"O combien de dizaines,
O combien d'unités!"
Mes ans! Je vous apostrophe depuis tant de temps avec la déférence due à la valeur ajoutée des chiffres et des lettres et sans que je n'admette le moindre commentaire de quiconque quant à votre avancement plus rapide que mon salaire qui stagne, lui, sur une grille indiciaire plutôt bancale.
Oserais-je vous avouer que vous pesez sur mes épaules quand le temps est à la pluie! Et aujourd'hui, le temps est à la pluie! "encore plus qu'hier, peut-être moins que demain!", une sensation forte d'humidité paralysante.
"Il pleut, il mouille; c'est l'ivresse à la grenouille" et pourquoi qu'à la grenouille d'abord?
Je revendique le droit de vous saouler à tout et à n'importe quoi, pour une fois, une fois encore. Vous dissoudre dans les bulles alertes d'un champagne frappé à souhait; vous noyer dans une baignoire d'Opium du regretté Y.S.L et divaguer dans les volutes des notes parfumées et poivrées; vous asperger de Retsine et attendre, attendre qu'un insecte vivant à qui j'aurais croqué les ailes vienne lutiner ma peau gorgée de sucre et de soleil!
Je vous écris, mes ans, de cette humeur lourde qui laisse un goût de fiel au coin de chaque mot quand le brouillard plombe la ville et que je vous adresse dans le désarroi d'un regard posé comme le crêpe d'un voile noir sur mes bras recroquevillés.
Que vous ai-je donc fait pour que vous pressiez mon corps comme dans un étau moi qui l'ai souvent laissé se brûler à des soleils autres que ceux des ciels d'été?
Que vous ai-je donc fait pour que vous flétrissiez mes mains et pour que les mots glissent de mes doigts sans s'aligner, se cognent, s'enhevêtrent dans le désenchantement consenti d'une plume malhabile?
Peut-être voulez -vous vous venger, mes, ans? Laisser vaincre la lassitude? Laisser vaincre la solitude que j'ai presque apprivoisée ou qui m'a presque apprivoisée, qui m'a ouvert des champs nouveaux? Ainsi je continue la petite phrase interrompue, abandonnée...
Je n'ai pas envie de vous laisser gagner mes ans même si vous en êtes la cause; je veux bien vous continuer pour aujourd'hui, demain, peut-être d'autres après.
O combien d'unités!"
Mes ans! Je vous apostrophe depuis tant de temps avec la déférence due à la valeur ajoutée des chiffres et des lettres et sans que je n'admette le moindre commentaire de quiconque quant à votre avancement plus rapide que mon salaire qui stagne, lui, sur une grille indiciaire plutôt bancale.
Oserais-je vous avouer que vous pesez sur mes épaules quand le temps est à la pluie! Et aujourd'hui, le temps est à la pluie! "encore plus qu'hier, peut-être moins que demain!", une sensation forte d'humidité paralysante.
"Il pleut, il mouille; c'est l'ivresse à la grenouille" et pourquoi qu'à la grenouille d'abord?
Je revendique le droit de vous saouler à tout et à n'importe quoi, pour une fois, une fois encore. Vous dissoudre dans les bulles alertes d'un champagne frappé à souhait; vous noyer dans une baignoire d'Opium du regretté Y.S.L et divaguer dans les volutes des notes parfumées et poivrées; vous asperger de Retsine et attendre, attendre qu'un insecte vivant à qui j'aurais croqué les ailes vienne lutiner ma peau gorgée de sucre et de soleil!
Je vous écris, mes ans, de cette humeur lourde qui laisse un goût de fiel au coin de chaque mot quand le brouillard plombe la ville et que je vous adresse dans le désarroi d'un regard posé comme le crêpe d'un voile noir sur mes bras recroquevillés.
Que vous ai-je donc fait pour que vous pressiez mon corps comme dans un étau moi qui l'ai souvent laissé se brûler à des soleils autres que ceux des ciels d'été?
Que vous ai-je donc fait pour que vous flétrissiez mes mains et pour que les mots glissent de mes doigts sans s'aligner, se cognent, s'enhevêtrent dans le désenchantement consenti d'une plume malhabile?
Peut-être voulez -vous vous venger, mes, ans? Laisser vaincre la lassitude? Laisser vaincre la solitude que j'ai presque apprivoisée ou qui m'a presque apprivoisée, qui m'a ouvert des champs nouveaux? Ainsi je continue la petite phrase interrompue, abandonnée...
Je n'ai pas envie de vous laisser gagner mes ans même si vous en êtes la cause; je veux bien vous continuer pour aujourd'hui, demain, peut-être d'autres après.
2 commentaires:
Il n'est certainement pas consolant de savoir que tu n'es pas seule dont le corps est pressé dans un étau ou les bras rongés par une colonie de rats et ... j'aimerais tellement continuer légère, après, bientôt ... continuer à divaguer sans poids...
Très beau texte. Toujours ton courage, malgré l'usure de la douleur
Ce matin c'est l'automne -
à dire ces mots
je me sens vieillir
Kobayashi Issa
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