lundi 30 décembre 2019

Heureuse année



Que votre année soit aussi lumineuse, riche et productive que ce champ étonnant.

Tous mes voeux vous accompagnent

jeudi 19 décembre 2019

Joyeux Noël à toutes les filles de la terre

Pour changer des traditionnels couronnes, gâteaux ou bougies de Noël, quelques titres extraits du sommaire d'un livre offert par une de mes copines :

"Eliminer les têtes féminines qui dépassent"
"La visiteuse du crépuscule"
"Sus aux réfractaires"
"Le réflexe de servir"
"Un élan vers d'autres possibles"
"Les gardiennes de la lisière"
"Quand l'irrationalité n'est pas du côté que l'on croit"
"Votre monde ne me convient pas"
Que la Mère Noël nous exauce, que le Père Noël se casse les pattes, et que tous les "ceux" qui sont de notre côté nous épaulent, voilà ce que je souhaite dans votre petit soulier sous le sapin, ou sous vos jupes sur votre balai.
Plein de bisous et l'espoir de l'ébauche d'un autre monde
Mona Cholet "Sorcières, la puissance invaincue des femmes" 

mercredi 4 décembre 2019

Drossanges

  
 Parfois on dérape sur certains mots, comme si les creux et les sinuosités des lettres donnaient un surcroit de vie à quelques lieux, ou quelques êtres revêtus d’un peu d’importance. Un mot se risque dans la rumeur de la langue, vient se frotter aux éclats d’un monde et se coagule entre les lèvres. Drossanges n’était pour moi qu’une maison qui rimait d’or avec mon prénom et le nom du village, où tous les étés je venais boire un verre de grenadine, grignoter un biscuit , m’étonner du vagabondage des poules dans la cuisine et laisser ma main caresser le dos du chien aux poils fauves qui portait le doux nom de Furlot. Des cousins germains de ma grand-mère, Firmin et Marie, vivaient là, dans cette maison isolée au bord de nulle part. On libérait les chèvres de leur enclos et on les menait dans le grand pré derrière la maison où des frênes formaient une haie qui a disparu, comme beaucoup d’autres. Mon frère et moi détachions quelques feuilles pour les offrir à ces bêtes qui les affectionnaient. On se disait que les chèvres nous aimaient. Et Furlot aussi qui se couchait à nos pieds.

Il n’y avait là rien d’autre qu’un réel, à langue égarée. Et même si les souvenirs s’éliment un peu à la marge, je n’ai pas en mémoire ce ruisseau qui se nommerait aussi Drossanges . Sa source et son embouchure me sont étrangères; apparemment c’est un affluent de l’Ance coulant sur 3,21 km. Il appartient à cette hydrographie muette mais néanmoins porteuse de nom, suintant entre des touffes d’herbe, au fond de ravins inaccessibles où s’écoule une vie dont on ne sait pas grand chose. Sur la carte IGN, il semble couler en pointillés, sans être nommé . Il pourrait naître au sud de Bois de cour, tout près d’un des chemins où mes pas me guident régulièrement… et je ne savais pas. Je fais un arrêt en image figée sur cette ligne de démarcation entre une réalité imprécise et un rêve tout neuf. Je tente de suivre son chemin sur l’écran d’ordinateur, le perd, le retrouve, le perd à nouveau, découvre alors un autre ruisseau celui de Boissières avec qui raisonnablement il doit s’accoupler avant de se fondre dans l’Ance et plus en amont dans la Loire…

  Le nom de Drossanges se doit d’être désormais partagé entre une maison qui ne rouvre plus porte et fenêtres depuis de longues années, et ce cours d’eau qui suinte encore quelque part où je n’ai pas laissé glissé ma main, ni abandonné quelque vaisseau de papier. Ce nom vibre doublement entre pierre et eau, à la lisière de mon regard, Il s’amplifie de mots naufragés sur les rives de la mémoire. Pas très loin, sur le versant opposé, je lis ravin du jugement où l’on ne peut accéder et cela vaut peut-être mieux. Est-ce l’écriture, couverte de jadis, qui agrandit la carte ou la cohabitation intime avec les mots d’une carte qui pousse des portes inconnues ?

mardi 3 décembre 2019

Cartographie Bonus 2

A défaut de faire de vraies randonnées, une carte entre les doigts, on va se promener grâce à Google maps sur notre carte. Zoomer sur des lieux que vous ne connaissez pas ou dont la dénomination vous est inconnue. Prendre des captures d'écran (disons 3...) de ce lieu zoomé à plus ou moins grande intensité ( carte et/ou  photo aérienne) et écrire à partir de ce nouveau nom qui va vous guider dans l'écriture...
Ce travail peur être fait plusieurs fois...avec des noms différents...

lundi 2 décembre 2019

où s'égarer

Ce serait le labyrinthe idéal où s’égarer; on pourrait presque se dire qu’on se perd dans Venise. Ce serait des tranchées sans horizon, des parcelles de vide, un diamant à 9050 facettes , un ventre empli de creux, d’impasses et de limites. Ce serait l’empreinte d’un monde que l’on croit connaître. Mais ne rien retrouver, se laisser enfermer dans ces minuscules cases, ces alvéoles d’incohérence, s’enserrer entre les mâchoires d’un passé qui n’en finit pas de murmurer à l’oreille, de distiller son flacon de nostalgie, de faire croire à des leurres de lumière. Ce serait enfin un cadre où s’épuiser.

Il faut entailler la topaze, étirer, écarter, forer entre les murailles, libérer les lentes de froid qui sommeillent au col des souvenirs. Voir alors ce qui s’écarte, sentir les voix du vent, entendre les palpitations qui se libèrent, délivrer les couleurs qui suintent, poudrer de désir les parois de silence, et, des frissons dans l’échine, tâtonner jusqu’à chercher l’espace où trouver quelque chose... l’autre peut-être. Jouer avec les cendres et les fumées, les natures mortes et les angles coupants, se lancer dans ce chatouillis de plumes d’encre. Retrouver les empreintes sur les planchers de sable et creuser d’une main d’enfant. 

Le cœur en basse continue, poursuivre l’effort, laisser l’ordinaire aboyer dans l’air du matin, écarter toujours plus avant, voir l’antre battu par les vents et les illusions d’une enfance plus lourde que des montagnes. Cela respire entre les doigts dans ce cadre immobile où l’on entendrait presque le vacarme d’un baiser et tous ces menus riens qui écorchent le papier. On sait très bien la transparence de l’aube, les interstices des jours où recueillir les traces, l’empreinte d’une mémoire, les pulsations de ces vies, les arbres tout près qui ont tant grandi et qui portent le ciel. Bleu, si bleu.

dimanche 1 décembre 2019

Cartographie Bonus 1

Comme  le dit Ange Gabrielle nous nous activons dans l'ombre pour préparer lecture et expo du travail réalisé pendant deux ans sous le vocable CARTOGRAPHIE. Mais afin de ne pas perdre la main de l'écriture, je propose d'écrire en électron libre ( c'est à dire chacun dans son chez soi douillet) à partir du cadastre de notre village ou territoire dont il est beaucoup question dans nos récits.
Poster la photo du cadastre donc ( grossi et dégrossi comme il vous plait!) et délirer dessus ( au sens deleuzien...) On trouve les représentations du cadastre en tapant le nom du village choisi et cadastre... 


Et pour le plaisir, quelques citations de Deleuze:

Délirer, c'est exactement sortir du sillon ( comme "déconner", etc).

Fuir n'est pas exactement voyager ni même bouger (...) les fuites peuvent se faire sur place, en voyage immobile.

Tracer, Inventer, Créer, c'est la trinité philosophique.

Devenir, ce n'est jamais imiter, ni faire comme, ni se conformer à un modèle, fût-il de justice ou de vérité. Il n'y a pas un terme dont on part, ni un auquel on arrive ou auquel on doit arriver.

Partir, s'évader, c'est tracer une ligne, des lignes, toute une cartographie. On ne découvre des mondes que par une longue fuite brisée.

Map Works

Plein d'idées pour continuer vos collages dans la rubrique "Mon Univers" ou ... ailleurs.
Cet artiste s'appelle Matthew Cusik, peut-être le connaissez-vous ? Jfb-monoeil m'a montré ça ce matin.








Vous pouvez en voir beaucoup d'autres en allant sur le site : https://www.mattcusick.com/paintings-collage/map-works/1

samedi 30 novembre 2019

Atelier pratique

Nous préparons "activement" notre prochaine lecture publique ; pour les aspects pratiques -car la prochaine présentera aussi des "tableaux, textes, cartes, photos ...- le thème étant "Cartographie", nous nous réunissons parfois des après-midi entières. Ce qui nous laisse le temps pour des apartés, tout en restant dans le cadre "Travaux pratiques". Notre fin de séance fut marquée par les Bee-Wrap.
Késako ? Je vous entends de là ... Simplissimo !
Le bee wrap est un emballage réutilisable à la cire d'abeille. Entièrement écologique et économique, le bee wrap vous permet de transporter et conserver vos aliments sans utiliser d'emballage jetable comme le papier d'aluminium ou le film alimentaire.
Bien sûr, vous pouvez l'acheter tout prêt, pas le genre de l'atelier, pas du tout.

*Se procurer des pièces de coton que vous découpez selon la taille désirée.
*Placer sur la plaque de votre four, pour la protéger, du papier-cuisson.
*Poser vos pièces de coton sur le papier recouvrant la plaque.
*Saupoudrez chaque pièce de paillettes de cire d'abeille (ça s'achète en magasin bio)
*Mettez au four température 100° pendant 2 à 3 mn. C'est prêt. 
*Sortez du four

Vous pouvez ensuite recouvrir pots, bols, tous récipients dans lequel vous aurez mis des aliments -bien pratique pour les restes-
La chaleur seule de vos mains suffit à faire prendre au bee-wrap la forme de votre récipient. Le bee-wrap reste bien en place.
Il est réutilisable autant de fois que vous le désirez. Vous pouvez le rincer, le laver à l'eau, en fabriquer de toutes dimensions, même de grandes dimensions -car on peut le plier en 2 si vous le désirez plus grand que la plaque du four- 
Lorsque vous trouvez que votre bee-wrap -après de nombreuses utilisations- a trop de marques dûes aux différents plis, repasser le tout simplement à nouveau au four, il redeviendra neuf.
Fini les films alimentaires, les déchets
Vous pouvez aussi y enrouler vos sandwichs, votre 1/2 avocat ... pour le transport
Et puis si vous voulez en savoir plus, allez sur n'importe quel site "Bee-wrap", les "tutto" sont nombreux.
Quel rapport avec l'écriture, me direz-vous ? De nombreux, car nous n'envisageons pas un atelier de plusieurs heures sans quelques petits ravitaillements pour maintenir l'énergie et la bonne humeur.


vendredi 29 novembre 2019

SOS Loire Vivante


L’endroit comme un envers. J’y suis née mais ne l’ai pas vécu. Il se ressemble de moins en moins, récemment, j’ai compris que ça allait devenir pire, (pelleteuses et chenilles caterpillars et rouleau compresseur) l’endroit pourrait être rayé de la carte. De même que dans ces effondrements de terrains vus à la télé ces derniers jours, l’endroit pourrait être enseveli sous le glissement des pierres dérangées. Les Morts viendraient avec car mon lieu de naissance est surplombé par le cimetière où demeurent à jamais mes parents fleuris.
LE CHIER,  ça signifie PIERRIER, même si à lire ça fait un peu chier.  On n’a pas l’habitude de dire toutes les lettres en français. Un amas de pierres. On les avait mises debout, on les avait rangées, on en avait fait des maisons et des murs pour tracer des ruelles.
En contre haut, le clocher mais pas seulement
En contre bas, la claire rivière, il n’y a rien à craindre, encore jeune et encore si vivante
L’effondrement viendrait de l’intérieur de la terre alors ? des profondeurs ? des tirs de mine dans la carrière en face ? de ces détonations incessantes qui équarrissent le paysage ?
Ou bien d’un coup de foudre qui brûlerait le noyer qui tenait dans ses racines le socle du pays. Comme dans un jeu de Fantasy, une trappe s’ouvre dans une autre dimension, on se retrouve dans un livre d’Haruki Murakami, à compter les crânes endormis, pleins d’histoires et de poussière.
Ou bien on passe sans se rendre compte, derrière le rideau de la cascade.
Eaux ruisselantes, lichens jaunes, agrippements de lierres, petits chemins boueux et l’ombre de moi en petite fille, toute petite et faisant ses premiers pas.

lundi 2 septembre 2019

replonger dans la carte, en vrai : ressortir les vieux rossignols


Comme dans les séismes, ou comme dans les films cultes, dans toutes les histoires familiales, il y a des "répliques". L'amplitude varie,  il y a des trous dans la chronologie, comme il y en a dans les dialogues et dans le goudron de la route, et chacun se retrouve de part et d'autre de la fissure. Ainsi naissent les mythes, selon le processus de la mémoire sélective et de la transmission orale de génération en génération. Ainsi l'épisode du pain, une sorte de pain de la discorde, celui du 7 juin 1944 au soir de "l'incendie représailles". Les allemands étaient venus, la milice aussi,il y avait eu 8 morts la famille de ma mère avait tout perdu, même ce qui ne lui appartenait pas ; ce soir là le décor était flou de la fumée et des cendres. Les bêtes s'étaient éparpillées dans la nature, prélude de ce qui arriverait ensuite aux humains du lieu, sans foyer ; sinistrés, c'était leur nom. En attendant que ce nom devienne un statut, et sans pour autant que leur nom soit inscrit sur le monument commémoratif, un jour il faudra bien que je me penche sur cette pierre qui n'est pas encore à mon inventaire.
Ce soir là, ils étaient démunis, épuisés, apeurés, affamés. Il fallut quémander du pain aux voisins. La réplique célèbre prononcée de manière amère, inoubliable et inoubliée dit que ce pain leur fut pesé, sous-entendant qu'il faudrait le rendre, oui mais la guerre et les restrictions, allez savoir.

Ce pain pesé entre voisins victimes du même drame mais pas dans les mêmes proportions, et pas du même côté de l'incendie, je ne sais pas s'il fut jamais payé ou rendu, mais à la longue il est devenu très lourd et très noir.

Il y eut d'autres répliques liées à cet événement, plus ou moins sismiques, on pourrait écrire à l'envi des uchronies officielles ! L'Histoire a été refaite de nombreuses fois, on en est peu à peu arrivé à une sorte de consensus mou pour dire encore aujourd'hui que l'on n'avait jamais su qui avait dénoncé quoi.


Aujourd'hui, installées à même le trottoir devant le lavoir de Rossignol de nos amours, devant la ferme des autres protagonistes, nous avons, nous les descendantes des sinistrés, sorti notre pique nique : tomates, fromage, pain, fruits de saison. Nous ne manquons de rien, la lumière est juste, parfaite, l'air est translucide, la température idéale.
Dans ces hameaux minuscules, un touriste est un événement, et deux femmes qui pique niquent devant le lavoir, sur des coussins au milieu des odeurs de fumier, ça intrigue. Et puis être là, c'est être chez eux aussi, comme dans leur cour.
Sortie de sa maison, en pantoufles et tablier-blouse sans manches sur petit pantalon court, le tout dans les tons de bleus très doux, une petite femme sans âge mais de 82 ans, s'approche pour nous parler, alertée par son fils qui nous avait croisées devant "Le" monument et fait des signes joyeux, avant coureurs, de la main.
 
Nous avons très vite su, de part et d'autre, à qui nous avions affaire(s). Parce que le thème de la météo n'a même pas tenu le temps des amuse-gueule. Et parce que dans ce hameau rossignolesque, des Montaiguts et des Capulets, les Roméo et les Juliette d'alors sont morts, et seule l'odeur de fumier doit à peu près être la même qu'en juin 1944, même si les bêtes ont changé de régime et mangent sans doute du soja d'Amazonie, qui brûle elle aussi mais ce n'est pas le sujet. Et que c'est sur ce fumier qu'ont vécu ceux qui sont restés là, et ça ne nous coupe pas du tout l'appétit.

Un chien noir aux chaussettes blanches, tourne un peu autour de nos victuailles, voulant pactiser lui aussi avec l'ennemi héréditaire. Ventre affamé n'a pas d'oreilles ?
Octavie, sa maîtresse, se tient devant nous, et nous livre sa version des événements, en tant que pièce rapportée, tenante de la partie adverse, épouse de l'un des descendants des peseurs de pain. La discussion est âpre, mais honnête, avec quelques miettes difficiles à avaler. Mais bon..

Chacune de nous essaye de mettre de l'eau dans son eau, s'accrochant à ses propres contes qui font les bons ennemis.
Nous abordons l'histoire par tous les côtés, Octavie avec des airs de conspiratrice nous indique le voisin du château, juste derrière nous, co-auteur d'un livre qui met dans la bouche de son défunt mari des paroles qu'il n'aurait jamais prononcées. Elle nous parle de sa vie maintenant, de sa vie de quand elle n'y était pas, ici, de sa soeur qui habite en face d'elle, du rien qui se passe, ou si peu, de Nagui et de son émission "n'oubliez pas les paroles", regardées par deux d'entre nous sur trois, et nous non plus nous ne les oublierons pas. Au moment de prendre congé et de remballer nos reliefs de repas et nos restes, impossible de retrouver le pain, auquel nous n'avons pratiquement pas touché.
Octavie retournant à sa vie, nous dit : "Vous m'avez fait réfléchir"
Le chien pays, comme on dit en Guyane, lui se pourlèche les babines. Je pense que la dette est payée.




vendredi 30 août 2019

Se replonger dans la carte

« Il se peut que … je sois condamné à revenir sur mes pas tout en croyant que j'explore, à essayer de connaître ce que je devrais fort bien reconnaître, à apprendre une faible partie de ce que j'ai oublié »
Citation de A Breton par Adrien Bosc dans "Capitaine" Stock p346

mercredi 14 août 2019

TERRITOIRE.

Ils auscultent "la carte et le territoire" Ils glanent dans la fraîcheur du matin ou la douceur du soir à la recherche d'"un temps perdu".

mardi 28 mai 2019

jeudi 23 mai 2019

LA SUITE DANS LES IDÉES par Sylvain Bourmeau
LE SAMEDI DE 12H45 À 13H30

Littérature en quête d'enquêtes

vendredi 3 mai 2019

date du prochain : on reste au mercredi, même heure que d'habitude et chez Ange

Désolée pour notre Roi des Causses sans kilt, quoique je suis certaine qu'il lui siérait fort bien. 
On en reste à notre jour habituel, c'est à dire le mercredi 17h45.




vendredi 26 avril 2019

M'en lasserais-je un jour ?

Lieu-dit "Le Calme" à Bourdeaux



En arrière-fond, à gauche  "Le Pré de l'Âne", extrémité de la forêt de Saoû, à droite "Couspeau"
Entre les deux, le Col de la Chaudière.
Cette nuit est tombée "La neige du coucou", nommée ainsi parce qu'elle est la dernière après avoir entendu le chant du "coucou". Ce qui n'empêche pas une grande douceur et de minutes en minutes des ciels changeants, certains à fondre de beauté.




Couspeau et son "têton" lui aussi saupoudré pendant la dernière nuit et la douceur des innombrables verts printaniers






Photo prise durant la même balade à quelques minutes d'intervalle et à quelques mètres des deux premières. Le printemps est une merveille de tous les instants.

samedi 20 avril 2019

Cartographie 23/ Légende

Se dire que, bien sûr, on n'a pas fait le tour de la question, qu'il resterait bien des pistes à explorer encore...mais qu'il faut aussi savoir conclure, et laisser chacun s'emparer de toute cette matière qu'il a entre ses pages écrites et d'en faire quelque chose...ou pas...
Alors, voilà la dernière proposition d'écriture après lecture de fragments de "Dans les ruines de la carte"  d'Emmanuel Ruben, avec qui j'ai commencé ce chantier d'écriture:
 
De quoi est faite une carte? De chiffres et de lettres, de lignes et de couleurs, de quelques pictogrammes épars. Cinq registres de signes pour suppléer la réduction du visible et de l’invisible en deux dimensions et de nos cinq sens en un: la vue, disons plutôt le regard – ce toucher, cette écoute de l’oeil lorsque la rumeur du monde s’est tue, lorsque se sont aplanis les moindres reliefs. Selon qu’un de ces quatre éléments prend le pas sur les trois autres, l’enfant qui a longtemps vagabondé ces cartes en main, ces cartes sous les yeux, ces cartes plein les paupières, se rêvera tour à tour géomètre ou mathématicien. S’il veut tenir ces quatre-là en un, il se rêvera stratège, arpenteur, cartographe, ou plutôt géographe. Ou qui sait, dessinateur, écrivain: mesurer, interpréter, partager, délimiter auront fini par le lasser. Ce qu’il voudra désormais, c’est créer. Créer la carte. Créer sa carte. Non seulement tracer des lignes mais construire la légende, construire sa légende. “Trouver le lieu et la formule” signifie en réalité les inventer, les réinventer. Réinventer le lieu. Réinventer la formule. Créer encore et toujours, jusqu’à l’épuisement.
Proposition d'écriture: créer sa propre légende émotionnelle, affective, face à sa carte; noter un arbre, une ruine, un chemin... avec quelques mots pris dans ses textes ou réécrits avec poésie
Petit cadeau,un extrait de l'épilogue du livre de Ruben :

J’appelle en archipel une écriture faite d’allers-retours, de va-et-vient, de chassés-croisés – une écriture à sens multiples
J’appelle en archipel une écriture qui explore le labyrinthe de l’esprit et traverse le miroir du corps
J’appelle en archipel une écriture qui sait que la vie est le rêve d’une ombre
J’appelle en archipel une écriture qui sait le réel improbable
J’appelle en archipel une écriture qui sait qu’il n’y a pas de monde un mais des mondes pluriels, innombrables
J’appelle en archipel une écriture qui relie les lieux délaissés et relit les livres oubliés
J’appelle en archipel une écriture ouverte, au plus près du dessin, de l’ébauche, de l’esquisse
J’appelle en archipel une écriture qui consent à recourir à l’image lorsque les mots ne suffisent plus, que cette image soit une photo, une carte, un croquis, un simple trait
J’appelle en archipel une écriture qui se méfie de l’ordre du discours et laisse la place au désordre des voix
J’appelle en archipel une écriture qui multiplie les points de fuite et superpose les échelles 
(...)
J'appelle en archipel une écriture hantée par le démon de l'inachevé

mercredi 17 avril 2019

Carte géologique harmonisée du département de la Haute-Loire

http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-56860-FR.pdf

Cartogaphie 22

Quelque part
au milieu
il y a le lac

La trace de l'ancienne route

Elle est encore visible
il faut connaître.

Elle descendait jusqu'à la scierie
noyée
au fond du lac

Le bief
En est encore visible
Quand le niveau baisse

De l'autre côté
La route goudronnée existe encore
Mais l'arrivée sur la berge
A été détourné vers le barrage

Les anciennes photos
Montre les attelages
qui descendait vers la scierie ou en revenait

On ne sait pas

Les gens posaient longtemps
Immobiles
Au soleil

On imagine, avant
Avant le barrage
Avant que le lac ne referme
Le vallon

Comment était la lumière ?
Avant le barrage ?
Avant le lac noir ?

L’eau miroir,
Les résineux en étouffe la transparence

Seule une tache claire, une petite plage
Pour des elfes farceurs qui s’en viendraient la nuit
Rejoindre les fantômes des scieurs disparus
Des temps anciens
Avant,

Avant l’histoire.

dimanche 7 avril 2019

Rive

sur la rive d’eau on fixe
et nait le songe
de ce qui peut être


un peu d’infini usé par les plis de l’eau
sur l’âpre lit de pierres
le chant des ombres qui n’en finit pas d’émousser
ce qui se cherche encore
les forces qui fluent, se brisent et traversent
l’inerte en dedans
les peaux d’eau de chair et de chagrin battantes
où glissent des mots de rien
l’équilibre fragile d’un reflet où un autre versant se cueille
entre secret et vertige des signes


peaux de tambour
la main presque à toucher
les bois flottés, les herbes d’eau, les galets noirs
chair de poule
on dirait de la mémoire