Ça commence par quelques sources, un peu avant le col de la République, venant de Saint-Etienne direction Bourg-Argental, près de la N82, ensuite les eaux se rejoignent et se mêlent, les rus deviennent un seul ruisseau; le ruissellement est indécis et le cours incertain; l’eau serpente et procède par accélération brusque quand le dénivelé se fait plus pentu, le ruisseau prend alors des airs torrentueux. Il se calme en gagnant les prairies lorsqu’il passe entre La Pauze et Merlou, le parcours sinueux et lent présente un intérêt; une partie de l’eau est restituée à la terre, elle s’infiltre doucement et gagne les anfractuosités de la roche-mère afin de poursuivre un cours souterrain plus lent ou d’alimenter des réserves en sous sol. Le ruisseau se fait rivière, elle a son nom; c’est la Semène.
Elle glisse au cœur des prairies, suit le versant sud et descends au fond du vallon, elle tourne à l’ouest vers le Pré; près de la Célarière, la Semène reçoit tout les ruisseaux de la combe qui va de Riocreux à Bel air et rencontre la D37 qui descend de la République; elles continuent ensemble vers l’ouest, la rivière, en bas, longe les bois qui couvrent en partie le versant orienté au nord, la route, un peu plus haut, dans la pente exposée au sud. À la hauteur de la première ferme de Berthoux, la route continue en direction de Saint-Genest-Malifaux alors que la Semène pique au sud, se glisse le long de la seconde ferme de Berthoux, laisse le Mas sur sa droite, là ou la D22 qui descend des Trois Croix l’enjambe, et file vers la Scie de la Roue; c’est un lieu de convergence d’eau, de ruisseaux: rive droite, ceux des Glacières, de Hauteville et du Plat, rive gauche, celui du Seuve, celui des Chomeys.
La première attestation d’une installation hydraulique à la Scie de la Roue date de 1390. En 1860, Marcellin Munier transforme son moulin en boissellerie propre à fabriquer, seilles et seillons, barattes et autres boisseaux. En 1884, Antoine Jourjon installe un peu plus loin à Pillot une usine de tournage sur bois qui fabriquera des pièces pour les métiers à tisser des passementiers, des poulies et des engrenages en bois. Plus remarquable, à partir de la Scie de la Roue, il crée par une levée, un bief de 700 mètres; en prélevant une partie des eaux de la Semène ce bief alimente une chute d’une vingtaine de mètres, propre à faire fonctionner les deux turbines de marque Brenier & Neyret de l’usine électrique installée à côté des ateliers de tournerie. La plus petite est destinée à faire fonctionner les machines de tournage de la fabrique; la seconde alimente en électricité le village de Saint Genest Malifaux et quelques hameaux; l’électricité est réparti comme suit: une ampoule par maison, le reste pour les métiers des passementiers. En 1898, pour répondre à la demande Jean et Marius Jourjon, les fils d’Antoine installe une turbine à vapeur et une usine électrique thermique.
Après Pillot la Semène traverse des prairies gorgées d’eau; le parcours est particulièrement erratique qui la conduit à l’entrée d’un vallon au fond duquel elle alimentait la scierie du Sapt. Celle-ci est maintenant recouverte par les eaux du lac du barrage des Plats, construit en 1957, au niveau de la gorge qui ferme le vallon.
Après le mur, l’histoire industrieuse de la Semène se poursuit: après Saint-Genest-Malifaux elle traversera Jonzieux, Marlhes, Saint-Victor-Malescours, Saint-Romain-Lachalm, Saint-Didier-en-Velay, Saint-Pal-de-Mons, La-Séauve-sur-Semène, Pont-Salomon et Saint-Ferréol-d’Aurore avant de rejoindre la Loire après 45,7 kilomètres de cours, au lieu-dit Semène sur la commune d’Aurec-sur-Loire.
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