dimanche 28 février 2016

Front, sourcils, yeux, pommettes, oreilles etc ....


Je l'aperçois de loin. Son visage rubicond illumine l'autobus et reflète son amour de la bonne chère. J'ai aussitôt la certitude que c'est un bon vivant, ses oreilles d'elfes et sa bouche pleine de dents me disent qu'avec lui on ne doit pas s'ennuyer. Sa tignasse hirsute ajoute une touche de gaieté d'autant plus qu'elle est rousse, j'imagine aussitôt tous ses poils ensoleillés s'il était dans mon lit. Pas de sourcils, son visage en paraît encore plus étrange. Comment ne pas le remarquer ? Tout en lui penche à dire qu'il est un être original, son nez en trompette me joue de loin un petit air de jazz. Hop ! Je me glisse entre les usagers de cet autobus, essaie de m'approcher de ses pommettes frondeuses quand ... brusquement, le chauffeur freine et ... je tombe dans ses bras.

Texte écrit lors de jeux d'écritures au dernier atelier chez Béa

A ma cousine bienaimée


« Aujourd'hui froid Nous approchons du mois de mars et la météo nous annonce du froid et des gelées nocturnes, froid danss le dos, froid de canard … Les vieux ont toujours froid : leurs mouvements sont réduits, leur nourriture minimale, leur os ont froid depuis qu'ils n'ont plus que la peau sur les os. Leur âme a froid car la solitude l'a envahie, peuplée de leurs seuls souvenirs. Leurs appartements sont si souvent vides qu'ils ne se réchauffent pas. Le soleil les écrase, aussi l'été passent-ils à l'ombre -ce qui ne les réchauffe guère. Leurs mouvements ont cessé d'être amples et souples c'est pourquoi leurs articulations sont froides et raides. Aussi, faut-il souvent les prendre dans nos bras pour leur donner un peu de chaleur bienfaisante. Ils attendent la mort, la lumière resplendissante de l'au-delà, mais en attendant ils ont froid. »

samedi 20 février 2016

Aujourd'hui ce qui pourrait me faire passer pour fou


« Crainte absurde ? Certes; mais vit-on ailleurs que dans la forêt de ses folies mal guéries de l’enfance ? A-t-on déjà vu un être humain exister autrement qu’à travers l’opinion cinglée qu’il se fait du réel ? » Alexandre Jardin. Des gens très bien. Grasset, 2010.

Je peux sans difficulté dresser une liste de ce qui pourrait me faire passer pour folle : mes maux continuels, mes insomnies, mes colères légendaires, mes cheveux hérissés au réveil à la « Schtrumpfelpeter »... Chacun d'entre nous a ainsi sa liste qui en fait un être hors norme. La normalité m'apparaît de plus en plus être un leurre, la folie est donc la norme. A chacun sa folie, son monde clos, bien à lui et rien qu'à lui. C'est en cela que nous nous ressemblons. C'est faire preuve de lucidité que se reconnaître fou. Tout homme, perd un jour ou l'autre le contrôle de sa raison et sait qu'elle est défaillante. Et puis « faire le fou » fait du bien, défoule et permet peut-être d'atteindre la sérénité. Et qui n'a pas aimé à la folie, a t-il vécu ? »

mardi 16 février 2016

Consigne du 13 février "végétal"

Mai 2012 mine de plomb et encre



Nous avons visité aujourd'hui l'expo de Fred Deux à la galerie Alain Margaron. j'ai été happée par ces filaments, racines, dendrites qui courent et se développent sur la feuille. Des réseaux de cils vibratiles, des ramifications de lierre, algues, branches rampent, avancent. Tout ce végétal s'amplifie et progresse comme les signes de l'écriture sur la page, comme les mots qui ressassent l'horreur. Des nervures se faufilent, deviennent momies, fourmis, corps, sexes, des cellules explosent avec ou sans couleurs, le sang coule, des tendons durcissent, des alvéoles éclatent en de multiples spores qui se démultiplient en fines textures ocellées.











Je vous recommande aussi le superbe musée/appartement/atelier de Gustave Moreau et sa peinture fantastique

mercredi 10 février 2016

Aujourd'hui note

 « Aujourd'hui note C'est à ce cahier grand format que je pense immédiatement : celui qui accompagne mes lectures depuis ma retraite et contient un trésor, des pépites, des pièces d'or. J'y écris ce que je nomme des « extractions » c'est à dire qu'à la fin d'une lecture, j'y recopie les passages qui m'ont le plus marquée, soit par leur écriture, soit par ce qu'ils m'ont révélés, de toute façon ceux qui ont le plus résonné en moi. Parfois, j'en feuillette les nombreuses pages et je suis toujours fortement frappée et happée par la pertinence et l'émotion que j'y retrouve. Peut-être est-ce l'objet qui parle le plus de moi, pour me connaître, c'est lui qu'il faudrait lire. Chaque page a une marge où j'annote parfois une expérience subjective forte, liée pour moi au passage que j'ai recopié. Ce que j'ai découvert par cet exercice, c'est à quel point la main, le fait d'écrire, permet de comprendre le texte autrement, plus en profondeur, d'y découvrir une strate de plus. Je devrais m'y astreindre plus souvent. »

samedi 6 février 2016

Pour Laura

"Une idée arrive, petit point minuscule, au fin fond de mon esprit. Il faut la laisser venir sans la brusquer, afin de l'apprivoiser. Cela peut prendre un certain temps, car elle ne se laisse pas faire, disparaissant lorsqu'on ne s'y attend pas, ou se cachant sous divers déguisements. Mais elle peut aussi s'imposer brusquement, invasion subite et totale de l'esprit, ne laissant place à rien d'autre : plus de notion du temps qui passe, ni de monde environnant, mais la certitude qu'"on y est", qu'"on la tient" et qu'"enfin on a compris". Et c'est alors qu'il faut rendre cette magnifique vision avec ses pauvres petits moyens, ses pinceaux et ses couleurs."

Aude Fieschi "Le vieil homme aux 10 000 dessins" Le roman de Hokusai

mardi 2 février 2016

ON PARLE DE MOI.

     On parle de moi dans les jardins de l'imparfait
dans un sens qui n'est que figuré
au passé qui n'est plus jamais simple.
     Sous les frondaisons
qui ne sont plus  si vertes roulées
dans des chandails à motifs ajourés
piquées de souvenirs filant les mauvais jours.
     Dans les cabinets d'aisance
ou peut -être de curiosité
à virgules ou à points feutrés
avec la langue en suspension
les yeux tout  en interrogation.
     Sous les lazzis les quolibets
les rires goguenards et gras
elle a joui ça m'étonnerait.
     Dans les salons
à mots couverts
à mots voilés
en demi-teintes fatiguées
les paupières tombant à moitié.
     Dans un vocabulaire choisi
entre perruche et canari
entre argentique et numérique
maille à l'endroit maille à l'envers
entre la violence et l'envi.
     Dans le vouloir tout conjuguer
les modes les temps accorder
mais obligeance est de constater
je ne peux être et avoir été.

lundi 1 février 2016

Aujourd'hui moment lumineux ...


... de cette fin de matinée : Dimanche matin totalement silencieux et paisible sous un ciel gris tendre très lumineux, doux moment entre-deux avant l'arrivée de Josette, fin de vacances sans agitation malgré le retour imminent. Onze heures, heure de rien, vide comme tous ces instants si simples que je me demande pourquoi je ne peux les quitter. Peut-être est-ce l'air du bonheur que j'y respire, celui si tenu qu'il se volatilise dès que j'essaie d'en parler ? Fond de musique du film « In the mood for love » pour ajouter de la douceur à la tendresse et nous assises au salon : Jacqueline lisant, moi écrivant, bonheur tendre à se bercer sans fin. Puis, le rire en gouttelettes cascadantes de Josette la précède. Je demeure seulement capable de capter la douceur de vivre avant qu'elle ne s'enfuie. »