Chère Monsieur Rilke,
J’ai bien reçu votre lettre, mais je dois avouer que je n’ai pu en lire que la moitié, et encore !
En effet, les pluies torrentielles qui se sont abattues sur notre région récemment n’ont rien épargné, pas même ma boîte aux lettres et c’est avec grande difficulté que j’ai déchiffré votre précieuse missive.
Évidemment, ce que vous écrivez est si intense que la moitié est déjà amplement nourrissante tant est concentrée votre intelligence en de subtiles conseils dont je me nourris allègrement.
" La volupté de la chair est une merveille au même titre que le regard pur sur notre langue, elle est une donnée, une connaissance même, dans la plénitude de cette expérience, dont certains mésusent, proprement excitante, une distraction, non une concentration de l’âme. Les hommes ont du manger aussi, d'un côté, pléthore de l'autre, ont été troublés tous les bons moments par lesquels la vie se renouvelle. Il a donc fallut les clarifier et les vivre classiquement.
L'homme de solitude. Il est doué de toute beauté, chez les animaux, la forme durable et nue de l'amour est ce qui donne la force aux plantes de s'accoupler, se munir de docilité, non pour servir la loi, une loi qui dépasse plaisir et volonté ou résistance. Fasse que cette volupté soit pleine jusque dans ses moindres méandres et se proclame avec plus d'humilité: qu'il soit possible que ce plaisir soit vécu gravement ! Au lieu de le prendre à la légère, comprendre combien il est lourd! Qu'il ait les couleurs de la chair ou de l'esprit, la fécondité de la création. L'esprit procède de l'œuvre. L'homme, me semble-t-il, est amoral ; engendrer est pour lui réellement « enfanter ». “
Le reste est illisible.
Cher Monsieur Rilke, j’espère ne pas avoir trahi votre pensée, et j’attends avec impatience votre réponse et le retour du soleil, qui cette fois-ci j’en suis sûr conservera sous les meilleurs auspices notre si belle correspondance.
Avec ma respectueuse et fraternelle considération
MPB
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