vendredi 30 octobre 2009

Cascade


on attend d'elle
qu'elle exhume
les mots
qu'elle chante
l'autre côté de la nuit
qu'elle dise
ce quelque chose
du silence
qui sous les plis de l'eau
pleure

jeudi 29 octobre 2009

Côtes rocheuses : la côte basque


Quand on quitte Biarritz, bien vite on atteint Bidart et la côte basque.
Un sentier pédestre de vingt-cinq kilomètres permet de relier Bidart à Hendaye en passant par Saint-Jean de Luz, La corniche, Abbadia. On y longe des arbres prostrés, tourmentés par le vent, la mer souvent grosse, des huppes, buses, pies, corbeaux, milans et une flore non moins riche. Ici, depuis des siècles la côte recule sous l'assaut de la mer. Les rochers se creusent, le recul des falaises de la corniche est encore accentué par les innombrables infiltrations d'eau entre les strates de roches.
Quand le vent se lève sous la brume le matin, les vagues se gonflent -pour le plaisir des surfeurs-, et plus le jour avance, plus les bourrasques se font violentes ; les marées atteignent parfois des coefficients énormes. Sous le ciel gris, une mer violette et verte déchaîne les crêtes blanches de ses vagues ronflantes.Tout là-haut, dans les falaises, spatules blanches, barges à queues noires et barges rousses, mouettes, goëlands, bécasseaux, courlis, chevaliers aboyeurs nichent et fientent dans les corniches. Mais cette côte sait aussi se faire hospitalière : elle fut un haut-lieu de la pêche à la baleine au 17° siècle et aujourd'hui encore on y récolte l'algue rouge (agar-agar), à l'aide d'étranges portiques en bois que l'on peut croiser sur la plage.

mercredi 28 octobre 2009

Conte de la clairière


Es war einmal... A la tombée du soir, Opa nous prend tous les trois par la main : il-va-nourrir-les-biches.
Dans la forêt, il fait sombre, ta langue aussi est sombre. Nous, les petits ne comprenons pas vraiment ce que tu nous dis. Est-ce une incantation ?
Bientôt le chemin s'élargit, un cercle d'herbe tendre clouté de champignons rouges et de pommes de pin surgit de l'obscurité. Des écureuils fuient.
Nous nous approchons d'une construction de bois. Du sac que tu portes sur ton dos, tu extrais du foin dont tu remplis la mangeoire.
Tu poses ton doigt sur la bouche et nous repartons sur la pointe des pieds.

mardi 27 octobre 2009

Pré


Couchée dans l'herbe sur le dos, elle est maintenant devenue si minuscule que personne ne peut la voir. Les gigantesques graminées oscillent dans l'immensité bleue et les stridulations des grillons font vibrer le sol. De drôles de formes blanches s'effilochent dans le ciel et recomposent sans cesse d'étranges figures qui vont encore se déformant. La petite fille n'entend plus le bruit du monde, l'incroyable roulis de la terre l'a embarquée sur ses vagues.

lundi 26 octobre 2009

Pré




"Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte" (Arthur Rimbaud)

Il y a la terre, l'herbe berçante, les épis de plantain, quelques roses des prés à la fin de l'été mêlés aux colchiques qui signent le retour à la ville.
Il y a cet espace immense qui s'énonce en terme d'hectares dans la langue de là-haut et que je nomme Verdier.
Il y a, disséminés, de petits pommiers dressés comme les sentinelles d'un passé qui n'en finit pas de suinter.
Il y a une sente au bas du talus foulée par des centaines de pattes et de pieds, creusée par des pensées pas toujours apaisées.
Il y a ces bardanes le long du muret de pierres éboulées où des bouts de ficelles de souvenirs s'accrochent avec l'insistance des importuns.
Il y a cette pente douce ou plus forte selon les âges...
Il y a ce trou d'eau, caché dans un repli de terrain cerné d'un fil de fer barbelé pour nous interdire à nous les enfants d'approcher ou plus certainement de dissuader les bêtes de s'envaser.
Il y a l'ombre des pommiers où paresser un peu, loin des regards, une pomme acide dans une main et un livre dans l'autre.
Il y a les jeux de ballons, les courses, les roulades, les discussions, tous ces souvenirs qui ont poussé drus là dans ce pré.
Il y a ce point de vue sur le village, lieu "décalé" qui permet de suivre sans être vu les déplacements de chacun, fixer les habitudes entre les courses faites par la Ménie, les tangages d'ivrogne du Trantoût, les gesticulations et vociférations du Colibri après ses chiens, ou la silhouette sombre de Jean Lafine qui précipite le retour.
Il y a à la cime, de gros rochers de granite qui ourlent le contour de l'étoffe verte et d'où, le regard posé sur les lointains, se comptent les hameaux naufragés qui s'éclairent le soir et dont les noms se murmurent: Saint-André de Chalencon, Vérines, Saint-Julien d'Ance, Laprat, L'air, Chaumont...Un chapelet de mots.

C'est sans doute là qu'est né ce regard que je pose sur les plis, les parenthèses, les espaces, les ciels qui se consument devant moi. Et sur les bleus du temps.

dimanche 25 octobre 2009

Mon chemin



Il était rose et bleu le matin, orange sur le coup des midis et virait au violet vers le soir. Il dégringolait la campagne, traversait la forêt et sentait bon la mousse et la résine qui pleurait le long des troncs racornis des vieux arbres. Il serpentait comme un chien fou, sans respect pour le plan cadastral mais existant juste sous les pas des gamins qui l'empruntaient pour aller à l'école ou sous les semelles lourdes des paysans pour aller à la ville.
Mes petits pieds d'alors avaient juste leur place dans la rigole tapissée de poussière et d'épines et j'aimais les laisser traîner, abîmer mes souliers pour laisser une trace de mon passage et chaque matin je me voyais Petit Poucet le soir à la recherche des indices déjà disparus. Quelques fois, au milieu du sentier, des rochers poussaient à fleur de terre et les grandes couleuvres venaient s'y réchauffer et faire peur à mes dix ans à peine. Elles ont habité mes cauchemars pendant longtemps et aujourd'hui encore je tressaille en pensant à leur long corps lustré me barrant le chemin, à leur langue fourchue et insolente qu'elles dardaient sans aucune pudeur.
Je l'ai aimé comme un père ce chemin! Et lui, je le revois, les dimanches matins, grimpant difficilement la côte raide mais s'extasiant pourtant sur ses quatre gamins qui couraient dans tous les sens, s'amusaient à attraper les papillons, riaient d'un hanneton qui s'enfuyait à tire d'élytres. Savait-il seulement qu'il allait mourir bientôt, qu'il ne les verrait pas grandir ses petits, qu'un grand vide se creuserait là où ses semelles se posaient ?
Ce sentier, il a guidé mes pas à toutes les saisons. Je revois mes pieds de petite fille, sautillant dans des sandales en plastique. De fines particules de terre venaient se coller sur ma peau d'enfant et avec mes doigts, j'aimais y dessiner des paysages improbables. Accroupie, je traçais sur le sol des ronds, des carrés, des grands, des petits; d'une main, je creusais à vif dans les empreintes laissées par mes sandales tandis que de l'autre, on me tirait pour aller à l'école.
C'est en hiver qu'il me faisait peur. La neige était si haute que je devais mettre mes pieds dans les pieds des plus grands. Leurs pas étaient très longs, les miens étaient petits, les chutes étaient fréquentes. Mais la neige complice s'amusait alors à me chatouiller. Ses grains blancs et soyeux me titillaient le visage pour me faire oublier les rafales cinglantes qui me fouettaient le corps, les jours de grands vents. La nuit tombait vite et, quand je l'empruntais le soir, j' avais une peur bleue de l'ombre des grands arbres qui se tordaient complaisamment. Je les entendais rire des mauvais tours qu'ils me jouaient.
Douces terreurs de l'enfance qui se nourrissent du jour et de la nuit, des saisons et des heures.
ItaliqueEt c'est après avoir dévalé la pente, que tous les printemps, il m'offrait ses grandes aubépines. Petite, j'étais fascinée par leur couleur immaculée aux nuances de moire. Mon cartable à la main, j'avançais, protégée par leurs épines, autant d'épées prêtes à massacrer le quidam qui aurait voulu m'agresser. J'attendais avec impatience le jour où je serais ensevelie sous leurs pétales blancs qui tombaient à la moindre chiquenaude. Tombe légère, temporaire et fragile qui rassurait déjà ma peur du grand après. Adolescente, je m'enivrais de leur senteur, tranparente, sensuelle et que je voulais éternelle.
Quand je pense à elles, une mélancolie soyeuse m'envahit. J'entends un refrain qui me murmure que des pétales tournent, tournent et m'entrainent; je suis le derviche tourneur des aubépines. Plus je tourne et plus je grandis, plus je grandis et plus j'avance sur le sentier.
Après le sentier, c'était la voie de chemin de fer. Fini de gambader, finis les jeux. Elle était là, rectiligne et remplie de rectitude. Je l'ai suivie le temps de l'école puis ses traverses se sont mises en travers de mes chemins que j'ai toujours essayé d'avoir buissonniers.

samedi 24 octobre 2009

"Petit traité d'éducation lubrique"

Lecture musicale de Lydie Salvayre accompagnée de Bruno Chevillon à la Contrebasse.
Dimanche 8 novembre à 18 heures - L'autre Salon - Salon de l'édition et des médias indépendants -Centre Edouard Brenot - à Grigny (200 m. de la Mairie)
Renseignements : Espace Pandora 04 72 50 14 78 - espacepandora@free.fr www.espacepandora@free.fr
On peut en profiter pour dire bonjour à Sylviane C.


vendredi 23 octobre 2009

Livre d'artiste


Vernissage demain à 11h30 de l'expo Livre d'artiste"  à la galerie Une image, 14 rue Honoré de Balzac. Il y a en même temps une expo intitulée "miniatures" concernant Honoré de Balzac, c'est très joli.
Prochainement dans la même galerie, une expo intitulée " Chemins de traverse" (et non pas "Paysages")



Sommets



Un des éperons de la forêt de Saoû se nomme Roche-Colombe, à l'autre extrémité dominent les Trois Becs. Quand on longe des yeux les crêtes de ce long synclinal, la ligne d'horizon se prolonge par la montagne de Couspeau dont le sommet a forme de téton, appelé Le Grand Delmas. Puis suivent les sommets de la montagne d'Angèle, ceux de la Lance, de Saint- Maurice et tant d'autres. D'où que je regarde, à partir de la vallée, mes yeux sont inlassablement attirés par ces sommets : pour y guetter les premiers rayons de soleil du matin, les gros nuages de pluie, le brouillard en fin d'été ou les cimes neigeuses l'hiver, mais surtout pour leur faire signe ou répondre à leurs appels. Chacun d'eux me hèle pour y grimper.

Ce matin, la vallée est encore dans le brouillard. Arrivés au col de la Chaudière, nous surplombons une mer d'épaisse mousse blanche mais rayonnons dans le soleil. Nous sommes dans le ciel. La montée est longue jusqu'au Grand Delmas, un peu plus d'une heure, six cents mètres de dénivelé raides, en éboulis, parfois en sous-bois comme une récompense. Après beaucoup d'efforts et brusquement, on débouche sur un vaste espace dénudé, d'herbes rases, de rares arbustes, de profondes ravines creusées par les moutons. Encore plus près du ciel. Deux gros chiens blancs accourent en jappant, s'arrêtent près de nous. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on perçoit , faiblement, les sonnailles des moutons. Il faut encore monter, fouler les cardabelas, ces immenses chardons porte-bonheur, suivre les drailles qui prennent légèrement sur la gauche avant que s'ouvre un second espace, plus vaste encore aux flancs parés de plusieurs rangées de colliers de moutons. Parvenus au sommet, le Grand Delmas s'offre en un immense pâturage vallonné. L'espace entier occupé par le ciel et l'herbe. Derrière nous, la mousse épaisse s'est dissipée : Bourdeaux, Les Tonils, Le Rastel, Fondoresse … villages, hameaux ou fermes ramassés, apparaissent. Au loin, la grande plaine de Montélimar et la vallée du Rhône. Pour ouvrir l'éventail à trois cent soixante degrés, il suffit de tourner lentement sur soi-même : Le Vercors, Saillans, le Diois, des routes à flanc de montagnes, d'autres villages …
Aucun autre sommet ici n'offre une telle douceur de paysage. Tous sont découpés, en rocs ou pics, en abrupts ou aplombs. De tous ces sommets, ces croupes sont mes préférées. Ils me sont une caresse au regard, m'invitent à m'allonger pour contempler le ciel ou à continuer plus loin puisqu'ils sont moins une cime atteinte qu'une partie du prochain paysage à parcourir, un voile soulevé vers le futur.

jeudi 22 octobre 2009

Plage


C'est le matin, peut-être tôt. Le ciel trop bas pèse sur la mer à l'écume assagie. De vaguelettes en bulles grises elle vient lécher le sable de la plage endormie. Elle la caresse, sensuelle ; joueuse, elle la mordille. Les grains de sable roulent, s'enroulent et tourneboulent, long ruban qui s'étire, à la frontière de l'eau. Cachée dans les roseaux, je suis comme l'ampoule qui veille sur la lumière bleutée et sur le sable encore brun de la nuit. Tout bas, elle respire, la plage. Elle veut garder pour elle, les empreintes du chien qui la nuit en courant, aboyait à la lune. Elle veut garder en creux les coquillages, timides ou facétieux et s'en faire des colliers pour les jours de vacances. Elle respire tout bas, la plage. C'est l'heure où, ensorcelleuse, elle s'offre aux promeneurs. Solitaire, je m'avance et d'un long pas traînant je la blesse, voluptueusement. Il est si bon alors de sentir la fraîcheur s'insinuer entre les doigts de pied.

Je ferme les yeux et j'attends. J'écoute le silence mollement traversé par l'empreinte de l'eau. J'écoute la voix du sable qui commande au soleil de se lever enfin.

je rêve de faire court


Pour JP
l'art du bref

Clairière

J'écrivais à mon ami bûcheron dans ce même cahier : "Toi tu fais des clairières avec ta tronçonneuse". Drôle de métier. Ca ne lui a jamais passé. A Noël, il vend des sapins au pied crucifié ; le reste de l'année, plus raisonnable, des fleurs artificielles, comme je les hais.

Cascades

Moi, ce qui m'intéresse, c'est de passer derrière le rideau

Plages


Mes plages d'Agnès sont moins nombreuses que les siennes ; il faut dire qu'elle a 80 balais et quelques balayettes et qu'elle a commencé à les collectionner dès le ventre de sa mère, ce qui est loin d'être mon cas.
Plage de Toulon des galets pour une première rencontre, inoubliable de marins à pompons.
Plage de Crète, octobre 1978 et je continue d'écrire sur ce cahier acheté à Hania. Un petit fleuve y avait son embouchure, et pour le reste l'éternité retrouvée d'Arthur. L'éternité du vide et de l'immensité, pas le moindre bateau à l'horizon ; une encoignure de grotte pour écouter le ressac, regarder le bleu et se protéger du soleil à pic. Une plage oasis, pour la paix qu'elle procurait et la verdure dispensée par la rivière en bout de course, ruban vert au pays des pierrailles. On disait : "la Haute Loire nous manque".
Plage immense 360° de Trousse chemise ; j'écris une carte postale à Lionel après avoir lu Montagne Noire. Plage rose interdite de Budella en Sardaigne, les gens "volaient" le sable. Plages nudistes de l'Atlantique, Plages noires de monde, folie estivale de la Méditerranée.

Plages du Nord : Novembre 2006, Brighton. Presque impossible de tenir debout. Le vent souffle de partout.
Novembre 2008, La Haye.C'est la nuit, lumières de luxe qui clignotent dans le lointain. Ai pris le bus jusqu'à son terminus, accompagnée d'une vieille dame indigne très belle qui allait jouer au casino.

Prés

L'hiver, les prés sont blancs et on fait de la luge quand on a moins de 12 ans. Après, c'est trop tard, c'est ringard, même si le mot n'est venu que bien plus tard.
La luge est peinte en rose et vert,c'est mon frère, c'est une petite luge à 2 places maximum avec le museau arrondi. A l'arrivée, au bas de la pente, il faut un peu freiner avec les talons pour ne pas se planter dans la raze* qui suivant la température, entretient un filet d'eau bouillasseux, plus ou moins recouvert et plus ou moins caché. Parfois, dans le jeudi, il y a un curé avec nous. Mais on n'aime pas ce souvenir : le curé tripote.
puis on a à peine le temps de remonter la pente 4 ou 10 fois, les poumons en feu par l'effort et le froid, et c'est déjà le temps des narcisses, des coucous, des myosotis. On revient avec des brassées d'odeurs et il y a toujours quelqu'un pour vous dire que ça fait mal à la tête. On s'en fiche. Chaque année, on y retourne pareil.
puis un jour il y a des barbelés, des maisons qui poussent. A la place de la neige il y a des voitures qui laissent des traces, à la place des narcisses des dahlias en rangées jaunes et rouges et qui n'apparaissent que bien plus tard dans l'année.
Mais il faut bien que l'enfance s'arrête.

* merci pour le mot, Michelangelo !

mercredi 21 octobre 2009

Prés, collines, clairières....

Dans sa "Petite collection de paysages", Pierre Gilloire raconte:
- les prés
- les collines
- les clairières
- les plages
- les cascades
- les côtes rocheuses
- les sommets
A vous de vous réapproprier l'un de ces paysages et de le raconter à votre convenance: impressions, souvenir personnel, description, regard esthétique ou émotionnel, travail purement topographique...

"Le paysage soudain, s'éclaircit. Inattendue, discrète, une clairière apparaît. Dans une trouée de la canopée, le soleil jusqu'alors tamisé, éclaire un espace dégagé. Le promeneur s'arrête, il observe, il attend. Il sait que le silence est son allié. En ce lieu tout est enchanteur du moins en apparence: tapis de mousse, primevères, filet d'eau bordé de trolles et de menthe sauvage... Ici, tout peut arriver...Pourquoi ne pas rêver...Les sous-bois intriguent, l'odeur âcre des ciels tourbeux ensorcelle. Se retrouver, seul, au milieu des fougères comme au début du quaternaire fait perdre ses repères... La clairière est magique...c'est un théâtre. La qualité du décor et le microclimat créent un biotope parfaitement adaptés aux apparitions mythiques..."

mardi 20 octobre 2009

Nuit




En attendant un texte "Nuit", voici un ancien message que je suis ENFIN parvenue à modifier
Je m'améliore sur le Mac ?

samedi 17 octobre 2009

L'arrière-pays

J'ai souvent éprouvé un sentiment d'inquiétude, à des carrefours. Il me semble dans ces moments qu'en ce lieu ou presque: là, à deux pas sur la voie que je n'ai pas prise et dont déjà je m'éloigne, oui, c'est là que s'ouvrait un pays d'essence plus haute, où j'aurais pu aller vivre et que désormais j'ai perdu. Pourtant, rien n'indiquait ni même ne suggérait, à l'instant du choix, qu'il me fallut m'engager sur cette autre route. J'ai pu la suivre des yeux, souvent, et vérifier qu'elle n'allait pas à une terre nouvelle. Mais cela ne m'apaise pas, car je sais aussi que l'autre pays ne serait pas remarquable par des aspects inimaginés des monuments ou du sol. Ce n'est pas mon goût de rêver de couleurs ou de formes inconnues, ni d'un dépassement de la beauté de ce monde. J'aime la terre, ce que je vois me comble, et il m'arrive même de croire que la ligne pure des cimes, la majesté des arbres, la vivacité du mouvement de l'eau au fond d'un ravin, la grâce d'une façade d'église, puisqu'elles sont si intenses, en des régions, à des heures, ne peuvent qu'avoir été voulues, et pour notre bien. Cette harmonie a un sens, ces paysages et ces espèces sont, figés encore, enchantés peut-être, une parole, il ne s'agit que de regarder et d'écouter avec force pour que l'absolu se déclare, au bout de nos errements. Ici, dans cette promesse, est donc le lieu.

Yves Bonnefoy "l'arrière-pays"

lundi 12 octobre 2009

chemin 2



si le chemin
fore dans la tête
jusqu'à reboiser
le dehors dedans

si le chemin
force le regard
qui se détache
et s'attache à horizon

si sur le chemin
on accompagne le jour
jusqu'à scander
le temps

si le chemin
pour rien
nous traverse
comme respiration

si sur le chemin
on est paysage
et dehors et dedans
entrefroissés

si le chemin
dévoile cet avant
en nous cachant l'après
paisiblement

alors
chemin d'être

vendredi 9 octobre 2009

Chemins de vie


De TOI à moi. Toujours dans ce sens. C'est de TOI à moi que s'ébauchent les multiples chemins possibles. TOI que je rencontre.

Entre toi et moi, des fils se croisent, s'entre-croisent. Au fil des pas, au fil des heures, au fil des jours.
Peu à peu, un chemin se creuse, une trame se tend ; entre ses fils ténus, des ébauches de mots, tus, retenus.
Après beaucoup de pas, après beaucoup de temps, après beaucoup de faire ensemble, au détour d'un sentier, au tournant d'une phrase, une haute vague d'amour déferle entre deux beaux silences.
Je me retourne pour admirer la toile colorée que nous avons tissé avec nos deux passés.

"Dessine-moi un chemin"
Devant nous, là où il n'y avait rien, prend naissance un chemin de vie : dans le creux de nos mains, au creux de notre oreille, dans ce cheminement à deux, s'ébauche un avenir.
Toujours de toi à moi.

Toujours de toiS à moi, car vous êtes nombreuses : Josette Louisette Renée Martine Bernadette Myriam Marie-Pierre Solange Janine ...

Parfois, l'ouvrage s'interrompt. Le sentier se perd entre les hautes herbes, longtemps, peu de temps.
Je l'oublie.

En me retournant, je le vois qui attend, patiemment dissimulé, que toi et moi continuions notre cheminement.

un an déjà, avec Ange-Gabrielle

 près de Salvaris, inondations en cours

jeudi 8 octobre 2009

Chemin (2)

Il suffit de se retourner et de contempler l'étendue, une sorte de paysage qui ressemblerait aux Estables, rude altiplano d'une vue bâtie par les vents, et le regard libre de droits se heurte à une ferme solitaire, à un bouquet de rochers pointus, à un arbre agrippé au ciel pour ne pas mourir. Le regard qui se heurte et ricoche d'obstacle en écueil, mais n'embrasse pas tout, et cueille l'horizon comme un reposoir au point de partage des eaux et sait que tôt ou tard il y aura la mer, comme un début en soi.
Au début du chemin était ma mère, et lorsque je regarde le chemin parcouru, elle me talonne, comme si son âge la rapprochait de moi, comme mon autre petite fille. Elle m'appelle au téléphone, elle m'appelle, me disant pour la première fois "je n'avais pas bien compris, j'avais besoin d'être rassurée".
Que devient le chemin lorsqu'on devient la mère de sa propre mère ? Je suis à la croisée avec mon enfant qui lâche ma main, se hisse à ma hauteur de femme, tandis que la vieille main de ma mère se tend vers la mienne déjà tavelée, pour que je la soutienne.
Sur l'altiplano des Estables, je me tiens dans la maison solitaire, petite lumière vacillante dans la nuit, du moins j'espère. Des chemins en étoile et beaucoup de culs de sac dont certains remplis de trésors, car il faut savoir aussi rebrousser chemin pour avancer.

vendredi 2 octobre 2009

Petite collection de paysages

Notre atelier d'écriture a repris sa route ou plutôt ses chemins de traverse...Nous démarrons notre saison avec le livre de Pierre Gilloire "Petite collection de paysages" publié chez L'Arpenteur.
B. nous a sélectionnés quelques passages du livre qui nous entraînent sur des chemins divers et variés:
Le voyageur avisé ne dédaigne pas de cheminer. Il sait qu'en deçà d'une moyenne très raisonnable - quatre ou cinq kilomètres à l'heure - il goûtera la partie la plus discrète du paysage. Au delà, il risquerait de ne plus sentir l'odeur de l'herbe mouillée par la rosée, de ne plus entendre le chant de l'alouette, de ne plus voir l'oeillet sauvage ni le hérisson. Il n'a que faire de la vitesse. Pour lui, cheminer est un luxe, une façon d'être au plus près de la nature, les cinq sens en éveil...

Notre consigne était simple:"Et vos chemins? les chemins de votre enfance, d'hier jusqu'à aujourd'hui et d'aujourd'hui jusqu'à demain? et même après? et vos chemins intérieurs, quels détours, quelles sinuosités empruntent-ils?

Nous avons écrit puis retravaillé nos textes et ils devraient se publier ici. Il y a déja celui d'Ange Gabrielle (à la date du 28/09) et de Laura ( aujourd'hui même). Mais tout le monde ne marche pas au même rythme....alors patientons un peu pour tous les lire !

chemin




Ce n'est que plus tard, quand l'étreinte ressentie s'est desserrée, qu'on songe au chemin parcouru. Il ressurgit de l'ombre où il s'était terré.

Il y a peu, j'ai retrouvé le chemin du "petit bois". Il suffisait de passer outre les résistances forgées depuis ce temps où, naturellement, se dirigeaient les pas. Entre les herbes hautes, le dédale de ronces et les buissons d'ombres, entre débris d'enfance et cadavres de souvenirs, il suffit d'avancer, un brin d'herbe serré entre les lèvres. Dès le départ, poser son regard avec assurance sur les deux maisons en pierre qui bordent le chemin - et voir inévitablement le Louis plié en deux, un fagot sur le dos - puis prendre à droite le sentier qui insensiblement monte jusqu'au "petit bois", lieu-dit "le Garet" sur les cartes d'état- major.

Retrouver le seul arbre qu'on est venu chercher, et même si ce n'est pas lui, y croire encore un peu: ce pin que je disais mien puisque nous avions "fait la taille" tous les deux. J'avais cinq ans, des socquettes blanches dans des souliers immaculés, une petite veste en laine mohair, tricotée par maman, enfilée sur une robe d'été; et je posais pour la photo avec fierté. Longtemps je saluai cet arbre comme un double resté là à prendre soin de mes songes d'enfant.

Après la courbe du chemin, caché par quelques arbres, se lovait le rocher des sacrifices, où enfants nous jouions à nous immoler au dieu Soleil: bras et jambes étirées, allongé sur le gros grain du granite, le visage offert au soleil d'août, un frisson dans les reins, on s'imaginait au temps des sacrifices païens, le corps écartelé et le sang giclant par saccades récupéré dans les cupules du rocher où stagnait de l'eau croupie. On regardait déjà le ciel et le silence qui résonnait.

A partir de là le sentier n'existe plus mais mes pieds retrouvent leurs traces et franchissent ces limites qui me font corps. J'enjambe les herbes hautes, me tords un peu le pied dans les ornières, m'égratigne la peau aux épines de ronces qui tentent d'interdire le passage. Mais je sais cet après qui patiente au-delà. Au travers du rideau d'ombres, il reste à conquérir tout cet avant de moi.

Passé ce sas trouble, le petit bois se dessine avec son tapis de mousse, les lichens accrochés aux troncs, les fines aiguilles de pins qui chantent sous le pied, les cosses de genêts qui claquent en fin d'été, la coulée de lumière glissée entre les arbres et qu'enfant on tentait d'enserrer entre nos doigts candides. Mais c'est le gris qui domine toujours malgré la rousse sueur qui coule çà et là sur les troncs fatigués.

Il faut s'arrêter ici, s'asseoir, toujours au même endroit, et attendre parmi les riens immobiles que les voix se dérobent:

- ne t'éloigne pas...

- ne va pas de ce côté il y a des serpents

- fais attention aux ronces

- ne déchire pas ta robe

- où es-tu ?


Je n'ai guère envie de poursuivre: les lointains sont cachés, l'horizon est derrière. Alors je reste là. Allongée à la lisière du bois, le poids du ciel se fait plus fort; j'écoute le balancement des troncs qui m'effrayait tant autrefois, laisse filer les nuages sans chercher à les retenir, goûte à la saveur de l'air sur ma peau, prends simplement plaisir à la patience.

Alors je reste là.

jeudi 1 octobre 2009

ज'espèरे कुए वोउस पर्लेज़ ले sanscrit

लेस mystères mystérieux दे ला तेच्नोलोगिए मोदेरने ने सस्सेंत दे म'émerveiller।
देपुईस हिएर ज'एससी दे फेयरऐ देस : à présent notre blog pourra être lu par le monde entier
c'est formidable ! j'ai voulu faire quelques corrections hier et voila que maintenant les caractères latins se transforment en magnifiques signes incompréhensibles par nous certes, mais avouez que ça a de la gueule, non ?
bon, je retourne ouvrir le ventre de la bête pour faire un peu de mécanique. Je vous tiens au courant.

कोम्प्रेन्ने कुई pourra

MON BEAU SAPIN

Mon beau sapin, roi des forêts
Que j'aime ta verdure
Quand par l'hiver, bois et guérets*
Sont dépouillés de leurs attraits
Mon beau sapin, roi des forêts
Tu gardes ta parure

Toi que Noël planta chez nous
Au saint Anniversaire
Joli sapin, comme ils sont doux,
Et tes bonbons, et tes joujoux
Toi que Noël planta chez nous
Par les mains de ma mère

guérets* : http://fr.wiktionary.org/wiki/gueret