lundi 29 mars 2010

lettre à une feuille de papier,

Que serais-je sans toi,
Feuille de papier, où je peux gribouiller,
Pour écrire ce que je suis,
Pour écrire ce que j'étais,
Pour le futur, je ne saurais,
Je n'ai pas envie, à toi de trouver,
Et puis je n'aurais pas le temps,J'ai peur de mal anticiper.
Je veux rester présente
Mais il va falloir veiller,
Je laisse une lampe toujours allumée
Il faut qu'on puisse me trouver,
Avant qu'un grand sommeil,
Me fasse m'endormir
Pour peut-être un jour
Dans l'audelà me réveiller,
Et retrouver des mots
Qu'ici je n'ai pas su écrire
Et qu'enfin sur toi
Je pourrais coucher,
Laisse moi de la place,
Il y a tellement des phrases,
Que  je n'ai pas su trouver.

Jeannine

dimanche 28 mars 2010

Cher vous,

Cher vous,

          J'ai cru que je ne pourrais plus vous écrire,
          Mais je retrouve ma plume quel bonheur Pierrot me l'avait égaré.
          Morphé m'attendra je vais continer, puisque je sais maintenant comment tremper mon porte plume dans l'encrier.
          La nuit sera douce, puisque demain  je pourrais continuer.
          Bonne nuit cher vous  me voilà apaisée.

Jeannine

vendredi 26 mars 2010

lettres entretissées

Cher R,

J’ai parcouru ta longue lettre avec une pincée frémissante aux commissures des lèvres et la gravité de ton discours ne m’a pas empêché de penser que tu dois souffrir et le devras toujours.

Pardonne moi, je ne me moque pas des difficultés que tu évoques. La terre peut maintenant trembler, je ne te sauverai pas de tes égarements, de tes errances, de tes humeurs chagrines.

Que te dire? Rien n’a changé.

Nous nous sommes liés quand un monde chancelait. Rien n’a changé. Ou plutôt si, les choses sont bougrement plus complexes qu’autrefois. Plus subtiles. Non, pas plus subtiles, plus embrouillées. Est-il possible qu’on ait toujours de son époque une vision pessimiste, pour peu qu’on se retire de loin en loin dans sa marge? A lire tes lettres c’est ce que je me suis demandé.

Mais qu’avons nous perdu? L’essentiel peut-être.

Etre seul, un peu chancelant au bord du flot tumultueux et accepter la béance de sa solitude intérieure. D’ailleurs, il n’est pas indifférent qu’un garçon tel que toi, qui fut l’inquiétude même, non, il n’est pas tout à fait négligeable qu’un bonhomme dans ton genre vive ici, sur cette lande où la mort cogne sans faire d’histoire.

 Mais tu le sais, je garderai toujours en moi ces rêveries toutes bêtes des récits de notre enfance qui ne nous suscitent encore que parce qu’elles se sont insinuées dans le silence des jours.

Je te quitte à présent. Je t’envoie toute mon affection et puisse ma paix, ou ce qu’il en reste, arriver jusqu’à toi.

(lettre écrite avec le concours de  morceaux d’autres lettres réalisées à l’atelier, et d’emprunts à des lettres de Lionel Bourg, René Pons, Lou Salomé…)

mercredi 24 mars 2010

LETTRE A TOI QUI ME CONNAIS SI BIEN.

"En restant chez moi, je reprends chaque jour les mêmes chemins qui me conduisent irrémédiablement aux mêmes lieux, me font croiser les mêmes gens. Tout ce tissu de dépendances, d'accoutumance me carapaçonne, m'asphyxie. Je n'ai plus accès à mes émotions.

Voilà pourquoi il est si important d'être solitaire et attentif quand on est triste.

Une seule chose est nécessaire accepter la béance de sa solitude intérieure, aller en soi-même, n'accepter de ne voir de jours durant personne peut-être pour écrire, sûrement pour penser, se souvenir, inventer, réinventer toujours.

D'ailleurs sans toi, mon imagination, ma vie aurait été triste! Je voudrais juste te remercier d'avoir glissé des rires dans les tiroirs de mon enfance.

Tu te souviens des mille et une rêveries qui nous tourmentaient jadis, toi et moi, d'aller sac au dos, ou sur un coup de tête partir, séance tenante et lâchant tout alors.

Qu'y avait-il cependant? Qu'y avait-il en nous que les années n'ont pu éteindre? Quel désir, quelle attente craintive macéraient au coeur de l'envie toujours plus âpre à rompre les amarres, disparaître après un ultime coup d'éclat ou sur un mot encore

Mais voilà que l'heure avance et avec elle l'absence de familiarité, le tutoiement se fond dans la pelure rêche de la feuille de papier.

Qu'avons-nous perdu? Qui sommes-nous grimaçant, taisant la gueule de chien battu qui se rase ou se maquille au fond d'une glace en train de perdre? l'essentiel peut-être.

D'où vient que seuls m'attirent les livres qui parlent de mort ou de souffrance? Ou encore d'errances vers le rien?D'où vient que seuls les hommes et les femmes de la marge m'intéressent? A quel moment de ma vie me sont venues cette sensation d'être à côté de mes semblables et mon attirance pour tous ceux que je sentais souffrir d'une blessure inguérissable?

J'ai un ami qui prétend là, que toujours à minuit il se fait une fente minuscule entre le jour qui fuit et celui qui commence et qu'une personne très adroite qui parviendrait à s'y glisser sortirait du temps et se trouverait dans un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons; à cet endroit sont amassées toutes les choses que nous avons perdues.

Je me le dis avec force, il faut que je me glisse dans cette feuille que je commence à apercevoir. Même si je m'écorche les doigts et que ma peau est brûlée, même si le sang coule, je dois continuer d'avancer, je suis sur la bonne voie.

Monotone sonne l'horloge, doux sont le vin d' origan et les tuiles aux lentilles. Penser, penser encore!

Penser ce n'est pas unifier, rendre familière l'apparence sous le visage d'un grand principe. Penser c'est réapprendre à voir, diriger sa conscience, faire de chaque image un lieu privilégié.

Ma lettre, je te quitte à présent, je sais que je te relirai à un moment très décalé de la réalité et que tu ne voudras peut-être plus rien dire.

Pour le fond, le silence, le rythme lent de l'exil intérieur volontaire restera gravé en moi pour toujours, pour autant que je m'y reconnaîtrai.

A toi, du plus profond de moi.

Linette.

lundi 22 mars 2010

ma moitié de Rilke reconstituée en pierres de tailles

La volupté de la chair est une intelligence visionnaire au même titre que le regard pur, que la jouissance que procure la saveur d’une cerise mûre sur notre langue, elle est une extension de  notre âme sur la peur abandonnée, une connaissance de soi et de l’autre nous-même, dans sa plénitude et sa science intuitive de l’amour. Ce n’est pas l’amour qui naît de cette expérience, mais en ceci je ne parle pas de ceux qui en mésusent, proprement la galvanisent, l’utilisent comme un excitant, une distraction dans le morne ennui de leur existence non une concentration de leur créativité.
Lorsque les hommes ont du manger aussi, car il ne peut y avoir vide d’un côté, pléthore de l'autre, ils ont trouvé dans ces nourritures terrestres des besoins simples, et ainsi ont été troublés tous les besoins par lesquels la vie se renouvelle. Mais ils ont dû les clarifier et les vivre clairement et calmer en eux l'homme de solitude. Il est donc essentiel que l’être vivant consente à toute beauté, chez les animaux comme chez les plantes, on trouvera une forme durable et nue de l'amour, celle qui fait les plantes s'accoupler, se multiplier, se tourner vers l’autre avec docilité, non pour servir la loi du peuplement, de la reproduction, une loi qui dépasse plaisir et souffrance, une loi sans volonté ou résistance. Fasse que cette volupté soit pleine jusque dans ses moindres méandres et soit chantée par l’humain avec plus d'humilité, comme un mystère: qu'il le considère gravement! Au lieu de le prendre de haut, à la légère, qu’il comprenne combien il est lourd! qu'il ait le courage du bonheur, la passion créatrice de la chair ou de l'esprit, la fécondité de l’amour. Car l'esprit procède de l’œuvre de chair, il est l’incarnation dans l’œuvre. L'homme, me semble-t-il, est aussi créateur par son corps qu’il l’est au moral; engendrer est pour lui une manière d’être, une source profonde qui lui permet de se mettre au monde et c’est réellement "enfanter" que de créer cette volupté que procure l’amour.

lettre à Lydie,

J'ai besoin que tu me rassures, dis moi où  plutot  écrits moi que je n'a pas révé , cette enfance que nous avons partagé je ne me la suis pas  inventé tu te souviens toi.
J'ai  besoin de savoir, maintenant que je n'ai plus ma mère,c'est curieux les derniers temps elle était devenue mon enfant et moi j'étais sa mère alors je ne sais plus tout s'embrouille se mèle. Je t'avoue que quelquefois j'ai peur de cette phrase que je lui entendais dire il y a quelques annes " elle est retombée dans l'enfance" Cete enfance la je ne la veux pas encore aide moi.
Je vais luttr , tu sais je vais même te confier que cet anniversaire important  que j'ai eu en Janvier, m'a fait demarrer, j'ai voulu braver et sais tu ce que j'ai fait, cette excroissance disgracieuse que j'avais sur la figure je lai fait enlever un peu de laser et le tour est joué, c'est ridicule et bien c'est une petite Anapurna que j'ai escaladé.
Anapurna tu te rappelles lorqu'on lisait les Conquérents de l'inutile, comme on s'emballait comme on révait.
Je veux réver encore  peut-être différement aucun prine ne viendra me chercher, il n'y a jamais eu de carosses dans les rues boueuses de notre village, mais cela a quand même été royal, les vsseaux valent bien les monarques.
Mais non, je ne suis pas nostalgique, je devrais s dire que des trésors j'en trouve encore tu veux des exemples , ma petite fille qui me demande de lui apprendre à coudre moi qui n'ai jamais su tenir une aiguille elle s'étonne de ma dextérité n'est ce pas merveilleux ?
Oui Lydi, nous sommes riches  de tout  nos souvenirs mais il faut que nous ravivions de temps en temps le feu qui couve; tisonnons la vie tant qu'il y a de la braise cele ne s'éteindra pas.
Nostalgique  tu crois que je suis Lydie, non, mais il faut que nous replacions tout cela et pour commencer je vais signer Jaja comme avant.
                                         Jaja

dimanche 21 mars 2010

ma moitié réduite de Rilke

Chère Monsieur Rilke,
J’ai bien reçu votre lettre, mais je dois avouer que je n’ai pu en lire que la moitié, et encore !
En effet, les pluies torrentielles qui se sont abattues sur notre région récemment n’ont rien épargné, pas même ma boîte aux lettres et c’est avec grande difficulté que j’ai déchiffré votre précieuse missive.
Évidemment, ce que vous écrivez est si intense que  la moitié est déjà amplement nourrissante tant est concentrée votre intelligence en de subtiles conseils dont je me nourris allègrement.
" La volupté de la chair est une merveille au même titre que le regard pur sur notre langue, elle est une donnée, une connaissance même, dans la plénitude de cette expérience, dont certains mésusent, proprement excitante, une distraction, non une concentration de l’âme. Les hommes ont du manger aussi, d'un côté, pléthore de l'autre, ont été troublés tous les bons moments par lesquels la vie se renouvelle. Il a donc fallut les clarifier et les vivre classiquement.
L'homme de solitude. Il est doué de toute beauté, chez les animaux, la forme durable et nue de l'amour est ce qui donne la force aux plantes de s'accoupler, se munir de docilité, non pour servir la loi, une loi qui dépasse plaisir et volonté ou résistance. Fasse que cette volupté soit pleine jusque dans ses moindres méandres et se proclame avec plus d'humilité: qu'il soit possible que ce plaisir soit vécu gravement ! Au lieu de le prendre à la légère, comprendre combien il est lourd! Qu'il ait les couleurs de la chair ou de l'esprit, la fécondité de la création. L'esprit procède de l'œuvre. L'homme, me semble-t-il, est amoral ; engendrer est pour lui réellement « enfanter ». “
Le reste est illisible.
Cher Monsieur Rilke, j’espère ne pas avoir trahi votre pensée, et j’attends avec impatience votre réponse et le retour du soleil, qui cette fois-ci j’en suis sûr conservera sous les meilleurs auspices notre si belle correspondance.
Avec ma respectueuse et fraternelle considération
MPB

forme délirante


"Dans ce monde que nous ré-endossons chaque matin comme une vieille veste usée, totalement immunisés contre la surprise, l'arbre est la seule forme qui de temps en temps, à certains brefs moments de stupeur où les yeux se décapent de l'accoutumance, m'apparaît comme parfaitement délirante"

Julien Gracq :"Lettrines 1"

samedi 20 mars 2010

Lettre à Isabelle

Chère Isa,

J'ai l'impression que c'est la première fois que je t'écris. Devant moi, une immensité d'espace et tout le temps, j'ai du bois pour la cheminée, des provisions dans les armoires et des idées à mettre en ordre, plein d'amis autour de moi et je te parle comme les enfants parlent dans la nuit : le visage enfoui contre l'oreiller - sentant la proximité et la présence de ceux qu'il aime - Dans ce lieu, entourée de toutes ces présences qui écrivent, je suis seule comme l'enfant est seul quand ses pensées se rangent en lui et qu'alors des certitudes lui viennent, mêlées à des choses futiles, intimes et importantes du seul fait que tous autour de lui s'affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce tournoiement du monde. Et moi non plus je n'y comprends pas grand chose. Je veux juste te faire partager ce moment magique où toutes les plumes dessinent les arabesques des futures phrases, où le silence bruit de pensées, la table toute jonchée des lettres découpées où chacune a puisé de quoi mettre en branle sa boîte à images et à sensations. Parfois, une page se tourne, une semelle frotte le plancher mais l'essentiel du silence est habité par le glissement des plumes qui courent sur le papier, la respiration des pensées, concentrées. L'application d'écolière de Janine m'émeut, comme toujours. Et toutes ces zones d'ombres où sont amassés des trésors d'où vont remonter à la surface tous ces mots féconds que nous entendrons tout à l'heure. Du bonheur, pas un souvenir de bonheur, le bonheur, là, vibrant dans la pièce.
Tous ces mots, tu pourras les emporter avec toi, comme un livre qu'on a bien aimé, et que l'on sait avoir quelque part dans son univers, même si on ne sait plus très bien où , dans quelle région du coeur, même si on ne l'ouvre plus très souvent -jamais-
Mais, c'est terminé, le temps resserré, concentré est écoulé.
Ecoute, quelqu'un commence à lire : " Toujours à minuit, il se fait une fente minuscule entre le jour qui finit et celui qui commence, et une personne très adroite qui parviendrait à s'y glisser sortirait du temps et se trouverait dans un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons ; à cet endroit sont amassées toutes les choses que nous avons perdues ..."

Je te le dis avec force, glisse toi dans cette faille.
Je t'embrasse tout simplement d'un amour qui n'a rien de virtuel


Avec tous les mots découpés dans le bleu du ciel



lettre à O


Cher O,



dans ta dernière lettre tu m’écris : toi ? tu choisis la solitude ? je veux dire : l'absence d'amour ? n'est-ce pas l'absence d'amour qui t'a choisie, plutôt ? si l'amour ne se présente pas à toi, tu iras le chercher, tu l'inventeras, tu le construiras de toutes pièces. peut-être que j'ai tort. je te connais très peu, en réalité. j'ai pourtant l'image d'une femme pour qui la seule chose qui compte, au fond, c'est justement l'amour. c'est ce qui te porte, ce dans quoi tu te prélasses et te débats ... tu as raison, je le sais ; je me leurre en pensant avoir eu le choix ; j’ai simplement trouvé le courage de trancher un lien, avec mes mots ; c’est donc bien la solitude qui est venue me chercher, presque à mon insu ; et j’aime que tu me le dises pour que je n’ai plus peur, parce que cela me rassure ... dans la solitude encore des nuits, il y a des pensées nouvelles qui se dénichent et courent sur les pays, dans le règne des songes ... il y a ceux qui viennent me rendre visite à l’improviste, comme s’ils avaient deviné ; je revois mon père, il a l’âge que j’ai aujourd’hui, et je lui dis que je l’aime ; une autre nuit, un amant, que je ne connais pas, et puis, un homme sans visage qui m’immobilise par derrière, et ... et si tous ces fils entrelacés ne sont pas faits pour être lu, ils n’en sont pas moins des antennes lancées en vrille pour tâter d’un monde inconnu. Ils ne cassent pas et tissent en moi et autour de moi un cocon qui m’apaise ... même si tu m’as plus souvent lu que vu de vive voix, tu me connais mieux que je ne l’imagine ; est-ce là la force des mots ? parmi les petits papiers, papiers découpés ce soir à l’atelier pour t’écrire, j’ai pioché celui-ci : les mots ne sont que la tige débile d’une racine compliquée qui enfonce profondément ses réseaux dans les strates de l’humus intime ... même si le terme «débile» me heurte, même si cette phrase est la seule avec les tiennes à n’avoir pas été produite par mes camarades de plume, je la retiens, je la garde ; elle me parle de l’écriture comme d’une nature profonde, ma nature, la vraie nature ... et c’est là que mes peines s’apaisent, que mon regard se purifie et que mes mots trouvent souvent ... leur élan pour s’élancer, parfois vers toi, dans ton bel ermitage en plein champ ; l’été dernier, j’osais te confier mes mots, mes 3 lignes journalières ; et tu m’as si bien lue, si bien comprise, que j’ai pensé un moment que tu en étais le destinataire, mais ... après tout, peu importe ce que nous comprenons, l’important est ce lien, le maintient de ce lien : que nos deux mains tiennent ce fil fragile du bout des doigts. Ce fil de soie, je le vois se dérouler, il s’écoule de la fine patte d’araignée de mon crayon, en volutes, courbes et lignes, il s’étire ... il me rappelle mes pelotes de fil, toutes ces ficelles qui dessinent mes chapeaux, «le fil qui chemine crée le volume», mes armatures de têtes qui laissent les pensées libres de s’envoler.


alors, pour tous nos mots échangés,

je te dis merci.

N.



(avec des mots amis découpés au hasard)

vendredi 19 mars 2010

"l'écriture fait grandir"

... conclut-elle. "Dans l'écriture, il faut oser. et plus on fait, plus on ose. C'est comme lorsqu'on voyage, lorsqu'on marche, qu'on va chaque fois un peu plus loin..." Rosie Pinhas-Delpuech (Suites Byzantines) - dans le Monde des Livres de ce vendredi 19 mars 2010. Il y a aussi Henri Bauchau, l'Art de renaître..
Your librarian

jeudi 18 mars 2010

lettre

Je viens vous remercier, un peu tardivement, je l'avoue, d'avoir acheté la maison de Tiranges où j'ai vécu un petit paradis d'enfance ,, pendant les vacances je vous promets d'en prendre soin. Je n'ai rien à faire et c'est  cela qui prends tout mon temps. Les flocons tombent depuis des jours sur cette immensité répendant sur moi, la plus belle des lumières et moi si fatiguée à mon arrivée ici, si peine de bruits , et de fureurs je reprends  peu à peu  le chemin immobile de la paix.. Je ne sais pas en écrivant quand cette lettre pourra vous parvenir, je l'écris un peu à fond perdu mais c'est parce que du fond de ma solitude blanche et encore douillette mes pensées vont aller vers vous. Vous avez ét si souvent retranchée dans la solitude vous aussi vous avez été coupée du monde vous avez ressenti ce que je ressents  vous me demandez comment je peux  rester plusieurs  mois totalement seule dans cette maison de bourg située dans un village éloignée de toute ville où seuls régnent le silence et la lumière. Je vais essayer de vous expliquer pourqoi il est si important  d"etre solitaire et attentif  lorsqu'on est triste l'instant apparemment immobile où je pense que les grandes pensées viennent du coeur. Je pense aujourd'hui fermement qu'avoir chacun son nez dans sa propre valise est la seule augure d'un bon voyage avec l'autre. Voyez vous peut- ççetre faut-il avoir atteint, comme moi le terme du voyage pour découvrir les photographies que nous avions prises , y observer les postures que nous ne souvenions pas avoir adopté compter les effets personnels qu'il ne nous semblait pas avoir emporté.Il ne faut pas s'offenser que les autres nous cachent la vérité puisque nous nous la cachns si souvent à nous meme Mais pour vous le billet est encore validé. Je peux vous proposer d'etre la gare de consignes déployer vos affaires sur les étagères  de ma chambre, les défroisser, les aérer à ma fençetre les suspendre  aux cintres de mes armoires si vous vouliez bien entrecouper votre périple effréné de quelques pauses dans ce sac de délestage y accopmplir les yeux fermés avec une grande respiration une incursion intérieure, peut
etre  pourrez vous reprendre  la course avec des valises moins lourdes.
Pour avoir moi-même
 voyagé trop chargée  ma destinaton c'est soudain annulée je n'ai plus les jambes et il me reste le regard.
Je range vos paroles avec soin.Je n'hésite  pas à venir  les visier de temps en temps.
J'ai besoin que vous me rassuriez que je n'ai pas révé que je vais lutter.
Je vous embrsse aec mon affection

mercredi 17 mars 2010

Lettres : cinquième consigne

La séance vient de s'achever où nous avons oeuvré ainsi que des fourmis: armés de ciseaux, nous avons découpé dans la chair des lettres que nous avions écrites depuis quatre séances! Découper encore et encore au coeur des textes de chacun et d'autres aussi qui s'y sont mêlés . Réécrire une nouvelle lettre avec les mots des autres en y incluant parfois nos propres mots. Nouvel exercice et travail très studieux et concentré!

mardi 16 mars 2010

j'ai réécrit ma moitié

Bon, elle ne va pas tarder à apparaître ici même.

clocher

Pour parler de clocher, j'ai voulu m"élever et c'est sur un escalier que j'ai envie de parler de clocher.
C'est un clocher  banal celui du village de mon enfance et celui là il a du me voir pour la première fois emmailloté dans des langes car il y a 60 ans on ne badinait pas  lorsqu'on avait un nouveau né  il fallait le baptiser dans les huit jours d'ailleurs  on ne rentrait pas tout de suite dans l'Eglise il fallait passer par les fonds baptismaux  c'est seulement  par ce passage obligé  qu'on était considéré faisant partie  de la famille des élus, sans cela si on mourrait  c'était dans les limbes  qu'on allait, les limbes c'était pour moi, et je l'avais appris au catéchisme, une sorte d'endroit où on flottait , ce n'était ni bien ni mal c'était tiède pas le paradis, pas l'enfer non plus on n'en sortait jamais.
A onze ans un autre clocher en Auvergne belle église romane et là  j'ai vécu cela un peu comme une promotion une horloge sonnait les heures et les demi. Dans la froidure des draps, il n'y avait pas de chauffage dans ma chambre, je trouvais que cela faisait chic d'entendre égrener les heures le sommeil venait très vite en comptant les coups de gong c'était magique. Le sacristain s'appelait Rémy le matin il passait en courant devant la boulangerie à midi et le soir il allait actionner les cloches pour l'Angélus, c'était tout manuel. Il y avait d'autres moments où il s'activait lorsque quelqu'un était était mort, dans les minutes qui suivaient,on voyait le curé avec sa soutane et son surplis, l'enfant de choeur en aube qui agitait le goupillon, on n'osait pas demander à l'homme d'église qui avait "trépassé" mais on essayait de voir où il se dirigeait.
Lorsque je suis partie en pension, c'est près de la cathédrale que j'ai vécu Il y avait des tours des tourelles des clochers des clochetons des pigeons nichaient dans les cavités de tous ces petits clochers et projetaient leurs fientes sur les fidèles  quand ils rentraient à l'office et tant pis si je risque les damnations éternelles un jour qu'on allait accomplir une de nos innombrables dévotions un de ces volatiles à souillé le voile de la religieuse qui nous accompagnait j'ai ri tout haut cela faisait  comme une grosse verrue sur le couvre chef de mère Marie des Oliviers devant mon hilarité la sanction a été immédiate : "ma fille vous viendrez me voir à la sortie de la messe" et j'ai été privée  quinze  jours de sortie.
Puis cela a été la ville,  et dans ma tour, j'ai beau prendre garde je ne vois plus de clocher et je peux vous dire que lorsque souffle un certain vent j'entends des cloches de quel clocher proviennent elles je ne sais? mais une nostalgie s'installe et j'aime les écouter.
La semaine prochaine je pars à Barcelonne Gaudi va me faire voir d'autres clochers et il me semble que je vais apprécier.

lundi 15 mars 2010

Nuit,

Nuit, je te ressens, tu m'enveloppes, tu me calmes, tu me faits me replonger dans mon enfance, je me vois juchée sur les épaules de mon père lorsque nous revenions à pieds de veiller d'une ferme amie, le ciel était constellé , il gelait , j'entends les pas crisser sur la neige, je revois notre arrivée au village, j'entends le bruit de la clé dans la serrure, il me semblait que la maison était un palais de glace, le charme du moment était interrompu par l'interrupteur mon père me posait sur le béton, et ma mère disait "vas te coucher" adieu nuit.
Je pense aussi à ce film Paris Texas je revois la voiture sur l'autoroute  tous les phares éclairés ces lumières rouges qui scintillent et la fille qui roule vers un destin qu'elle n'a pas choisi.
Nuit je me revois dans ce train qui filait sur Lyon et j'entends la voix de cette personne  qui me disait "Vous ne trouvez pas que c'est joli toutes ces lumières des HLM éclairées Je répondais oui, mais j'avais mal, ma campagne était loin et la lumière blafarde de mon village me manquait.
En venant aujourd'hui chez notre  hôtesse, j'ai lu  son magnifique texte sur le parrain, et le tableau de Quentin de la Tour me revient je revois la flamme de la bougie tenue par la fillette: brisait-elle la nuit cette pale lueur ?
Alors je le redis haut et fort la nuit  est un théâtre dans lequel des personnages se détachent il suffit de lever le rideau.Entrez - y et vous verrez que la pièce se jouera il suffit de s'asseoir et de croire en la nuit.
Nuit de Chine, nuit câline, nuit d'amour est ce  qu'en Chine les nuits  sont plus belles ? C'est vrai que la nuit les amours se font plus pressants , plus forts.
La nuit est peuplé de tant de choses, la nuit lorsque tout dort il me  semble parfois que l'univers m'appartient, non ce ne sont pas des fadaises  croyiez moi, je l'ai expérimenté les insomnies sont quelquefois riches en illusions.

vendredi 12 mars 2010

Lettre à un jeune poète


Voici l’extrait de la lettre en date du 23 décembre 2003 dont nous n’avions que la moitié Natô et moi et qu’il nous fallait compléter. Rendons à Rilke ce qui lui appartient!
Une seule chose est nécessaire: la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir. Etre seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font. S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être prêt des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays. Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part. Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
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jeudi 11 mars 2010

Lettres à un jeune poète

Cher monsieur,

                                           J'ai un ami qui prétend là que, toujours à minuit, il se fait une fente minuscule entre le jour qui finit  et celui qui commence , et qu'une personne très adroite qui parviendrait à s'y glisser sortirait du temps et se trouverait dans un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons; à cet endroit sont amassées toutes les choses que nous avons perdues...
Je vous le dis avec force, glissez-vous dans cette faille que vous commencez d'apercevoir, même si vous vous écorchez les doigts et que votre peau est brûlée, même si vous sentez le sang couler, continuez d'avancer. Vous êtes sur la bonne voie.
Allez un peu plus loin encore, forcez votre corps, n'écoutez rien d'autre que ces gémissements qui vous  attirent et qui vous effraient dans le même élan. Il est des zones d'ombres où sont amassées les lumières qui vous aideront à progresser. Creusez toujours plus avant et laissez remonter à la surface ces mots qui vous donneront ce surcroît d'être. Là et seulement là est la vie qui vaut d'être vécue.
Avancez. Fouillez. Défrichez. Inventez, découpez, taillez la vêture qui correspond le plus à votre être. Sacrifiez la joliesse pour la beauté.

Et soyez joyeux et confiant !
 

mercredi 10 mars 2010

au secours ! la publicité est revenue !!

je parle de Murakami, écrivain japonais dans mon dernier billet ; et à l'étape : publier le message, un pop up s'affiche et me propose de rencontrer la femme japonaise de mes rêves.
quelle chance, mais je la connais déjà.

Mots en B. Dictionnaire

Biais, Biais, disait le mouton, dans sa langue étrange. Il avait un défaut d’élocution. Il avait un défaut de locomotion. Il partait toujours sur le côté, sur la gauche de préférence, badinant, essayant de nouvelles recettes d’herbe folle qui ne le rendait pas fou pour autant, tandis que l’ensemble du troupeau allait tout droit tête baissée. « Il faut avancer », disait le chef, « sinon on recule » mais lui savait bien ou pressentait plutôt qu’à force d’obéir à l’ordre, certains de ses compatriotes s’étaient retrouvés en charpie au bas de la falaise.. D’aucuns avaçaient une autre hypothèse : Dans sa jeunesse sa mère avait fréquenté des moutons sauvages élevés dans les livres d’Haruki Murakami, l’écrivain coureur japonais au regard si triste. Ça n’expliquait pas tout, mêêêêhhhh…

Boulevard
“On the Boulevard on broken dreams”… “I walk alone »...
se disent ces milliers de manifestants (quelques centaines suivant la police) qui arpentent depuis tant d’années l’asphalte, sans qu’aucune de leur chanson ne devienne jamais un tube.

Brasser

Du vent, des idées, des idées, du vent. Parfois ça finit en choucroute ; ou en bière ; car, qui trop brasse, trop vite s’éteint.

lundi 8 mars 2010



lettre avec rilke


Cher A,


voici que pour la première fois je choisis la solitude. La grande solitude qu’est à mes yeux l’absence de l’amour ; m’éloigner, et ne rencontrer des heures qui passent que le souvenir de nos heures passées ; le détachement, c’est à cela qu’il faut parvenir. Etre seul(e), un peu chancelant(e) au bord du flot tumultueux tandis que les grandes personnes vont et viennent avec des allures pleine de certitudes qui semblent grandes à l’enfant que je suis redevenue ; je n’ai jamais pu me tenir comme les grandes personnes s’en allant par la vie avec des liens rassurants, sans doute parce que je ne comprends rien à ce qu’elles font. S’il existe autre chose que la liberté entre les hommes et vous, essayez de m’en convaincre ; le mariage comme une assurance qu’ils ne vous abandonneront pas. Il y a bien ces choses, mais je ne sais m’y résoudre ; si je regarde les vents qui agitent les arbres, ils me parlent du désir qui a chaque instant peut nous traverser ; il y a le monde des choses et celui des sens, de la sensualité, des sentiments auxquels vous pouvez juste faire semblant d’échapper ; aujourd’hui je préfère, toujours comme l’enfant que je redeviens me laisser porter par le vif courant et si vous pensez à votre tranquille sérénité ou si je nous manque, retournez aussi parmi les enfants secrets. Les seuls êtres vraiment libres et qui n’ont peur de rien, parce que leur dignité ne répond à rien.

Je vous embrasse.
N.

(avec les mots de Rainer Maria Rilke)



samedi 6 mars 2010

Solitude

La consigne consistait à inclure la phrase suivante de Rilke dans le texte:

« Voilà pourquoi il est si important d'être solitaire et attentif lorsqu'on est triste : l'instant apparemment immobile où... »

Tu me demandes comment je peux rester plusieurs mois, totalement seule dans cette maison de bourg située dans un village éloigné de toute ville, où seuls règnent le silence et la lumière. Je vais essayer de t'expliquer pourquoi il est si imprtant d'être solitaire et attentif lorsqu'on est triste.
En restant chez moi, je reprends chaque jour les mêmes chemins qui me conduisent irrémédiablement aux mêmes lieux, me font croiser les mêmes gens. Tout ce tissu de dépendances, d'accoutumances me carapaçonne, m'asphyxie. Je n'ai plus accès à mes émotions.
Mais ce n'est pas tout : en quittant tout le confort que m'offre ma maison habituelle, pour vivre dans ce lieu plus rude, je retrouve au fil des semaines une vie plus simple. La solitude, le silence dont je suis entourée, l'absence de paroles échangées sans réelle nécessité, l'absence de spectacles, réhabilite peu à peu chaque acte qui se densifie, s'amplifie. Ici, le temps apparemment immobile donne tout son poids à chaque geste. Solitude et immobilité du temps me rendent attentive au moindre mouvement des feuilles, des nuages et à ceux de mon âme. Je vois ce que mes yeux ne voyaient pas parce qu'ils ne prenaient pas le temps de regarder. Ce que je vois parfois me met à nue mais sans ce risque-là, que vaut la vie ? Le monde s'entr'ouvre : je me glisse dans une fente et peu à peu les amarres sautent, je suis délestée et légère. Non seulement la tristesse me quitte mais l'intimité avec moi-même est retrouvée.
A la tristesse dont je peux être submergée quand je suis plongée dans la foule des gens et des habitudes qui me constituent, succède une conscience paisible. Je ressens physiquement tomber une vieille peau, je n'ai plus besoin de lire tant de livres, deux phrases peuvent alimenter toute une journée.
Levée avec l'aube, sans toilette ni petit déjeuner, j'écris face à la fenêtre. Il faut faire vite avant que le grand jour arrive. Alimentée par la nuit, la ballade de la veille, les mots glissent aisément. Suivent un repas pris sur les genoux sans aucun temps de préparation, une longue ballade. Ma seule entorse au monde du dehors : la radio le soir. Non pas pour les nouvelles, dans ces moments-là, des nouvelles je m'en fiche, je ne veux pas savoir ce qui se passe dans le monde. Je suis débranchée, dé-préoccupée. Seulement capter une émission où je glanerai quelques mots pour rêver, bifurquer ; ou bien quelques lignes de lecture ou un peu de musique.
Là ne sont sans doute pas toutes les raisons du bonheur que je retrouve à vivre chaque instant – l'un après l'autre -, là n'est pas une recette pour tous. J'approche seulement l'essentiel qui me manque et le vacarme se tait.

vendredi 5 mars 2010

Solitude


(La consigne d’écriture était de compléter une lettre de Rilke dont je ne possédais que la moitié gauche! Natô avait l’autre moitié….Il a donc fallu écrire “entre” les mots de Rilke. Exercice périlleux mais très enrichissant! Surveillez la mise en ligne de Natô pour vous faire une idée ; ensuite nous mettrons le texte réel!) . Les mots de Rilke sont en italique.


Une seule chose est nécessaire: accepter la béance de sa solitude intérieure. Aller en soi-même, – n’accepter de ne voir des jours durant personne – c’est à cela seulement que vous verrez votre écriture creuser son sillon. Soyez seul, comme l’enfant est seul quand ses pensées se rangent en lui et qu’alors des certitudes lui viennent, mêlées à des choses futiles, intimes et importantes du seul fait que tous autour de lui s’affairent et que l’enfant ne comprend rien à ce tournoiement du monde. Il est certain qu’il n’est pas de communion entre les êtres sans cette solitude intérieure qui nourrit et qui permet d’être prêt des choses: elles ne vous susciteront que si elles se sont insinuées dans le silence des jours. Dans la solitude encore des nuits, il y a encore des pensées nouvelles qui se dénichent et courent sur les pays. Dans le règne des songes et des rêveries toutes bêtes, tout est plein d’évènements auxquels il est aisé et utile de prendre part. Les enfants sont habiles et brillants à ce jeu là, mieux que vous  fûtes: tristes et heureux, ils font briller de mille feux les récits de leur enfance, vous revivez parmi eux, et vous réalisez que les propos des grandes personnes ne sont rien, rien d’autre que paroles bien ternes et sans âme.

jeudi 4 mars 2010

Lettres à un jeune poète


Bip nous a concoctés une série de consignes issues de "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke. Elle a dépecé le livre pour nous alimenter de petites phrases que nous devions glisser dans nos lettres. Lettres par nous adressées à ce jeune poète à qui parle Rilke, ou à la personne de notre choix. Une autre consigne était proposée à partir de deux lettres de Rilke dont nous n'avions qu'une moitié ( découpée verticalement) et la difficulté consistait à réécrire la moitié qui nous manquait. Exercice périlleux mais très intéressant à faire!

mercredi 3 mars 2010

dictionnaire B

Brassée: que ce soit de feuilles ou de mots, ce n’est  rien qu’un  peu de vent que l’on enserre. Tout s’est déjà envolé lorsqu’on pose le tout .

Biais: c’est un regard qui n’ose pas; un de ces regards de malaise. Une manière de ne pas voir, de ne pas être vu , mais regardant. Un truc pas franc du collier.

Boulevard: c’est un mot qui est laid. Avenue a une autre classe quand même!

Comme je regarde parfois de biais, au lieu de boulevard , j’avais lu bouleverser! Alors je vous livre ma brassée de mots pour celui-là!

Bouleverser: conduire l’être au delà de lui-même, dans cette zone si fragile où l’on ne peut aller qu’avec d’infinies précautions. Un livre ou quelques lignes peuvent réussir ce transport.

lundi 1 mars 2010

Lettre B

Biais :


Face à leur conscience et à leur culpabilité, nombreux sont ceux qui prétendent ne pas biaiser et tentent de s'en persuader. Mais sournoisement, dans quelles directions sont-ils écartelés jusqu'au démembrement ? Et sinon, pourquoi tant de douleurs ? Le raisonnement inverse tient la route : et si au lieu d'y aller tout droit, de foncer dans la chair, on y allait parfois de biais, est-ce que ça ferait moins mal ?

Boulevard :

Je tourne en rond.Voilà des heures que je suis les feux arrières des voitures qui me précèdent sur ce boulevard périphérique. Comment vais-je en sortir ? Par quelles bretelles ? Je mets la radio.
Tout à coup, un grand coup de frein, je percute la voiture avant, reçois un grand choc à l'arrière. La nuit est tombée. Mon ange gardien qui somnolait à l'arrière, saute sur la banquette avant, pose ma tête délicatement sur son épaule et me berce. Tout est fini.


Brasser:

Ce matin, ça me brasse dans les tripes. Je crois être malade. Plus la journée avance, plus je me rends compte que ça brasse. La répétition des mêmes idées s'enroule en spirale. Les pensées se vrillent comme les viscères, désirs et regrets se mêlent, tout se noue, m'étouffe, un cordon ombilical autour du cou se resserre, noeud coulant.
La rupture devra venir du dehors pour retrouver un peu de sérénité, remettre un peu d'ordre dans tout ce merdier, faire cesser les bruits, desserrer les noeuds


Lettre A

Avaler :

A force d'avaler des couleuvres -école, église, société- et d'avoir trop peu vomi, j'ai avalé ma langue. Aujourd'hui, je voudrais régurgiter mais les mots restent coincés, accrochés aux anneaux.

Ailleurs:

Avec la fuite de la jeunesse, mes ailleurs sont plus souvent liés à l'inaccessible du temps passé, au paradis à jamais perdu, aux chants de l'enfance. Le champ de mes ailleurs s'étale dans une temporalité révolue, irréversible et inatteignable, ou sur les pages des livres aimés et dans mes rêves nocturnes.
Subsistent quelques champs bien réels et palpables : l'éden de mon jardin, la campagne drômoise.
Il m'apparaît soudain que jeune femme pleine d'énergie, tous mes ailleurs s'étalaient devant moi, dans l'action, sous forme de perpétuels projets se bousculant.

Lent basculement du ciel et de la terre par les ans.