud, la colline du Guizay avec sa vierge et son antenne, et au nord, le piton résidentiel de St Priest. Saint-Etienne est dans un écrin vert. [...]

Daniel Vallat-Fabre
à suivre...
Guide d'architecture Saint-Etienne Firminy

dimanche 18 décembre 2011

Exposition Walter Benjamin - Archives 12-10-11 / 5-02-12


Walter Benjamin (1892-1940), philosophe, écrivain et critique, a construit une oeuvre au sein de laquelle l'archive constitue tour à tour, l'objet, la méthode et la finalité. Son audacieux projet, qui mêle la pensée, l'histoire et la réflexion sur l'art, se ferme à toute classification.
Cette exposition montre Benjamin en collectionneur ; son travail y est appréhendé comme un édifice composé d'innombrables archives qui rassemblent des images, des textes, des signes à voir et à comprendre, mais aussi des expériences, des idées et des espoirs que l'auteur a consignés et analysés. Tel un archiviste, Benjamin a établi les bases du sauvetage du fonds qui allait lui survivre ; il a appliqué avec passion les techniques de l'archivage et elles ont marqué de leur empreinte le processus même de son écriture : systématiser, reproduire, classer avec des sigles, extraire et transférer


Du petit au tout petit / Micrographies

Benjamin avait une prédilection pour la forme miniature, pour ce qui est à première vue insignifiant et secondaire. C'est dans ce contexte que son écriture micrographique peut être appréhendée. Jusqu'aux alentours de l'année 1918, le geste graphique est encore ample, le penchant de Benjamin pour la micrographie se développant principalement dans les années vingt. Le tracé est la plupart du temps minutieux et fin, rarement négligé. Les lettres mesurent environ un à sept millimètres. On retrouve cette écriture minuscule, fort serrée, aussi bien dans ses textes que dans certaines lettres. A la densité spatiale de l'écrit répond l'économie de l'expression, un style précis, laconique. Les micrographies se dérobent à toute lecture rapide. Seule leur image scripturale, leur expression graphique s'offrent au premier regard, leur teneur se révélant seulement après un effort de déchiffrage.(C'est moi qui souligne)


Constellation
« Je sentais en marchant mes pensées se bousculer comme un kaléidoscope – à chaque pas une nouvelle constellation ; de vieux éléments disparaissent, d'autres se précipitent ; beaucoup de figures, si l'une d'entre elles persiste, elle s'appelle une phrase »
(sur Proust, « Journal parisien » 11 février 1930)

Collection / Collectionneur
« Le collectionneur se plaît à susciter un monde non seulement lointain et défunt mais en même temps meilleur ; un monde où l'homme est aussi peu pourvu à vrai dire de ce dont il a besoin que dans le monde réel, mais où les choses sont libérées de la servitude d'être utiles »
(Ecrits français, « Paris, capitale du XIX° siècle »)

Femmes
« J'ai connu dans ma vie trois femmes différentes, et trois hommes différents en moi. Ecrire l'histoire de ma vie, ce serait présenter la formation et la décadence de ces trois hommes, et les compromis entre eux »
(G. Scholem, Walter Benjamin, Histoire d'une amitié)

Ange de l'histoire
« Il y a un tableau de Klee dénommé Angelus Novus. On y voit un ange qui a l'air de s'éloigner de quelque chose à quoi son regard semble rester rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche est ouverte et ses ailes sont déployées. Tel devra être l'aspect que présent l'Ange de l'Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où à notre regard à nous semble s'échelonner une suite d'évènements, il n'y en a qu'un seul qui s'offre à ses regards à lui : une catastrophe sans modulation ni trêve, amoncelant les décombres et les projetant éternellement devant ses pieds »
(Ecrits français, « Sur le concept d'histoire »)

Paris
« ...Je pense à une après-midi à Paris à laquelle je dois des lueurs sur ma vie qui m'ont frappé comme l'éclair avec la violence d'une illumination. (…). Je me suis dit que Paris, où les murs et les quais, l'asphalte, les collections et les décombres, les grilles et les squares, les passages et les kiosques nous apprennent une langue si singulière, devait nécessairement être le lieu où, dans la solitude qui nous étreint, absorbés que nous sommes dans ce monde d'objets, nos relations avec les êtres atteignent la profondeur d'un sommeil où les attend l'image de rêve qui leur révèle leur vrai visage. »
(Ecrits autobiographiques, « Chronique berlinoise »)

La Seine
« … toute nouvelle collection de photographies intitulée Paris s'achève par l'image de la Seine. C'est elle le grand miroir toujours vivant de Paris. Chaque jour la ville jette dans ce fleuve les images de ses solides édifices et de ses rêves de nuages. Il accepte de bonne grâce les offrandes de ce sacrifice et, en signe de sa faveur, il les brise en mille morceaux. »
( Images de pensée, « Paris, la ville dans le miroir »)

Petit bossu
« Ma mère me le laissait deviner, sans le savoir. « Avec les compliments de Monsieur Maladroit » me disait-elle toujours lorsque j'avais cassé ou laissé tomber quelque chose. Et je comprends maintenant ce dont elle parlait. Elle parlait du Petit Bossu qui m'avait regardé. Celui que le Petit Bossu regarde ne fait pas attention. Ni à lui-même, ni même au Petit Bossu. Il se tient, effondré, devant un monceau de débris (…).
Le Petit Bossu était donc souvent là. Seulement je ne l'ai jamais vu. C'était toujours lui seul qui me regardait. Et plus son regard était perçant, et moins je me voyais moi-même. »
(Enfance berlinoise, « Le Petit Bossu »)

Proust
« J'admire sa manière stupéfiante (…), de retrouver l'usage probablement général des grands poètes qui tirent leurs métaphores de tout ce qui est proche et paraît futile, et de rendre comme mobile tout un ensemble enchevêtré de situations banales et rebattues au bénéfice d'une expression plus profonde, d'introduire dans les perceptions les plus labiles, en les coulant dans l'expression d'une image, une densité magnifique et percutante. »
(Correspondance – 28 décembre 1925, à H. von Hofmannsthal)

mercredi 14 décembre 2011

atelier 14

1983 ou plus tard, je ne sais plus - Ta venue dans ce chez moi de la Grand’rue, sombre appartement aux odeurs de chocolat - Tu as mis un baiser fondant sur ma bouche - Alors, petite statue de 20 ans aux joues charnues je l’ai serré ce corps si fin, presque, diaphane à la Giacometti - Je l’ai serré ébahie par le sentiment amoureux.
Nous nous sommes mis à glisser de ma rue à ta colline, sans luge - Lascifs, sensuels, enfantins - Durant combien de mois ? Je ne sais plus.
Nous avons voulu goûter aux eaux fortes de la Casamance fondante - trépignants nus sous les pluies soudaines et chaudes - Loin des neiges engloutissant notre ville dans l’étang du néant.
On est revenu - on ne s’est plus vu.
Silencieuse histoire de voies, de monts, d'impasses et de demi-tours, creusée par les marées de nos vies - J’ai évidemment changé de rue, dix fois - Tu es parti de la colline vers des monts joyeux remplis d'enfants.
Il y eu parfois des clairs de lune impromptus et festifs, des rencontres fortunes et pudiques, sans mot - Nous émergions l’un à l’autre comme deux élégants souvenirs - Ces lunes, grâce auxquelles on ne s’est jamais perdu de vue.
Je ne sais plus quand je suis venue sur ta nouvelle colline - Tu es descendu dans ma ville - Pour quelques nouveaux cheminements...

atelier d'écriture du 14 décembre

Nous poursuivons sur les itinéraires imaginaires, avec ces mots d'emprunt que nous filerons à la volée :
Leurs poses lascives évoquaient un couple après des ébats amoureux.
La créature élégante et diaphane, sensuelle, comme pénétrée par ses souvenirs.
La petite statue fondante.
Entre 1983 et les histoires d’eau
Du Giacometti charnu.

Avancer

Une colère qui suinte et s'écoule à tous les coins de rues, lorsque le pied forçant la marche bute, écrase ce que chacun vomit, crache ,éructe à la place des mots qu'il ne possède plus. On a beau chercher le bleu, on ne rencontre que des immeubles gris, des arbres esseulés, aux rameaux dépecés sur le trottoir sale, des feuilles d'automne que même les enfants - les écouteurs sertis dans ce qu'il reste d'oreilles - ne ramassent plus sur le chemin de l'école.
 Comme une cicatrice, un peloton de laine jaune trace soudain sur la place une ligne de désir qui serpente ainsi entre les crottes de chiens, les paquets de cigarettes froissés et les crachats du jour. Un fil qui suscite le regard, murmure que les couleurs existent, qu'elles sont là prêtes à reprendre de leur vivacité dans l'inculte d'un matin abandonné. Ayant trouvé le début de l'histoire, il suffirait de bien tenir le fil, ne pas perdre la couleur des mots qui se mettraient à chuchoter contre le sens du vent, et, dans ce tremblement de présence, marcher vers la fleur qui ne peut qu'être là, plantée entre deux pavés, étendard fragile des rêves oubliés. Et puis, devant une allée, qu'ici l'on nomme traboule, le voir ce petit bouton nacré, légèrement brillant qui nargue l'œil averti. Et réaliser alors que oui, c'est là, on a trouvé l'entrée: il suffit de pousser la porte entrebâillée et même les yeux fermés, on trouverait le chemin, on l'a emprunté tant de fois...Mais planté sur ce seuil , un quart de seconde de trop, on hésite comme toujours, on se penche pour cueillir ce qui brille et l'on  ramasse un vieil élastique trop grand qui claque entre les doigts et casse brutalement le songe.

mardi 13 décembre 2011

là, découverte


c’est l’homme qui l’a vu

le premier // au sol

là // découverte

contre terre // allongée

lumineuse

dans ce jour éteint // presque

parmi les brindilles

alanguie

mirage urbain

fluorescent

pour son herbier des villes

à elle // la femme


aimantés

l’homme et la femme se sont approchés

ensemble // penchés

doucement

pour ne pas l’effaroucher

elle plus vive

à cause de son incrédulité

ou de sa joie // peut-être


la femme l’a contemplée

un instant // court

étonnée de la trouver

là // l’a regardé

avant de s’incliner

délicatement

du bout des doigts

elle l’a cueillie

autre fleur // étrange

au bord de son chemin

en chantier





vendredi 9 décembre 2011

pourquoi la fleur...là, en pleine rue ?



pourquoi la fleur a-t-elle croisé ma route ?

le lys jaune ?

est-il vrai que fumer tue ?

l’iris mouchetée ?

qui l’a décapitée ?

le vent ?

la main ?

est-il vrai que fumer tue ?

comment ?

s’est-elle égarée sur ce trottoir ?

envolée ?

arrachée ?

tombée du balcon ?

de l’arbre sous lequel elle repose ?

est-il vrai que fumer tue ?

de quoi la laine jaune est-elle la fin ?

la chute ?

le pull ?

l’écharpe ?

le bonnet ?

pas la chaussette quand même ?

qui a jeté la pelote ?

la femme brune aux cheveux teints ?

est-il vrai que fumer tue ?

l’homme ?

mais l’homme tricote-t-il ?

qui tire le fil ?

pourquoi le fil est-il jaune ?

les perles poussent-elles sur le bitume ?

et les diamants ?

est-ce possible ?

les glaçons qui fondent ?

l’eau qui se dissout dans le goudron ?

comment ?

est-il vrai que fumer tue ?

là en pleine rue ?








mercredi 7 décembre 2011

à partir de vous, mais en torsion!


Combien de feux, follets, faux, espoirs
sur le chemin du début du monde, pieds nus, sans potiche,
fleurs non nées, pierres légères et transparentes, et pas d'odeurs, pas de nez
pas de beauté, ni d'horreurs, sans peine, sans puissante Geste
pas d'hommes dans aucun tunnel
pas de tunnel, pas de corps
pas de frisson
pas de complication

sans voiture, sans couleur, sans muret

sans mots
sans peine ni dédale
pas de maux donc ?
pas de mot pas d'écriture!
pas de feux, pas de faux, pas de follets, pas de feuillets
le satori quoi !

lundi 5 décembre 2011

dos

Dos (remis sur le blog, publié automne 2010)
Nous nous percevons, apprécions, rejetons de face, le recto domine le verso, ne dit-on pas « perdre la face »mais jamais "perdre le dos" ? Que nous dit le verso pour être aussi délaissé ? Comment percevons-nous cet autrui mis à nu côté pile ?

Scène : fond de plage, 30 mètres séparent le fond (vers un grand mur de pierre) de la mer, sur ces 30 mètres : 3-4 personnes au m2, c’est le matin.
1er dos : fin, maillot deux pièces, hauteur : 1m30, cheveux mi-longs arrivant jusqu’aux omoplates ; creux de la colonne vertébrale accentuant la verticale énergique et tranquille de l’enfant.
2ème dos : large et courbé, hanches relâchées et peau flasque faisant des petites vagues, bras descendant jusqu’au milieu des cuisses ; bermuda quelque peu flottant ; omoplates... plates ; tête en avant accentuant la courbure du haut du dos, cou avec un coup de soleil.
3ème dos : peau lisse et couleur homogène brune, os apparents et fins, omoplates creuses, cou court délimité par le carré des cheveux à mèches ; une culotte de bain, pas de graisse sur les hanches.
4ème dos : bourrelets divers sur les hanches accentués par la culotte verte, hanches larges, dos lourd sans creux mais vivant malgré l’absence de ligne directrice. Cou long terminant sur un chignon.
5ème dos : assise convexe soutenant une casquette beige, long cou rougi comme énervé. Epaules larges et musclées, deux creux verticaux sous les omoplates ; dos contradictoire, musclé en haut et relâché en bas, fougueux mais renonçant. Poils sous les bras qui dépassent.
6ème dos : d’abord contre le ventre d’une femme blanche, puis seul allant vers l’eau ; dos fier (à cause de la jolie blanche ?), bronzé, fin et musclé aux épaules, un fessier étroit souligné par une culotte noire, qui se balance dans sa marche comme celui d’une femme. C’est pourtant un dos dominateur qui semble crier son « coming out » qui reste à faire à la plage. En partant il me regardera d’un air interrogateur... l’intuition que j’écris sur lui ?
Retour au 5ème dos : il gueule sur ses deux petites filles qui souhaitent partir de la plage, il râle, s’énerve. Les petites sont contraintes d’aller dans la mer. Satisfait de leur abdication face au pouvoir paternel, il entoure sa femme d’un bras protecteur. Père de famille autoritaire, hurlant son besoin de tendresse Dos contrarié dans la vie.
7ème dos : de face : seins nus tombant, plis joufflus du ventre d’une jeune ménopausée, couleur brune pas tout à fait homogène : le haut a été protégé par le soutien gorge d’un maillot de bain. Je voudrais qu’elle se retourne et que je voie le dos, mais elle discute, s’exprime avec les mains, garde plusieurs minutes une cigarette non allumée à la main droite. Elle explique rieuse quelque chose au couple d’amis ou de parents qui l’accompagne. Bras fins, côtes apparentes. J’attends. L’animation de son propos la fait tourner légèrement sur la gauche, j’entraperçois un tatouage sur la hanche droite. Bas de maillot jaune. Elle ne se retourne toujours pas, j’attends, je lis, je jette un oeil discret de temps à autre. Enfin le miracle arrive, le ventre se couche, et pour ce faire, le dos se donne aisément à la vue et à la vie de la plage : dos rieur, fier, jeune et dynamique, plusieurs creux soulignant les liens des muscles et des ligaments, dos au doux babil, dos inépuisable et inépuisé par l’amour.
8ème dos : il est double, chameau, masculin athlétique, râblé, féminin élégant et gracile, bosses toniques ; il plonge à grandes brassées ; il s’allonge sur une planche et brasse fébrilement ; elle demeure sagement dans les premiers mètres cubes de l’eau, s’arrosant. Et puis, elle le rejoint, à moins que ce soit lui : les mains se touchent, les regards s’embrasent, les dos disparaissent au fond de la mer.
9ème et dernier dos : il marche le long de l’eau, marche en « canard » et chantonnant. Et la main gauche touche la fesse gauche, la main droite tripote la fesse droite ; dos âgé, blanchi par la déteinte du temps, un peu courbé, tête droite ; et la main droite gratte l’épaule gauche, et la main gauche caresse vigoureusement la tempe droite ; une rencontre d’une dame du même âge : le dos du monsieur blanchi s’arrête, répond ; puis reprend sa cadence : et la main gauche grattant la fesse gauche, tout de suite après la main droite chatouille la fesse droite, puis la main droite effleure l’avant bras gauche, et la main gauche touche l’épaule droite ; autre rencontre, une autre dame du même âge : le dos s’arrête à nouveau, répond, reprend sa déambulation : main droite, fesse gauche, main gauche fesse droite... regarde à droite, hésite, puis se dirige vers un emplacement, et la main gauche sur l’épaule droite, et la main....
13 heures : la plage se dépeuple, les dos se rhabillent avant de suivre docilement leurs ventres attirés par le repas à venir. Fin des morceaux choisis du fond de plage.

dimanche 4 décembre 2011

Visites guidées de St Etienne

En vous adressant à Saint-Etienne Ville d'art et d'histoire 04 77 48 76 27
ou en consultant le www.saint-etienne.fr,
vous pouvez connaître
toutes les visites de la Ville, leurs dates et thèmes.

Il en existe une dizaine chaque mois les mardis, samedis et dimanches
Un dépliant contenant tous les détails paraît tous les trimestres, vous pouvez en demander un envoi régulier

Un trajet entre Cotonne et Bellevue : 2° partie


  Aller : de la rue Dombasle aux tunnels de J. Allemane





Je longe le chemin de fer sur une toute petite sente herbeuse et mouillée, après un tournant sur la droite, je me trouve face à une volée d'escaliers accédant aux résidences Dombasle – vaste ensemble d'immeubles de cinq à six étages – à l'écart de La Cotonne - dressé dans un ensemble de verdure, sente à laquellle succède un bout de route goudronnée aboutissant à deux tunnels situés exactement dans un virage à angle droit et débouchant rue Jean Allemane. Un miroir routier permet aux voitures de s'engager dans les tunnels car la visibilité est nulle (Les résidences peuvent aussi se rejoindre en voiture en poursuivant la rue Dombasle après le tournant qui termine la rue Darwin et dont le coin est occupé par le Parc de la « Grande Beausseigne »).





J'y pénètre à pied, la journée est grise, il tombe un petit crachin. Je m'attends à entendre résonner à tout moment les pas du soldat traversant le tunnel dans « Rêves » de Kurosawa, et sans aucun doute le chien qui grogne et l'attend à la sortie du tunnel est-il aux aguets lui aussi -sortie du tunnel que je n'aperçois pas à cause du coude. Ca suinte, c'est gluant, sombre et beau par l'architecture : grosses pierres, contreforts, arcs-boutants, arches, portants, construction austère et de style militaire.

Il y a là un dédale d'impasses, d'escaliers passant sur la voie ferrée et de ponts la surplombant et qui tous montent à La Cotonne ou descendent sur Jean Allemane et Centre Deux ou continuent sur Bellevue par la rue du Mont. J'affectionne ces lieux complexes, où l'on peut se perdre à deux, simplement en se promenant le nez en l'air, perdus à quelques mètres l'un de l'autre. Là où il y a complexité ça veut dire qu'il y a « plis », donc des angles, des entrées pour pénétrer, alors que la rue droite, la simplicité est lisse, nul bout où s'égarer, nul dédale (mot dont l'origine vient du nom de l'architecte mythologique qui construisit le labyrinthe, symbole du cheminement difficile)

Je pars sur la droite, abandonnant ces deux tunnels, et suis deux longs murs sans publicité, sans couleur, sans rencontrer une seule personne si ce ne sont de rares voitures. Avant de parvenir à la rue du Mont que je traverserai, je longe les ruines d'un ancien bâtiment, actuellement entouré de barrières et qui a longtemps servi bien plus utilement que cette jachère, de squatt à une famile de Roms qui ne gênait personne. D'ici, j'ai l'embarras du choix pour me rendre dans les « derrières » de la gare Bellevue : la rue de l'Egalerie m'y conduit tout droit ; la rue Proudhon me permet de rejoindre l'arrière de la gare en passant soit par celle des Verriers, celle de la Lithographie ou Buffon





samedi 3 décembre 2011

Balade mentale dans un souple cercle de cuir élastique

Des odeurs piquantes, épicées, sèches, nauséabondes et douceâtres nous assaillent constamment dans cet entrelac de ruelles. L'une me frappe plus que les autres : l'odeur du cuir, enivrante, fauve, la peau à peine équarrie. Plus nous nous enfonçons dans la ville, plus l'odeur s'acidifie, vire chou putride en décomposition et pique les narines.
C'est l'urine qui domine maintenant, non cette pestilence fétide, puante et lourde n'est pas celle de l'urine, on croirait marcher dans la fiente, oui c'est exactement cela, une odeur connue de poulailler, une odeur de fiente de volailles, en plus aigre.
Nous tournons sur la droite pour nous enfoncer dans une ruelle montante d'où elle semble provenir par violentes bouffées. Bientôt nous atteignons un muret où s'appuient quelques personnes scrutant au dessous-d'elles ; nous approchant, la puanteur nous fait suffoquer mais le spectacle étourdissant qui s'étend sous nos yeux chasse d'un coup les miasmes hors de nos consciences.
Des hommes torses nus, dans une immense cour, chacun debout dans une sorte de chaudron, chaque chaudron plein d'un liquide d'une couleur différente : bleu cobalt, turquoise, marine, fuchsia, jaune poussin, vert foncé ..., chacun trempe, tord, retrempe d'immenses métrages de tissus dans cette quintescence de couleurs, dans une danse synchronisée de bras et de muscles.



photo J F Barthale


Bien vite, l'odeur nous assaille à nouveau. Elle est toujours là, dans nos narines, c'est dans cette puanteur-là que ces hommes trempent jusqu'à mi-taille, dans cette beauté ET cette puanteur.
Tous sont jeunes. Aucun être humain ne saurait sans doute exercer cette activité très longtemps.
Sous le soleil brûlant, leur peau macère dans cette fiente, l'air en est saturé, les couleurs explosent en gerbes, éblouissent et colorent le sol, les murs, les bâtiments. A la fois, trop de beauté et trop d'horreur nous fait fuir et notre journée restera illuminée par les couleurs, la peau des hommes, leurs gestes amples et puissants, quand la puanteur aura depuis longtemps quitté nos narines.

L'axe du bien et du mal

On avait le choix entre 2
Le premier se parcourrait sans peine et sans effort.
tout y était facile, gracile, gras et gracieux. En tous cas vu de loin.

Les perspectives étaient de celles qu'on voyait sur les boîtes de confiserie contenant des chocolats carrés et pralinés, saupoudrés de pistache, enveloppés de papier doré.
Ecoeurant.
Une route bleue, comme le nom de la boîte de chocolats, qui finissait à l'horizon pointu, bordée d'arbres et de fleurs de lys en papier, de pierres transparentes et douces comme des larmes, et fausses comme des diamants d'aquarium.
C'était LE CHEMIN DE LA FACILITE.

L'autre grimpait dur, on s'y tordait les pieds ; sur le bas côté, des détritus divers : un paquet de "FUMER TUE" jeté-froissé par un repenti qui en avait marre de payer chaque jour 6€40 pour engraisser les multinationales à la sueur de ses poumons. Un rebut de pelote de laine jaune, jeté-embrouillé par une repentie du tricot qui avait décidé de jeter l'éponge pour se mettre au tango d'église. Et tout à l'avenant.

Autant l'autre chemin vous conduisait vers la fin du monde "où l'horizon prend fin, où l'oeil jamais de l'homme n'apaisera sa faim", autant celui-ci était sensé vous vous amener tout droit au ciel, "stairway to heaven", tu en baves mais c'est pour ton pied, euh, pour ton bien, tu te tords les chevilles sur les branchettes mortes et les cailloux tranchants, mais plane au-dessus de ta tête une auréole de cuir, tu n'en es qu'au début, bientôt elle se transformera en cercle de lumière.

Avec ces perspectives on se disait qu'il valait mieux choisir le bison fûté depuis le départ.
Avec le temps je compris ma méprise, dans les 2 cas, un jour ou l'autre on arrive bien nulle part quelque part.

Epilogue 
Sur la route qui mène aux étoiles, combien de feu-follets ?

vendredi 2 décembre 2011

itinéraire chez moi chez elle hier soir et retour















Consigne pour les âmes absentes

Hier soir, chez l'Ange, nous avons travaillé à partir d'objets glanés par Natô sur son trajet, tirés au sort avec un gant vert d'eau pour ne pas attraper tout de suite les microbes qu'on attraperait plus tard, la procrastination à vif.

Nous avons eu droit à :
  1. un paquet de clopes à chameau
  2. une mini feuille d'érable sèche
  3. une branchette
  4. un bout de pelote de laine jaune sale avec cheveux noirs et gris
  5. un cercle souple de cuir  élastique (pour plus de précision sur l'objet, demander à l'Ange, elle l'a monopolisé toute la soirée)
  6. une fleur de lys orangé blanche en tissu
  7. une petite pierre en verre transparente
je crois que je n'ai rien oublié sinon, les participants non handicapés peuvent participer

Natô nous a expliqué qu'elle faisait un Hurbier (contraction d'herbier et urbain) avec ces choses- là, après les avoir photographiées, elle les collecte dans son petit sachet rouge. Les gens la regardent un peu bizarrement, elle a peur de se faire accoster, donc si vous voyez une grande chose brune et élégante penchée à terre entre Fourneyron et Chateaucreux, n'appelez pas le SAMU, ce n'est dangereux que pour les gandous qui vont crier à la concurrence.

Nous sommes aussi convenus de nous inviter  sur nos itinéraires.
 Michanlangelo a dit que décidément on arriverait jamais à maintenir la discipline dans cette à la BRISE

En parlant de BRISE, il y avait un sacré vent hier soir, et arrivée chez moi je n'ai plus trouvé 2 magnifiques écharpes que j'avais collectées chez Emmaüs et mis à prendre l'air sur ma fenêtre. peut être les retrouverai-je sur mon itinéraire, à moins qu'elles n'aient volé jusque sur celui de Natô.