à suivre le fil
d’or fin brodé qui s’effile bleu et vif
le fil qui guide les mots et les vies
jusqu’aux extrêmes des solitudes
celui qui file le récit incohérent
en une prose concise en soi
ce fil à ne surtout pas lâcher
jusqu’aux confins de nulle part
vers où l’on avance fatalement
et il est d’or ce fil
ma traduction de la deuxième partie du deuxième interlude:
Le soleil étendait de larges bandes au-dessus de la maison. La lumière toucha quelque chose de vert à l’angle de la fenêtre et le fit ressembler à un morceau d’émeraude, une grotte de vert pur comme un fruit sans noyau. Elle aviva les bords des chaises et des tables et brodait d’un fil d’or fin les nappes blanches. À mesure que la lumière s’accroissait, un bourgeon ici et là éclatait se fendant pour donner des fleurs, veinées de vert et tremblantes, comme si l’effort de s’ouvrir les avait ébranlées, et fait sonner un léger carillon qu’ elles cognaient de leur frêle battant sur leurs parois blanches. Tout devenait doucement amorphe, comme si la porcelaine de l’assiette coulait et l’acier du couteau se liquéfiait. Pendant ce temps, des vagues, en un choc, se brisaient dans un bruit sourd, comme des bûches tombant sur le rivage.
1 commentaire:
"ce fil" me rappelle « Disparaître » (livre imparfait que j'adore) de B. Leclair sur l'âme d'une corde, ce filin sur lequel vient se tresser la chair et qu'il est vital de voir apparaître lorsque se distendent ces tôles ( taules ) mentales qui nous enferment et nous limitent, ce fil d'or qui me relie aussi aux soit disant "disparus" qui m'accompagnent.
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