Un
jour il faut se jeter à l'eau. Dévorer des yeux le bleu, l'important c'est de
se fondre dans l'azur, faire partie du ciel, s'y noyer même, tout en douceur de
coton.
Je
promène ma vie dans des livres aimés, un labyrinthe de mots écrits par d'autres
et qui clignotent à chaque carrefour pour m'indiquer une direction, qui si elle
n'est pas la bonne, n'en sera pour autant pas maléfique. La mise en abyme de
l'image est un oeil vorace qui m'aspire mais me nourrit au lieu de me manger.
Un méli-mélo de surprises et de reconstitutions et je me laisse aspirer à plus
de profondeur, quitte à étouffer, suffoquer même. C'est à mon tout d'écrire mes
chroniques sur pilotis.
Dois-je
freiner ? dois-je accélérer ? Dois-je m'envelopper de nostalgies ou émerger de
ces ouates mortifèrement bleues ? Dois-je les dissoudre ? Comment assembler ces
azulejos pour en faire une fresque intime à mettre entre toutes les mains ? les
empiler façon château de cartes quitte à les voir se briser en d'autres figures
qui me ressembleraient aussi ? Ainsi s'écrit un livre à petits carreaux, de
ceux qu'on lit le dimanche quand on n'a plus le goût à rien.
A
Lisbonne les tramways jaunes brinqueballent, je laisse les gondoles à Venise et
je prends le premier vaporetto venu, tant de bateaux et si peu de rivages où
jeter l'encre, tout me donne le mal de mère.