L’histoire
d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse,
est l’histoire de l’infini. Elisée
Reclus
A travers les
broussailles du temps perdu où des silhouettes, connues et
inconnues, se sont émoussées ne laissant nulle trace sur ses rives,
hormis des souvenirs narrés le soir au coin du feu, l’Ance
continue son cours, roulant entre les roches les silences des uns et
les songes des autres. Tout au long de son chemin, le vent la
caresse ou la rudoie , fait frissonner sa toison sombre, appose des
lèvres froides sur ses entrailles d’eau et meurtrit les brins
d’herbe à l’abord de ses rives .L’échine usée sur l’âpre
lit de pierres, elle avale la terre, échancre quelque lande,
disparait parmi les gouffres froids, rejaillit entre des lèvres
d’ocre, laisse s’élever le chant des ombres qui la hantent ,
s’évase d’aise et musarde entre des feuillus qui se mirent
froissés dans sa résille d’eau, et manquant un peu de retenue
dégringole sur des pentes mystérieuses. L’Ance se laisse alors
couler entre les eaux connues d’une Loire majestueuse et l’emblave
de fragments de mémoire nourrie de toute la terre effleurée.
2 commentaires:
Quelle poésie dans tes mots : contemplation, création, reconnaissance de l'éphémère -un ruisseau- et de l'absolu !
Vertigineuse photo depuis le Château sur ce Pont du diable, que de beaux souvenirs, elle m'éveille.
On la voit, l'Ance, porteuse de limons, de souvenirs, de rêves et de silences lourds de sens, tracer son chemin dans les terre et les rochers et déposer dans le cours d'une Loire en majesté, son compte d'eau et de terreau mêlés. Quelles images, et ce temps distendu, infini. Ça réveille des sensations jamais décrites qu'il me faudrait peut-être un jour transcrire.
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