dimanche 30 mai 2010

Les mots du dictionnaire

Eros n'existerait-il que pour peupler Les Enfers d' Embellies malignes? Passé Le Styx, franchies les portes, les passions, les pulsions, répulsion, "le jardin des délices", tentations délicieuses, à fleur de peau, à fleur de coeur, à corps perdus, à corps défendus et à corps défendants pour coeurs ouverts, à portée de mains, à portée de voix, de murmures en parjures, bouches enlacées pour serments haletés, temps oublié, lascif, roulé en boule dans les recoins souvenirs, usure, corps effleurés, amours en fuite, chuintements, âme en sourdine, larmes de sang, silences, le grand silence.

mercredi 26 mai 2010

mots du dictionnaire

Je ne crois pas que j'ai EMBELLI, mais grâce à la potion que j'ai prise j'accepte d'être telle que je suis, ne me demandez pas la recette vous ne la trouverez dans aucun manuel de cuisine.
Avant c'était ENFER et maintenant un coin de paradis c'est ouvert. Oh rassurez vous , je ne vais pas y monter demain, je suis devenue païenne, je crois même que je me suis trompée, j'ai peut-être invoqué cette divinité de l'amour EROS au lieu de Marie le résultat est là, je me trouve plus belle, me voila vaniteuse tant pis encore un péché de plus.
Que de pardons à demander mais je suis réconciliée avec moi même.

vendredi 21 mai 2010

Ozaki Hôzai

Si seul
que je fais bouger mon ombre
pour voir

printemps tardif

Retombé au sol
 le cerf-volant
a égaré son âme

Kubuto Huhonta

mercredi 19 mai 2010

mardi 18 mai 2010

Dernières nouvelles, dit-elle

Je voudrais bien d'une autre vie, mais je ne sais jamais laquelle. Quand c'est trop calme, je veux de la vie excitante, puis ça m'épuise et je puise dans mon jardin secret entre ancolie et mélancolie, des trésors de vers blancs. J'ai besoin de FAIRE (étymologie de la poésie). Vivre  avec les autres quelle perte de temps, vivre sans eux, quelle terreur !
Le roi de la Pop est mort
Agnès Bonfillon quitte France Inter
Les retraites à 67 ans ne sont plus tabou
L'Iran lance des ballons verts
Je signe un protocole
Elle te rappellera demain
Analyser les besoins
Se souvenir de la rudera
Identifier les sources
même sans baguette de sourcier
Le projet a été retoqué par le chef de service, ou par le supérieur hiérarchique
Rappeler pour le fax
Je suis percluse de désespoir, pétrie de découragement. 30 ans de mots clés n'y suffiront pas. Allongée dans la nuit grise des silences trompeurs, bouchée à la boule Quiès, j'attends que ma joie revienne.





Sefi Atta à la médiathèque de Tarentaize en courbes

Sefi Atta à la médiathèque de Tarentaize sans cheveux

encore plus belle

Sefi Atta à la médiathèque de Tarentaize

Je vous rappelle que notre atelier a lieu/n'a pas lieu/ Mercredi 19 mai à 19 heures à la Médiathèque de Tarentaize.
Puisque Jeannine va écouter les Miracles de la Vierge Noire à l'Esplanade, nous aussi

Sefi ATTA, pour son roman Le meilleur est à venir, Actes Sud, 2009

Soirée organisée en partenariat avec la Villa Gillet à l'occasion des 4èmes Assises du Roman

dimanche 16 mai 2010

LETTRE A MES ANS (en 7 mots, 7 expressions)

"O combien de dizaines,
O combien d'unités!"
Mes ans! Je vous apostrophe depuis tant de temps avec la déférence due à la valeur ajoutée des chiffres et des lettres et sans que je n'admette le moindre commentaire de quiconque quant à votre avancement plus rapide que mon salaire qui stagne, lui, sur une grille indiciaire plutôt bancale.
Oserais-je vous avouer que vous pesez sur mes épaules quand le temps est à la pluie! Et aujourd'hui, le temps est à la pluie! "encore plus qu'hier, peut-être moins que demain!", une sensation forte d'humidité paralysante.
"Il pleut, il mouille; c'est l'ivresse à la grenouille" et pourquoi qu'à la grenouille d'abord?
Je revendique le droit de vous saouler à tout et à n'importe quoi, pour une fois, une fois encore. Vous dissoudre dans les bulles alertes d'un champagne frappé à souhait; vous noyer dans une baignoire d'Opium du regretté Y.S.L et divaguer dans les volutes des notes parfumées et poivrées; vous asperger de Retsine et attendre, attendre qu'un insecte vivant à qui j'aurais croqué les ailes vienne lutiner ma peau gorgée de sucre et de soleil!
Je vous écris, mes ans, de cette humeur lourde qui laisse un goût de fiel au coin de chaque mot quand le brouillard plombe la ville et que je vous adresse dans le désarroi d'un regard posé comme le crêpe d'un voile noir sur mes bras recroquevillés.
Que vous ai-je donc fait pour que vous pressiez mon corps comme dans un étau moi qui l'ai souvent laissé se brûler à des soleils autres que ceux des ciels d'été?
Que vous ai-je donc fait pour que vous flétrissiez mes mains et pour que les mots glissent de mes doigts sans s'aligner, se cognent, s'enhevêtrent dans le désenchantement consenti d'une plume malhabile?
Peut-être voulez -vous vous venger, mes, ans? Laisser vaincre la lassitude? Laisser vaincre la solitude que j'ai presque apprivoisée ou qui m'a presque apprivoisée, qui m'a ouvert des champs nouveaux? Ainsi je continue la petite phrase interrompue, abandonnée...
Je n'ai pas envie de vous laisser gagner mes ans même si vous en êtes la cause; je veux bien vous continuer pour aujourd'hui, demain, peut-être d'autres après.

vendredi 14 mai 2010



3 : bol, 30X30cm, technique mixte sur toile


le bol bleu fume des nuages ;

voir la mer,

dans une boule,

de cristal,

ou en céladon,

l’azur,

la demi-lune,

une moitié de globe de terre,

pleine de mer ;

sur son pied étroit,

presque invisible,

il se prépare à la bascule,

à la tranquille oscillation,

il se balance,

tel le culbuto,

pour rouler, rouler, rouler...

plus tard, se dévoile une trame,

de gaze gracile,

une délicate compresse,

qui relie le bol bleu à son fond rouge ;

entre ses fils,

la peinture turquoise crée des motifs,

au point de croix,

la colle scintille,

minuscules perles transparentes,

et puis,

derrière ce canevas,

le fond rouge réapparait.



accrochage,

on pouvait entendre les mots de l’artiste au travail,

des répliques comme...



-j’ai amené des trucs, j’ai 36 petits paquets

-va falloir équilibrer tout ça, et puis j’ai 6 mobiles

mobiles : (adj. et n. m.) qui se meut ; qui peut-être déplacé ; composition artistique faite de plaques légères agencées sur des tiges articulées et mises en mouvement par le vent ou un moteur

-peut-être que sur ce mur ça va être un peu paumé tout ça

mur : (n. m.) ouvrage de maçonnerie servant à soutenir un plancher, ou une charpente, à cloisonner un espace ; proverbe : les murs ont des oreilles ; fig. le mur du son

-j’aimerais que ce groupe fonctionne ensemble

-oh non, non !

-est-ce qu’elle est pas trop haute celle-ci ?

parce que vu d’ici par rapport à là...

-ça me plait bien, cet accrochage me plait bien

accrochage : (n. m.) action d’accrocher ; accrocher : (v.) suspendre à un crochet



vernissage,

je surprends d’autres mots parmi les bribes de conversation,

des questions...



-j’adore ses rouges ! je sais pas quel rouge elle utilise ?

rouge : (adj. adv. et n.) de la couleur du sang, du coquelicot, du métal porté à incandescence

-vous avez plus le tableau «les mots» ?

tableau : (n. m.) ouvrage de peinture exécuté sur un panneau de bois, sur un morceau de toile tendu sur un châssis... de table

-c’est-elle qui a fait la peinture au dessus de ton canapé ?

-si on regardait ce qui est accroché sur les murs ?

-c’est étonnant, ça a évolué, c’est surprenant... le bol avec un morceau de tissu à l’intérieur, c’est ça qui surprend

bol : (n. m.) récipient hémisphérique, destiné à contenir des liquides ; fig. prendre un bol d’air, pop. avoir du bol, de la chance

-ça a un côté très japonisant

-il en faut un autre avec celui qu’on a déjà...



24 : «karesansui», 30X30cm, acrylique sur toile plissée


un ciel en toile de jute,

lourd,

tendu,

descend bas sur l’horizon du tableau,

contre l’étendue de tissu beige,

la toile à peindre,

encore vierge ;

de profonds plis horizontaux barrent sa surface,

collines ,

vallons,

vallées,

plis du paysage,

champ de dunes ;

et là,

dedans,

3 formes rouges,

presque pourpre,

émergent d’entre les plis,

comme des notes de musique sur la portée ;

étranges silhouettes au coeur du paysage,

folles architectures plantées en plein désert,

3 petites pommes pour blanche-neige ;

entre les plis de la toile,

chantent 3 petits bols.



exposition,

fin de journée,

à la galerie,

de petites bougies oscillantes m’accueillent,

je pousse la porte,

embrasse l’artiste,

nous buvons du thé au jasmin...



18 : bol, 50X50cm, technique mixte sur toile


le bol rouge poudré,

sur son pied surpiqué,

accueille dans sa corolle,

un rectangle de papier japon blanc,

composé de fragments cousus ;

le bol rouge,

adossé à son fond,

en laque noire sur le premier tiers,

sombre surface sur lequel s’empilent d’autres tout petits bols,

dorés,

au trait,

tamponnés,

en strates verticales,

de bas en haut,

fragile équilibre ;

des motifs de bol,

avant retour au grand bol ;

juste derrière lui,

un fond différent,

rouge pavot,

et la matière en fusion,

des micro-bulles d’eau dans la peinture,

mouvements circulaires du pinceau,

enfin,

une fine barre noire à l’horizontale,

en bas du tableau,

au grand bol rouge

tient lieu de reposoir.




«autour du thé»,

une exposition de christine bonal,

en janvier 2010.




mercredi 12 mai 2010

on n'est pas indiens, c'est dommage


parfois,
souvent,
immobile,
assise sur mon zafu de méditation,
(je n’aime pas ce mot,
je ne sais pas ce qu’il veut dire),
au moment où je devrais ne penser à rien,
juste être là,
sans bouger,
souvent,
parfois,
me traversent,
des pensées saugrenues,
des rêveries érotiques,
pourtant,
ce temps,
est à la communion silencieuse,
(je n’aime pas ce mot non plus,
il me fait penser à la religion),
je préfère «mu»,
le vide,
le sans objet,
le silence,
parfois,
souvent,
mes images me donnent envie de rire,
mais je dois me tenir,
droite,
sans bruit,
à la rigueur un petit sourire,
imperceptible frémissement,
parfois,
cette fois,
je revois l’autre amant,
l’amant secret,
prendre ma touffe,
de cheveux,
entre ses mains,
et j’entends sa voix,
qui murmure à mon oreille,
«on n'est pas indiens, c’est dommage»




les mots en rouge viennent de la boite magique,
la réplique de fin est le titre d’une chanson de burger/cadiot


mardi 11 mai 2010

La saison dévastée


Le ciel
horizontal.


Un oiseau sur le fil invisible
du rêve.

Tout est trop loin de moi.


Paysages en éclats, arches
démises du présent

- blessures.


J'effacerai du jour jusqu'à ma voix.



Claude Esteban : "Le jour à peine écrit" La saison dévastée

Lichen


003
Les mains pleines d’étoiles, le pèlerin – que j’aurais pu être si j’avais rencontré ce Rien sur ma route – , poursuivit sa marche solitaire laissant son regard se frotter aux talus qui bordaient le chemin.
A la lisière d’une forêt ordinaire, pris d’un besoin d’embrassade soudain, il enlaça un mélèze recouvert de lichen sur lequel sa joue se posa, se griffa même, laissant apparaître, en un dessin en creux sur le visage, la silhouette même d’une plante. Il écouta, se laissa pénétrer de la vie  intime de l’arbre, comme si les horizons échappés du violon de la vie donnaient enfin toute leur résonnance, toute leur âme, là, dans l’écorce de cet arbre. Il imagina la substance interne, l’aubier, les strates qui marquent la croissance, la sève qui nourrit… Surgit alors en lui un souvenir sans fioriture, une image implacable qui lui fit soudain réaliser que la mémoire est comme un glacier parfois çà fond, et émerge alors un bout de quelque chose et tout le corps revient avec*….
…il devait avoir sept ou huit ans, il était assis au bord de la nuit, juste avant que le jour ne bascule, et la conscience d’être un individu unique, un être sans miroir, lui était alors apparue, alors même qu’il fixait la première étoile dans le ciel.
006

*Erri de Luca

samedi 8 mai 2010

Indiens Kayapos

Il nous a semblé plus intéressant de montrer la photo du chef blanc que celle du chef Raoni qui a fait la une de tous les journaux




5 h du mat. Par habitude, je tâte dans le noir jusqu'au bouton-pressoir de mon radio-réveil.
Raoni, chef des indiens Kayapos parle, il vient d'arriver à Paris. Ce chef de 75 ans se bat depuis plus de 30 ans pour préserver la vie des tribus de la forêt amazonienne nord-brésilienne ; elles vivent depuis toujours en parfaite harmonie avec leur environnement. La menace aujourd'hui est plus précise que jamais : un barrage -le Belo Monte- sur le Rio Xingu, affluent de l'Amazonie a été autorisé. Il inondera 500 km2 de terre, occasionnera le déplacement d'au moins 20 000 personnes et devrait devenir le 3° barrage hydroélectrique du monde.
Son peuple a déterré la hache de guerre. Raoni veut tenter de convaincre les présidents étrangers de soutenir son combat.
Le président qui le reçoit aujourd'hui, nous le désignerons pour simplifier l'écriture par la lettre S, prise au hasard, l'accueille après un copieux repas.
"Moi ça me met de mauvaise humeur de sentir l'ail" pense S tout bas, mais depuis qu'on lui a dit l'âge du chef indien, il s'attend à rencontrer un vieillard geignant comme un vieux meuble. Quant à la forêt amazonienne, il s'en fait une idée très nette, il a vu le clichés, tous les clichés de Yann Arthus Bertrand, "La terre vue du ciel" est son livre de chevet, les plus belles cartes postales qu'il ait jamais vues. Cet entretien est donc pure routine. Une affaire expédiée au pas de course. Et puis se dit-il : "Mes abandons ont les reins solides", quoiqu'il me demande, je n'en serai pas à la première promesse non tenue, promettre n'engage à rien.
Voilà qu'entre ce chef impressionnant, immense, puissant, déterminé. Le labret - large plateau à la lèvre inférieure- qu'il arbore est le symbole que sa vie vaut moins que celle de la terre et qu'il est prêt à mourir pour la défendre.
Posément, il explique la disparition d'un mode de vie, la destruction de la forêt, il parle de la terre comme d'une compagne si passionnellement amoureuse qu'à tout instant sur le point de bondir elle nécessite comme un jaguar parmi nous que nous la surveillons, que nous guettions chacune de ses réactions à nos maltraitrances. Il tente de faire comprendre le peu de vie qu'il reste à notre planète-terre si on continue à la maltraiter ainsi.
Il parle aussi longtemps qu'on le laisse parler, puis il se lasse du sourire amusé du petit chef blanc, de ses bâillements retenus. Las de ne pas convaincre par ses mots, il s'arrête, se lève et calmement sort de sa poche un tout petit sablier et sans un mot le dépose sur le grand tapis d'apparat du petit salon de l'élysée et le sable se met lentement à s'écouler.

(en italique, les mots "sortis" de la boîte)

vendredi 7 mai 2010

Boîte à trésors

Comme il ne faisait pas  un temps à bécher dehors, ni à vous mettre sous la clématite de notre  hotesse, vous avez sarclé  dans notre boite à trésors
Je suis sûre qu'il n'y avait pas de mauvaises herbes.
Le bon grain c'est mélé  à l'ivraie et la récolte a du être bonne.
Malheureux absents qui n'ont pas connu cette liesse..

jeudi 6 mai 2010

Boîte à mots

Nous trouvant en petit comité d'écriture, nous avons utilisé notre boîte à mots (à phrases aussi...) pour écrire. Chacun , chacune en l'occurrence, se devait de piocher 7 petits papiers dans la boîte à trésors et avait pour obligation de les inscrire dans son texte 
Comme nous ne sommes pas tyranniques envers nous-mêmes, nous avions la possibilité d'en échanger un qui vraiment ne nous convenait pas, et comme on ne contrôlait pas ce que faisait chacune, on pouvait même en échanger davantage!!! Mais dans la vraie consigne, il faut jouer le jeu sans tricher!
Les absents ont eu tort de ne pas être là, car nous avons bien ri!
Finalement, comme dirait quelqu'un de notre connaissance, c'est bien avec des mots que l'on écrit et pas avec des idées!