Apparemment,
c’est du côté de la Chaussonnière, sur le plateau, que s’agrippe la genèse de
la Charpassonne. Nous, nous ne le savions pas, et pourtant, nous avions tant rêvé
de remonter jusqu’à sa source le courant de ce que je nommerais aujourd’hui ce
grand ruisseau, mais qu’à l’époque nous n’étions pas loin de nommer « le
fleuve »…
Mais serait
brisée la magie de ce courant bleu, aussi malicieux que la sonorité de son nom,
éparpillant çà et là sa mousse d’albâtre sur les rochers glissants.
Notre
imaginaire enfantin, nourri par les quelques coudes et circonvolutions que nous
connaissions, la devinait serpentine. Ce
que nous pressentions se confirme sur le tracé de la carte d’état-major. Elle
quitte les hameaux de chez Paradis et Pantalon, pour se glisser, mystérieuse et
riante, fière de nous échapper, lascive et impatiente sans doute de retrouver
son cours tranquille, loin des cris aigus et dispersés de notre petite troupe d’enfants,
sortie tout droit de la Guerre des Boutons. Nous étions surexcités, et étonnés
par ses doigts glacés qui nous enserraient les mollets si fort, que nous
regardions, sidérés, la marbrure violacée de nos cuisses.
Si nous
avions remonté le courant, nous l’aurions longée, les pieds sur terrain sec et
stable, nous serions partis de la Valette en gravissant les pentes escarpées,
nous accrochons aux branches des genêts, nous aurions feint d’ignorer avec un
certain dédain le ruisseau de la Charmette se jeter en confluence dans notre
Charpassonne à nous…
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