dimanche 11 décembre 2016

Hänsel und Gretchen

Maison de pain d'épices

Faite maison et qui se déguste entièrement !

Certaines n'en croiront pas leurs mirettes; pourtant tout est véridique ; tout se mange, les murs, le toit, la cheminée ; la déco faite de smarties et de sucre glace parfois foncé au chocolat noir, la colle de sucre glace avec du blanc d'oeuf et quelques gouttes de citron.
J'ai passé mon après-midi à construire patiemment cette oeuvre-là ; systématiquement ; sans relâche; dès que j'avais terminé tout s'écroulait. Patiemment j'ai recommencé ; puis calé les quatre murs de quatre bouteilles ; pris un livre ; plusieurs chapitres plus tard tout avait durci ; voilà le résultat ; le fumeur d'encens et sa lanterne proviennent de RDA.
Mes activités manuelles m'ont reposée de cette semaine éprouvante.

samedi 10 décembre 2016

Des points-virgules en forme de coeur et une couronne tressée pour toi



Cette année elle t'est dédiée ; à toi qui est arrivée ; comme un météore dans ma vie ; m'a fait redécouvrir la passion ; souvent quand je conduis ; tu t'assieds à ma droite ; passagère avec qui j'ai de longues discussions ; je sais que tu n'en as pas terminé ; de me transmettre ; l'essentiel.
TRANCHE DE VIE;

  Un lit ou peut-être deux; des femmes et des hommes; des hommes et des femmes qui s'agitent; se heurtent sans se voir; se précipitent; des femmes en blanc des hommes en bleu; ou l'inverse; des coursiers du soin vulnérables; en sous-nombre. Moi au fond du lit; d'abord je ne suis rien; je ne suis plus rien; je suis un tout malade; un tout voué à l'infection qui me ronge; ma respiration courte se perd en avant de mes lèvres; un souffle qui ne m'emmène plus; qui ne m'amène plus le monde; je perds le temps; je perds son sens. Des couloirs longs si longs; si froids ; du gris partout; sur les murs sur le sol silencieux; des néons qui éclaboussent les visages blafards. Et on pousse une porte; royaume de la lumière cinglante démultipliée; pieuvre tentaculaire au plafond; royaume du métal; des cliquetis hurlants puis des chuintements. Un cathéter sur la main; le sang gicle; des pansements; accélération des mouvements; un masque sur la bouche; le trou noir.

jeudi 1 décembre 2016

Hommage à une grande dame



Mado c'est à toi que je m'adresse : je sais que tu es retournée dans ce « bleu » dont tu nous parlais constamment et que tu as passé ta vie à essayer de peindre.
Aux pages 22 à 24 de ton beau livre *, tu décris au plus près et au plus simple avec tes mots à toi ce lieu que tu souhaitais rejoindre. Tu as toujours voulu retrouver cet état comme tu l'écris et que dire de plus que tes mots à toi, je te cite :

« Il y eut cet instant dont je suis revenue alors que j'aurais tellement voulu ne pas en revenir. Cet instant que je vais tenter de dire : quelque chose soudain craque, la corde a craqué comme des amarres qu'on lâche ; je suis deux. Je dis oui. J'accepte inconditionnellement, j'accepte complètement, totalement de mourir. « Quelque chose en moi » accepte. Je lâche, ça lâche, je suis d'accord, je meurs ; « une volonté venue d'ailleurs » me fait tout lâcher, je suis deux : une en bas, une en haut ; et instantanément je « tombe » mais pas en bas, en haut, je tombe, je me trouve dans le bleu … Du bleu profond – vif, beau, décorporée, je n 'ai plus de corps, je suis envolée ailleurs en pleine conscience … et c'est une immensité infinie. Plus de corps, je ne sens plus rien physiquement – je dirais plus tard ils auraient pu me couper en tranches, en morceaux -, je ne sens plus rien de physique, plus de souffrance, mon corps n'est plus là mais j'ai conscience de tout, je les entends parler, je sais que c'est moi et pas moi, que je n'ai plus de corps physique, état de plénitude infinie, de vide infini, de solitude sereine infinie, de silence et de calme infinis, de paix, de RIEN, d'élargissement dans une paix immense, quelque chose de serein, de silencieux, d'absolument silencieux, de vaste, solitude ineffable et sereine, c'est bleu, il y a une présence et pourtant rien. Je ne suis pas et pourtant je suis. Je suis un immense cerveau, le cerveau unique de l'univers. Le monde n'existe plus mais il existe quelque chose en démultiplié, une seule immensité dont j'ai parfaitement conscience. Je suis en vie avec un regard qui voit à trois cent soixante degrés. J'ai conscience, je les entends parler … Je fais partie ou plutôt je suis cette immensité et ce silence, je suis seule, unique, indiciblement bien. Je suis TOUT. Je suis ce vide et ce plein, ce rien et ce tout cette « éternité ». Ce n'est pas possible de l'expliquer il n'y a pas de mots pour ces images et cet état. J'étais sortie du corps et du monde matériel. Je ne sais si cela a duré quelques secondes, quelques minutes ou plus ... »

J'ajouterai seulement ces quelques mots aux tiens si forts.
Ceux-ci ont été écrits par Hélène Cixous quand je lui ai appris ta mort : «  Madeleine s'est mise en liberté. Naturellement nous la garderons vivante. »
Et ceux-là par deux amies rencontrées cet été : « Madeleine est partie et le bleu elle l'a retrouvé avec toute la sérénité, le rien, le tout qu'elle a décrit si fortement »



* « Algérie le soleil et l'obscur »  Madeleine Chaumat    éditions La Rumeur libre