mardi 27 décembre 2022

à suivre

à suivre le fil

d’or fin brodé qui s’effile bleu et vif

le fil qui guide les mots et les vies

jusqu’aux extrêmes des solitudes

celui qui file le récit incohérent

en une prose concise en soi

ce fil à ne surtout pas lâcher

jusqu’aux confins de nulle part

vers où l’on avance fatalement

et il est d’or ce fil 

 

ma traduction de la deuxième partie du deuxième interlude: 

 Le soleil étendait de larges bandes au-dessus de la maison. La lumière toucha quelque chose de vert à l’angle de la fenêtre et le fit ressembler à un morceau d’émeraude, une grotte de vert pur comme un fruit sans noyau. Elle aviva les bords des chaises et des tables et brodait d’un fil d’or fin les nappes blanches. À mesure que la lumière s’accroissait, un bourgeon ici et là éclatait se fendant pour donner des fleurs, veinées de vert et tremblantes, comme si l’effort de s’ouvrir les avait ébranlées, et fait sonner un léger carillon qu’ elles cognaient de leur frêle battant sur leurs parois blanches. Tout devenait doucement amorphe, comme si la porcelaine de l’assiette coulait et l’acier du couteau se liquéfiait. Pendant ce temps, des vagues, en un choc, se brisaient dans un bruit sourd, comme des bûches tombant sur le rivage.

 

samedi 24 décembre 2022

Klasma du temps qui passe (Semaine 6 - Jour 3/ 17H11)

"L'Inaperçu /Sylvie Germain"
     L'inaperçue - petite - si petite - se faufiler entre les lattes du plancher - souhaitée - désirée dans la neige révélatrice des folles espérances - abreuvée des nuages - des ciels laiteux - des herbes offrant leurs calices d'argent - l'oeil animé aux matins de lumière - fragments d'images - mots volés à l 'appétit de vivre - en écho avenir minéral - cavernes en creux - toujours se relever.

Joyeux Noël

 

 

 Que la lumière du matin apporte Espace et Joie dans vos coeurs.

mardi 20 décembre 2022

Interlude 4.3 p.94 Lumière sonore claques déferlements

Lumière sonore claques déferlements foudroyants jeunesse lynchée à angle droit aveuglée grugée par ce soleil sans joie et lancinant lyrisme piquant jalousie des lames de couteaux liquéfiées reposer son regard sur un coussin émeraude mais le son aigre-doux du crépuscule sentimental ne laisse au hasard des laboratoires que sa percutante clarté qui nous inflige ça -son luminescent des aurores alliées les roses de rosir les noirs de louvoyer emportement du ciel tribulations de nuages sans frivolités évanouissement langueur lumière océane clameur et silence obscur des bibliothèques réduites en poussières d'abeilles -Chaque jour est une page de moins en moins blanche.


Ma traduction

fragment 4 2ème interlude 2ème partie

 Le soleil déposa des bandes encore plus larges sur la maison. La lumière toucha quelque chose de vert sur le coin (à l'angle) de la fenêtre et le transforma en un bloc d'émeraude, un puits (une cavité) de vert franc comme un fruit pas encore mûr, immature, sans noyau. Elle accentua aiguisa accusa le bord des chaises et des tables et parsema de fins fils d'or les nappes blanches. à mesure que la lumière augmentait un bourgeon se mettait à éclore ici et là et des fleurs surgissaient, veinées de vert et palpitantes, frémissantes, comme si l'effort fourni pour s'ouvrir leur faisait déclencher le balancement d'un léger carillon alors que leurs frêles clapets cognaient contre leurs parois blanches. Tout devint doucement informe comme si l'assiette en porcelaine fondait et que le couteau en métal se liquéfiait. Entre-temps les vagues continuaient de déferler et de se briser en un bruit sourd, comme des troncs qui tombent (qu'on abat), sur le rivage.

lundi 12 décembre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 4 jour 7

 

 

16 octobre à 11h 12 je voulus voir de près ma pierre d’achoppement (Ferdinand Cheval au palais idéal du facteur Cheval)

de pierre à pierre — de mot à mot — sur la terre équarrie — chercher à nouveau — caché trouvé — ne chercher rien d’autre — sous le pas — que la fin recommencée — la mémoire de la pierre — la célébration des mots — aller à la rencontre — de la collision — dans l’éclat du cadeau — toujours insolite — (18h45)

samedi 3 décembre 2022

à l'air libre

à l’air libre

l’ourlet noir tracé tout autour de la flaque

serait-ce une mandorle d’eau

une sphère de ciel dans un réceptacle de glèbe

amande d’un au-delà qui voudrait bien se dévoiler

et délivrer les secrets d’un univers mythique

où proches et dissemblables les songeries de l’âme

gonfleraient doucement

et l’œil en un vertige verrait distinctement

ce qui reste énigme


 

 (deuxième klasma en écho à la première partie du deuxième interlude des Vagues)

 

mercredi 30 novembre 2022

ROCHER (III)

     Le Rocher
     à l'extrémité de la brume
     danse
     son âme affûte
     les forces-mosaïques
     qui étreignent
     sa carapace
     flegme cinglant
     contre la vague
     long voyage intérieur
     flagellation perpétuelle
     balafres à ciel ouvert
     pleurésie de la mer
     surfiler le rivage
     parler à l'oreille des chardons
     accrocher la rosée
     aux matins-cris multicolores
     le Rocher
     miroir des oiseaux-ricochets
     redondance du premier jour du monde.
    

mardi 29 novembre 2022

Les oiseaux

 

Les oiseaux, parfois masqués par les nuages / 

se déployaient en vol ample /

 dans le ciel grésillant des couleurs /

du couchant /

Ils brodaient de leur vol /

les lueurs du crépuscule / 

puis brusquement viraient d’angle / 

la nuée prenait une tout autre direction / 

Leur vivacité était telle que je croyais / 

les entendre pépier bruyamment / 

alors qu’ils traçaient leur broderie nocturne / 

dans un parfait silence /

 Systématiquement surprise / 

dans mon attente de leur prochain subit changement de direction / 

mon coeur vacillait d’un plaisir délicieux / 

à l’idée du prochain étonnement / 

Dépourvue de mots / 

l’espace intérieur se dilatait / 

se transformait / 

atteignant l’horizon / 

là où commençait la Joie /

 

 (consigne 100 mots / klasmathèque de Linette)

lundi 28 novembre 2022

à l'envers

à l’envers

dans le vide de la flaque

une sorte de buvard d’eau

où va et vient ce qui se nomme lumière

conversation du ciel et de la terre

où s’abandonnent des bouts de bleu

et palpitent de pâles étincelles

quand s’entremêlent les mélancolies du jour

bien cernées par un obscur petit ourlet

ruban lambeau ou écharpe ceinturant le temps

 

( Codicille: 60 mots/ commencer par à/ 10 vers/ un détail de la traduction des Vagues/ pas de ponctuation)

Ma traduction des Vagues de Virginia Woolf: deuxième interlude, première partie:

Le soleil montait plus haut. Des vagues bleues, des vagues vertes balayaient d’un revers d’éventail la plage, entourant la pointe du chardon bleu, abandonnant des flaques de lumière peu profondes çà et là sur le sable. Un léger ourlet noir se déposait derrière elles. Les rochers embrumés et doux étaient désormais marqués de fissures rouges.

D’intenses raies d’ombre s’étiraient sur l’herbe, et la rosée dansant sur la pointe des fleurs et des feuilles, faisait du jardin une mosaïque d’étincelles uniques non encore rassemblée en un tout. Les oiseaux aux gorges mouchetées d’un jaune canari et de rose, chantaient maintenant un air ou deux ensemble, avec frénésie, comme des patineurs bras dessus bras dessous, puis soudainement silencieux, s’éloignaient les uns des autres.

samedi 26 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 /jour 6

 

 

15 octobre 10h 20 : Aimer c’est ne pas savoir ( Jean-Pierre Siméon lecture à Saint-Etienne à la fête du livre)

tâtonner dans une sorte de tunnel — peu à peu — entre les plis — des silences — des uns et des autres — avant de pouvoir être — d’arriver à pouvoir être — avancer — toujours au bord — à la frange — pas pouvoir plus — se tenir dans l’indistinct — les tempes vrillées du sang — il pulse si fort —(17h32)

jeudi 24 novembre 2022

Interlude 2 p.23 Rochers durs aux fissures rouges

à partir de la phrase : "The rocks which had been misty and soft hardened and were marked with red clefts"

Rochers durs aux fissures rouges rochers brumeux brume de l'après pluie rochers qui crient avec les rapaces font voler en éclats le silence de la mer en rochers luisants glissants et lisses brûlants impraticables fissures crevasses gorges fentes projets de fuite gaz Rochers broutant le vert de la forêt rochers cataractant acérés rissolant de soleil à-pic ruisselants des vagues fracassantes glissades membres tordus Sisyphe projets anéantis dans les éboulis noirs des désirs en désordre Île du Diable cocotiers verts germant des interstices Rochers-amers manger ce qui est rouge -rêves de friandises- de rochers mous comme des Ferrero oubliés au soleil

 



ma traduction

Le soleil avait pris de la hauteur. Le soleil était encore monté. Des vagues bleues, des vagues vertes dessinaient un rapide mouvement en éventail sur la plage encerclant la pointe du houx-de-mer du chardon / du panicaut maritime et laissaient des mares, flaques, peu profondes ici et là sur le sable, ainsi qu'une frange noire arrondie après leur disparition. Les rochers qui jusque là avaient des formes vagues indistinctes et douces devinrent plus consistants et furent marqués, traversés de fissures rouges.

Des rayures d'ombre fines languissaient sur l'herbe et la rosée qui dansait à l'extrémité des fleurs et des feuilles faisait ressembler le jardin à une mosaïque d'étincelles dispersées, en train de n'en former qu'une seule.

Les oiseaux, dont le jabot était tacheté moucheté de jaune et de rose, chantaient maintenant une trille ou deux à l'unisson, frénétiquement, comme des patineurs joyeux exubérants,  bras dessus bras dessous, puis faisant soudain éclater le silence en morceaux


la cabane du capitaine Dreyfus - île du Diable - 2019

mardi 22 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 Jour 5

 

 

14 octobre à 10h15 : On ne rêve pas un lieu mais un temps perdu, la jeunesse. (Gracia Bejjani/FB)

de plus en plus loin — comme échappée sur une autre rive — non abandonnée — mais un peu froissée — serrée dans une étoffe froissée — une musique assourdie — des sons sourds — et puis des gestes — renaissance d’un lieu — de silhouettes qui traversent — remettre des mots — nommer qui et quoi — oublier tous les pourquoi — (16h19)

lundi 21 novembre 2022

ENTRE CIEL ET EAU. (II).

      L'or des vagues
     soupire
     la tristesse
     le visage masqué
     du temps qui souffre
     lueur de l'impossible
     broderie sardonique
     de la montée du soir
     après un lever de soleil
     balbutiant
     sur son buvard de brume
     lumières-péplum
     assises
     au bord de l'horizon
     embrases d'un tableau éphémère
     à la poursuite
     d'un destin annoncé
     filaments d'espoirs effilochés
     papillons de nuit drapés
     dans les voiles liquides
     d'un matin
     incertitude palpitante
     d'un jour qui naît
     plasma pour coeur battant
     mais bientôt
     l'ordalie du dernier paragraphe.


dimanche 20 novembre 2022

Interlude 1.1 P. 5 Dans la brume - l'incertitude - un badigeon de tristesse -

Dans la brume - l'incertitude - un badigeon de tristesse - indéterminée- le cafard que génèrent les jours de brouillard scintillement bruni de l'aube   montée du soir  débandade   cocon délicieux tohu-bohu des origines butyreuses   filaments effilochés de sons brisés   fricassée de sentiments béatitude -le goût de lumière masqué de bulles roses conversation dans le noir   mots dilués délavés peinant à sortir des bronchioles   équilibre bancal des mots et des choses   les bouquets argentés des forêts en hiver brume  tourbillons brume  Babel hululant dans les couloirs  une sorte de velours nocturne sur son miroir de brume / mou aussi-  des choses à la hauteur des yeux   ombre bleue sur la bruyère des landes  sur la bryone des lieux incultes sur les odeurs de buis   BRUME -mourir liquide sous les baisers des fantômes  bras enserrant le vide des blessures béantes   formes baveuses vaporeuses abhorrées brodées de quelques rires   grésillements télégraphiques   coton cliché niché dans le buisson des méninges de bronze à la barbe du temps   abondance de cloches  espaces encryptés bicéphales  brisures de hurlements piégés dans les volutes     quand l'intérieur est flou sans substance qu'au dehors les oiseaux chantent une mélodie blanche quand ne restent à la surface que des traces de gomme


codicille : le plus possible de mots contenant le B de brume. 207 mots comme dans ma traduction de fragment. Pas de ponctuation. 

Klasma du temps qui passe/ Semaine 4 jour 3

 

 

12 octobre à 9h44 : quand quelque chose entrave (Anne Savelli Des oloés p 93)

se risquer dans le noir — ou dans ce qui n’est pas connu — ce sac de nœuds mouvants — qui met à l’épreuve — chercher à dénouer — les mains tendues — avec des mots au bout — à peine lisibles — usés jusqu’à la lie — une chaîne de mots du possible — une chaîne pour déchaîner — naturellement — (16h12)

vendredi 18 novembre 2022

Klasma du temps qui passe (semaine 3 / jour 4) 17H15.

     " Pas ici, pas maintenant" Erri de Luca.
Là- pas ici pas maintenant- dehors- la nuit déjà- la mémoire du jour inscrite dans les nuages- peut-être - des lumières vacillantes aux toits gondolés des immeubles- espérances improbables- la ville à la fenêtre- sourires voraces des corneilles- créatures insolites- image de la vie amputée- mal sournois- les franges de la patience réincarnée dans une bouche sèche.

à l'unisson

à l’unisson

avec les silences incrustés et les gouttes écarlates

broderies des désirs et des rires

dans la gorge chamarrée des oiseaux

une mélodie blanche éthérée éternelle

crémeuse et veloutée d’infini

irriguée d’un peu de brume à faire palpiter

encore plus fort les creux du cœur

et virevolter les proses incertaines

en des tourbillons de lumière sur la page blanche

 

 Codicille: Klasma en écho à la dernière partie du premier interlude des Vagues de Virginia Woolf avec les contraintes de commencer par "à" et d'une  présentation en 10 vers et 60 mots.

mercredi 16 novembre 2022

Klasma du temps qui passe / Semaine 4 jour 1

 

 

10 octobre à 12h27 : Les vivants sont les urnes des morts. (J Roudault cité par Michelle Dujardin sur sa page FB)

étrange prolongement — parfois par brûlure — d’autrefois comme un onguent — ou une fusion — cela affleure et submerge — et l’on n’en finirait pas — naissance mort naissance mort — des couches de l’autre qui ressuscitent — sécrétées au cours de nos multiples vies — accepter malgré tout — les voix qui se murmurent — et tous les silences — (18h06)

mardi 15 novembre 2022

Klasma de la brume Version 1 "/"

chaque "/" remplace "dans la" ou "dans le, les" 100 mots

en miroir

Petit à petit les filaments de feu se diluèrent dans la brume -l'incertitude-, un embrasement (une incandescence) qui souleva le poids du ciel gris et laineux jusqu'au zénith (point culminant) et le transforma en un million d'atomes d'un bleu doux.

La surface de la mer devint lentement transparente et s'étala en ondulations et scintillements jusqu'à ce que les sombres rayures eussent été presque gommées.

Doucement le bras qui tenait la lampe la souleva de plus en plus haut jusqu'à ce que l'on distinguât une large flamme. Un arc de feu brûla à la frontière de l'horizon et tout autour de cet arc la mer flamboya d'or.

La lumière frappa les arbres dans le jardin rendant chaque feuille transparente. Un oiseau gazouilla assez/plutôt fort, puis il y eut une pause, puis un autre chanta dans les graves. Le soleil rendait les murs de la maisons plus vivants, plus vifs, puis il se posa sur le store blanc comme le bout d'un éventail et laissa une empreinte de doigt bleue comme une ombre sous la feuille près de la fenêtre de la chambre. Le store s'étira (se leva ? fut tiré ?) lentement mais tout l'intérieur était flou et sans substance. Les oiseaux chantèrent leur mélodie vide au dehors.


lundi 14 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 3 jour 7


 

9 octobre à 8h35 il me semble avoir été continuellement quelqu’un d’autre (Annie Ernaux in Cahier de l’Herne p21)

en suspens — peut-être un peu perdues — quelque part sans doute — des vies en apesanteur — flirtant avec les mots — s’écorchant sur les blancs de la page — se détachant des angles morts — par surprise — déposant quelques sédiments — ici ou là — expirant dans quelque recoin — sombrant encore et encore — dans un silence — intense — (9h12)

samedi 12 novembre 2022

Klasma du temps qui ne passe pas

 Clouée à l'intérieur depuis une semaine par un Covid persistant, est-ce une raison pour oublier les traditions ? Novembre reste novembre, gris-souris, jours qui raccourcissent, brumes matinales et chrysanthèmes, volutes de fumée et coocooning, lenteur et presqu'ennui, pensées pour les copines absentes entre tisanes de thym et émissions animalières. Tout, rien, fatigue, les pas sont lourds, au matin mon peu d'énergie lui est dédiée, lui le roi kougelhof, roi des petits matins frisquets et des quatre heures gourmands.

Il est à vous dédié, de tout coeur, vous me manquez tellement par cette nuit tombante, mes ami(e)s d'écriture.  12/11   17h30



 

vendredi 11 novembre 2022

Interlude 1.2 Un bras levant une lampe

un bras levant une lampe - aveuglement

un monde vert rouge jaune blanc

Tourmaline

des femmes alanguies élégamment

sur la plage écumante leurs fins souliers crissant

dans le creux du lagon

sous le sable adoré

des visages éventés des mines épouvantées

des flammèches des fibres des lueurs tremblotantes

l'horizon translucide haché condamné

le verre jusqu'à la lie

silence crépitant

éclair Grenat déchirement

les nervures d'un éventail brûlant

tous les sens interdits en émerveillement

les bouches béantes

une explosion de joie

un champignon magique

et des Gerboises bleues

un spectacle assourdissant

unique

- qu'on ne voit qu'une fois

un doigt sur l'interrupteur du temps

(codicille : en miroir 103 mots comme pour la traduction, pas de ponctuation sauf tiret, rythme et allitérations)


·  Petit à petit la ligne sombre à l'horizon s'éclaircit comme lorsque la lie se dépose au fond des vieilles bouteilles de vin et rend au verre sa translucidité verte, ou comme si le bras d'une femme allongée sous l'horizon levait une lampe et que des barres droites blanches, vertes et jaunes se déployaient à travers le ciel comme les nervures d'un éventail.

·         Puis le bras leva la lampe plus haut et l'air devint fibreux, et se déchira de la surface verte en flammèches et lueurs tremblotantes aux fibres rouges et jaunes comme les flammes fumantes et crépitantes d'un feu de joie.

(Traduction deuxième fragment premier intermède : 103 mots)



7 heures moins dix pendant ce temps : 10 novembre 2022

 


Klasma du temps qui passe


 

Le voile fin du brouillard se lève derrière le « Grand Manteau »/ et se répand discrètement sur le village / éclairé par une douce lumière ensoleillée / dans un ciel apparemment sans nuages / ponctué par la verticale sombre des cyprès / le blanc-gris duveteux de fumées / quasiment immobiles / s’élèvent des toits des maisons encore habitées / pour rivaliser paresseusement avec les gris-perle environnants / Le village dort / de nombreux volets se sont clos pour longtemps / les arbres conservent encore quelques feuilles / plus de vignes folles à l’assaut des murailles / La journée sera tendre / lumineuse /  

La froidure se prépare / le givre n’est pas loin. (11/11 9h15)

jeudi 10 novembre 2022

à l'envi

 

à l’envi

l’éventail déplie ses lames d’ivoire

s’ouvrant autour de la rivure

voilant et dévoilant la vie de l’âme

qui se calfeutre devant derrière

en un jeu subtil de plis et de contre-plis

de brisures d’air et de renvois où

dans cette langue muette se lisent

des émotions comme si les émotions

comme des larmes devaient un peu se calfeutrer

 

Codicille: travail sur un détail de la traduction des Vagues ( premier interlude) de Virginia Woolf/ commencer par à ( lien avec mes autres klasmas)/  utilisation de la lexithèque/ pas de ponctuation/ pas de majuscule/ dix vers/ 60 mots/ recherche sur la notion de répétition

7 heures moins dix pendant ce temps : 8 novembre 2022


 


en fait comme j'ai changé de mois, 
la couleur s'affadit à l'approche de la fin de l'année
la page d'éphéméride aussi, on dirait


 

problème pour les commentaires

 Il semble qu'il y ait un problème pour laisser des commentaires sous les articles et n'ai pas trouvé de solution!

mardi 8 novembre 2022

Klasma du temps/ Semaine 3 jour 6

 

 

8 octobre à 9h45 marcher à mes côtés (Pierre Ménard sur une vidéo de Juliette Cortese dans vases communiquants du 7 octobre)

les pas s’enfoncent à l’extérieur – ils cherchent leur voix – ils essaient de l’ailleurs – d’autres lambeaux d’images – d’autres brisures de sons – d’autres épines où se piquer – sans savoir vers quel lieu – se diriger ou se perdre – dans une errance de pacotille – un entre-temps – aller peut-être quelque part – errer entre les mots – (17h12)

vendredi 4 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ Semaine 3 jour 2

 

 

4 octobre à 9h 11 Pousser le portail bleu / Celui des rêves/ En faire vie (Jean Diharsce sur Facebook)

à la recherche de la couleur du jour – ou même sans rien savoir de la recherche – pousser le portail – aller paisiblement – droit devant – ralentir – suivre un chemin – allant quelque part – n’importe où – dans l’épaisseur des heures – des intervalles aux métamorphoses – ou aux métaphores – et se laisser porter par le mouvement – (13h50)

jeudi 3 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 3 jour 1

 

 

3 octobre à 9h08 Qui regarde les autres sans comprendre, qui a peur, qui est triste quelquefois, qui ressent le besoin d’entrer en soi-même, ou de faire exploser le carcan ? (Antonin Crenn blog 29 septembre 2022) 9h17

pousser les yeux de l’intérieur – à la recherche des couleurs – de sons qui résonnent – d’une tonalité puissante – laisser le temps de la vibration – aux mots de se déposer – en creux – de se diffuser sous la peau – remonter de là – avec la délicatesse d’une coccinelle – les mots au bout des doigts – (13h15)

mardi 1 novembre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 2 jour 6

 

 

 

1 octobre à 8h12 C’est ça, qui est venu, une possibilité que le texte soit là (Joachim Séné Remue.net)

 

attendre l’écoulement du jour – laisser les mots macérer – le soleil prolonger sa course – s’occuper à quelques tâches – le quotidien d’une vie – tourner les pages d’un livre – laisser passer le temps – regarder les oiseaux dans les arbres – espérer le passage des freux – patienter pour que montent les mots – en un abandon – ( 18h07)

dimanche 30 octobre 2022

Klasma du temps qui passe/ Semaine 2 jour 5

 

 

30 septembre à 11h36 le point saillant à saisir (Virginia Woolf in L’art du roman chapitre Les femmes et le roman)

dans le tournis du temps – on attrape un mot – comme on peut – on le pose – au bord – de soi – d’une ancienne blessure – ou d’un immense ciel bleu – cela devient ciseau – et se régale d’un angle de langue – qui se déplace – et on ne sait rien – de ce qui advient après ( 15h16) – 

 

Contraintes:  noter une phrase ou un bout de phrase entendue ou lue sur les réseaux sociaux, noter la date et l'heure/ écrire un texte de 50 mots ce même jour/ noter l'heure d'écriture en fin de fragment/ pas de ponctuation autre que le tiret/ présentation dans un cadre coloré


samedi 29 octobre 2022

Klasma du temps qui passe/ Semaine 2/ jour 3

 

 

28 septembre 9h12 s’il était possible de promener le perdu ( Cole Swensen dans Poèmes à pied p 75)

on irait çà et là – avec entre les mains – le songe de ce qui fut – les souvenirs et les absents – ce peu de bruits – des pas dans la brume – et tout ce qui échappe – on reprendrait souffle – et on risquerait encore quelques pas – un peu de chaleur – une petite joie –( 16h12)


 

 

vendredi 28 octobre 2022

KLasma du temps qui passe (semaine 1/ jour 4 - 17H11).

"Pourquoi être heureux quand on peut être normal? / Jeannette Winterson."

La majesté du soleil déclinant - sa cocasserie en front d'immeuble - nuages soupirs - paresseux - étales dans le ciel intranquille - liberté des couleurs - nuancier sur fond de gris-violine - douceur étrange d'un soir d'octobre en été - errance de mes pensées oppressées dans un vertugadin métallique- vivre à tout prix - continuer -  s'enquérir du bonheur

jeudi 27 octobre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 2 jour 1

 

 

26 septembre à 7h32 Juste garder en moi. Tout ce qui m'a fait moi. ( Jean Diharsce/ Facebook)

se complaire dans un monologue – dans le remuement des mots – sur l’écran d’ordinateur – ou sur la page d’un carnet – cela me recentre – ou me plonge dans un abîme – fait tomber les murailles du dehors – écarte les cris des autres – c’est une manière de continuer le chemin – avant de n’être plus – ( 19h10)

mercredi 26 octobre 2022

Klasma du temps qui passe: semaine 1 - jour 1. (16H11).

  "LISIERE / Kapka Kassabova" 

Lisière - frontière de mon corps - de mes errances - du passé sans devenir - spasticité du temps - membres ensevelis - pénombre des mouvements - noirceur des possibles - pourtant - rage au ventre - debout penchée - soleil - ciel bleu au dehors - paillettes au dedans - tectonique de l'espoir - sourire d'un étirement - musique d'une plume - lisière ouverte - croyance -

Codicille:  Partir d'un titre (livre/ chanson/ article...).  En extraire les impressions du moment en 50 mots. Commencer par la lettre "L". Pas de verbes conjugués. Noter l'heure d'écriture.
Choisir la couleur bordeaux. En italiques.


Klasma du temps qui passe/ semaine 2 jour 1

 

26 septembre à 7h32 Juste garder en moi. Tout ce qui m'a fait moi. ( Jean Diharsce/ Facebook)

se complaire dans un monologue – dans le remuement des mots – sur l’écran d’ordinateur – ou sur la page d’un carnet – cela me recentre – ou me plonge dans un abîme – fait tomber les murailles du dehors – écarte les cris des autres – c’est une manière de continuer le chemin – avant de n’être plus – ( 19h10) 

 

 Contraintes: noter une phrase ou un bout de phrase entendue ou lue sur les réseaux sociaux, noter la date et l'heure/ écrire un texte de 50 mots ce même jour/ noter l'heure d'écriture en fin de fragment/ pas de ponctuation autre que le tiret/ présentation dans un cadre coloré

mardi 25 octobre 2022

Klasma du temps qui passe

Fin de réunion / silence retrouvé / soleil déjà haut dans le ciel / température toujours aussi douce pour une fin octobre / fruits et hommes en provision de soleil pour l’hiver /tomates rougissantes sur la terrasse /trompettes des bois séchant au soleil / plat au four (girolles-cèpes-pommes de terre- crème) mijotant / betteraves rouge-bordeau râpées dans un ramequin / agapes assurées / Lanterne d’Halloween, la vigne vierge à l’assaut des murailles / Saison de toutes les richesses à profusion (10h11)

 


Klasma du temps qui passe/ semaine 1 jour 6

 

 
 24/09/22 à 8h15 :    mais vivre, c’était plus fort que pleurer ( Mathilde Roux)
 

promenade intérieure – entre les pensées qui naissent – vont et viennent – sans se soucier de la réalité – puis se perdent – happées dans les méandres du temps – cette phrase affichée sous mes yeux – depuis plusieurs années – et qui aujourd’hui m’émeut plus qu’il ne faudrait – ouvre loin au large – une tendresse pour soi – (17h04)


lundi 24 octobre 2022

klasma du temps qui passe

  Temps gris / Chant du coeur / écho des mots par-delà le silence / vite mais sans hâte / matinée déjà pleine / le ciel la chatte des signes / plénitude des préparatifs, joie, calme / fluidité et plaisir dans les gestes / pensées comme de petits nuages blancs / aussi vides, légères, sans conséquences / puis silence, espace, respirations / mystères des gestes sans efforts / pas de question pas de réponse / pas d'attente donc aucune peur / juste le temps ou peut-être bien l'éternité / (10h11)

Même contraintes que la veille

 

 


 

ENTRE CIEL ET EAU. (I)

      Les vagues affleurent sur
      l'échine
     des galets-coquillages
     frissonnantes elles
     bâillent
     à la frange du sable
     craquelure des formes
     l'écume soupire
     au soleil naissant
     de pâleur habillé
     le ciel tisse ses embrases-enveloppes
     rêve de soie d'un matin perceptible
     sur lit de nuit-pénombre
     plaidoyer mouvant
     d'aquatintes arborées
     bulles d'opales
     étoffe gris-moiré
     va et vient d'une respiration
     barcarolle timide d'une aube
     inconsciente du temps.
    


dimanche 23 octobre 2022

Klasma du temps qui passe

 Silence d'un dimanche dans un petit village / déchiré par le passage d'une moto / Un homme en tenue de chasseur / penché en avant / Encore le silence envahissant / Pensées absentes, simplement à l'affût / temps distendu, minutes d'éternité / sensation de l'air autour de moi, bien qu'immobile / Ni nuage, ni soleil, ciel uniformément gris / Sensation de paix, de temps arrêté / baignant dans un espace-temps infini / consciente de l'immensité / joie pure du moment vécu. (10h11)

 

Contraintes : 77 mots / Idées séparées par des / Pas de verbes / Juste des constats




Klasma du temps qui passe/ semaine 1 jour 4

 

 
 22/09/22 se saisir de l’extrême proche (Mario Giacomelli 9h 56)
 quoi regarder – quoi écouter – ne pas décider – se laisser rayer les oreilles – brûler les yeux – abstraire le réel – sans recherche d’esthétique – sans désir d’absolu – un journal d’images – visuelles ou sonores – dans la brièveté de la fleur – qui s’ouvre – à la lumière – ou se referme – au coucher du soleil – cela suffit – ( 16h 21)
 

 



jeudi 20 octobre 2022

Klasma du temps qui passe/ semaine 1 jour 3

 
21/09/22 à 11h J'écris parce que la vie est intéressante à écrire. ( Fabienne Swiatly sur Facebook)
que faire d'autre — que poser des mots — que l'on ne savait pas vouloir écrire — se délester de ce qui émerge — au milieu du cercle des heures — hors de toute pensée consciente —loin de toute idée — laisser se dissoudre le flou — sucer le noyau des mots — comme ça —pour rien — (16h10)
 Contraintes: noter une phrase ou un bout de phrase entendue ou lue sur les réseaux sociaux, noter la date et l'heure/ écrire un texte de 50 mots ce même jour/ noter l'heure d'écriture en fin de fragment/ pas de ponctuation autre que le tiret/ présentation dans un cadre coloré

mardi 18 octobre 2022

Interlude 1.1 p.5 Soupirant comme un dormeur la mer Entre ciel et mer

à partir de la phrase : "...sighing like a sleeper whose breath comes and goes inconscioulsy" The sea was indistinguishable from the sky"

Soupirant comme un dormeur

la mer et le ciel vaguement

l'un après l'autre -le rêve

au fur et à mesure -le souffle

la mer et le ciel indissociables

une ligne sombre indéchiffrable

violetée

la barre du ciel blanchissant -s'évasant

fugitivement la mer

perpétuellement le ciel

un fin voile de vague

graduellement ondoyant

le vent en va-et-vient

en salves indétectables

repoussant vainement

cet espace froid, vide

des lieux concis

dépourvus d'adverbes

qui laisse sur le sable

qui laisse à l'horizon

vaguant à sa guise

une vénusté douce

une douleur écumée

évanouie dédaigneuse

la mer et le ciel inconsolables

un amour inutilisable


ma traduction

Les vagues  traduction premier fragment. MPR 12/10/2022

 

Le soleil n'était pas encore levé. La mer ne se distinguait pas du ciel à ceci près que celle-ci ondulait légèrement comme si elle contenait un tissu plissé.

Au fur et à mesure que le ciel s'éclaircissait, une ligne sombre s'étendait à l'horizon, séparant la mer du ciel, tandis que la toile grise se striait de puissants mouvements, qui s'avançaient l'un après l'autre, sous la surface, se succédant, se poursuivant, perpétuellement.

En approchant du rivage, chaque bande s'élevait, se ramassait, se cassait  laissant un fin voile d'eau blanche sur  le sable. La vague s'arrêtait et se retirait à nouveau, soupirant comme un dormeur dont la poitrine se gonfle et s'abaisse inconsciemment.

Les vagues traduction premier fragment. MPR 12/10/2022

Le soleil n'était pas encore levé. La mer ne se distinguait pas du ciel à ceci près que celle-ci ondulait légèrement commesi elle contenait un tissu plissé. Au fur et à mesure que le ciel s'éclaircissait, une ligne sombre s'étendait à l'horizon, séparant la mer du ciel, tandis que la toile grise se striait de puissants mouvements, qui s'avançaient l'un après l'autre, sous la surface, se succédant, se poursuivant, perpétuellement. En approchant du rivage, chaque bande s'élevait, se ramassait, se cassait laissant un fin voile d'écume blanche sur le sable. La vague s'arrêtait et se retirait à nouveau, comme le souffle d'un dormeur dont la poitrine se gonfle et s'abaisse inconsciemment.

Petit à petit la ligne sombre à l'horizon s'éclaircit comme lorsque la lie se dépose au fond des vieilles bouteilles de vin et rend au verre sa translucidité verte, ou comme si le bras d'une femme allongée sous l'horizon levait une lampe et que des barres droites blanches, vertes et jaunes se déployaient à travers le ciel comme les nervures d'un éventail. Puis le bras leva la lampe plus haut et l'air devint fibreux, et se déchira de la surface verte en flammèches et lueurs tremblotantes aux fibres rouges et jaunes comme les flammes fumantes et crépitantes d'un feu de joie.