L’endroit comme un
envers. J’y suis née mais ne l’ai pas vécu. Il se ressemble de moins en moins,
récemment, j’ai compris que ça allait devenir pire, (pelleteuses et chenilles
caterpillars et rouleau compresseur) l’endroit pourrait être rayé de la carte.
De même que dans ces effondrements de terrains vus à la télé ces derniers
jours, l’endroit pourrait être enseveli sous le glissement des pierres
dérangées. Les Morts viendraient avec car mon lieu de naissance est surplombé
par le cimetière où demeurent à jamais mes parents fleuris.
LE CHIER, ça signifie PIERRIER, même si à lire ça fait
un peu chier. On n’a pas l’habitude de
dire toutes les lettres en français. Un amas de pierres. On les avait mises
debout, on les avait rangées, on en avait fait des maisons et des murs pour
tracer des ruelles.
En contre haut, le
clocher mais pas seulement
En contre bas, la
claire rivière, il n’y a rien à craindre, encore jeune et encore si vivante
L’effondrement
viendrait de l’intérieur de la terre alors ? des profondeurs ? des
tirs de mine dans la carrière en face ? de ces détonations incessantes qui
équarrissent le paysage ?
Ou bien d’un coup
de foudre qui brûlerait le noyer qui tenait dans ses racines le socle du pays.
Comme dans un jeu de Fantasy, une trappe s’ouvre dans une autre dimension, on
se retrouve dans un livre d’Haruki Murakami, à compter les crânes endormis,
pleins d’histoires et de poussière.
Ou bien on passe
sans se rendre compte, derrière le rideau de la cascade.
Eaux ruisselantes,
lichens jaunes, agrippements de lierres, petits chemins boueux et l’ombre de
moi en petite fille, toute petite et faisant ses premiers pas.
2 commentaires:
Retourner aux mêmes endroits pour essayer de s'en affranchir, les voir tournebouler, c'est douloureux parfois. Faut-il y revenir ou laisser fuir le temps?
Linette, je comprends, tu as perdu ton paradis et laissé tant d'autres choses là-bas ; je n'ai pas de nostalgie par rapport à cet endroit, juste quelques racines emberlificotées, et pour ce qui est des choses enfuies à jamais, le sont-elle vraiment ? elles nous constituent aussi, mais oui, je comprends ce que tu veux dire
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