Tout d'un coup 30 ans sont passés. D'autres sont nés, qui par hasard ou par affinité lointaine vous retracent, et vous envoient un message en forme de lithophone comme la rune enfin déchiffrée. On saute entre les générations. Ce jeune homme-ci n'a même pas 30 ans. Une chanson en patois, une comptine absconse comme elles le sont souvent, jouant sur les sons plus que sur les sens, réveille vos petits doigts qui contaient la comptine debout devant les genoux de votre maman, comme une gravure. Là, c'était Steve Waring qui chantait en patois, avec son accent américain, mé youne mé dos mé tres,... tole bardole dzin dzin fournaou, s'accompagnant sur les lauzes du Lac Bleu. Les cousines de ces pierres, réveillées en ces jours de fin décembre, à écouter l'Empire des Sons, un après midi entier, avec un jeune homme surgi de nulle part,venu spécialement pour ça, pour venir écouter la musique. Pas de nostalgie mais beaucoup de fierté, deux heures passent, puis cinq. "Quand nos pères étaient des poissons", l'eau a coulé sous les ponts, nous avons perdu nos nageoires, mais pas notre capacité à glisser entre les pierres et à les faire sonner. Laussonne, 43150,puis la Sardaigne avec le sculpteur qui dans son jardin de pierres, découpe à la meule d'énormes masses pour les faire frissonner.
Il est bientôt l'heure. Le jeune homme à la barbe rousse remplit ses sacs. Il emporte sur son dos des milliers de notes de musiques, celles des pierres et celles des synthés, celles des instruments vieillards et celles des batteries et celles des mots de mes chansons. A minuit, enfin rentré chez lui, il envoie un message, il dit "le dos, OK". Portées par la musique, les pierres ne pèsent rien.
Pour entrer dans ma carte, elles n'ont voyagé que de quelques kilomètres. Et leur musique en écho aux antipodes.
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