Ce serait le labyrinthe idéal où
s’égarer; on pourrait presque se dire qu’on se perd dans Venise.
Ce serait des tranchées sans horizon, des parcelles de vide, un
diamant à 9050 facettes , un ventre empli de creux, d’impasses et
de limites. Ce serait l’empreinte d’un monde que l’on croit
connaître. Mais ne rien retrouver, se laisser enfermer dans ces
minuscules cases, ces alvéoles d’incohérence, s’enserrer entre
les mâchoires d’un passé qui n’en finit pas de murmurer à
l’oreille, de distiller son flacon de nostalgie, de faire croire à
des leurres de lumière. Ce serait enfin un cadre où s’épuiser.
Il faut entailler la topaze, étirer,
écarter, forer entre les murailles, libérer les lentes de froid qui
sommeillent au col des souvenirs. Voir alors ce qui s’écarte,
sentir les voix du vent, entendre les palpitations qui se libèrent,
délivrer les couleurs qui suintent, poudrer de désir les parois de
silence, et, des frissons dans l’échine, tâtonner jusqu’à
chercher l’espace où trouver quelque chose... l’autre peut-être.
Jouer avec les cendres et les fumées, les natures mortes et les
angles coupants, se lancer dans ce chatouillis de plumes d’encre.
Retrouver les empreintes sur les planchers de sable et creuser d’une
main d’enfant.
Le cœur en basse continue, poursuivre
l’effort, laisser l’ordinaire aboyer dans l’air du matin,
écarter toujours plus avant, voir l’antre battu par les vents et
les illusions d’une enfance plus lourde que des montagnes. Cela
respire entre les doigts dans ce cadre immobile où l’on entendrait
presque le vacarme d’un baiser et tous ces menus riens qui
écorchent le papier. On sait très bien la transparence de l’aube,
les interstices des jours où recueillir les traces, l’empreinte
d’une mémoire, les pulsations de ces vies, les arbres tout près
qui ont tant grandi et qui portent le ciel. Bleu, si bleu.
2 commentaires:
remonter des eaux ! magnifique
Très beau pour ne pas reprendre magnifique, l'émotion affleure à chaque instant.
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