Je suis dans le
courant frénétique de la plus lointaine source. Martin Wable
C’est dans la
combe aux bruyères que j’ai pensé la surprendre, puis entre les
herbes hautes d’un fourré il m’a semblé qu’elle était là,
mais il a fallu chercher encore un peu plus haut sur les landes des
Hauts de Chaume, marcher encore et encore pour se préparer au
rendez-vous, balayant du regard ces étendues sans ombres, de landes,
de pierres, de bruyères et de lointains bleutés. C’était pâture
de vent et frissons de lumière. La carte IGN entre les mains, j’ai
suivi le cours du ruisseau, et levant les yeux de la carte ai porté
mon regard sur ces moutonnements herbeux, ai murmuré c’est
tout près…. Dans un des plis du paysage, je l’ai l’imaginée.
En hébreu le même mot ayin désigne à la fois la source et
l’œil, comme si, à chaque fois que la paupière en se levant
libérait la vision de l’œil, le monde se recréait et mettait en
lumière ce qui était obscur. De grandes marges de ciel, patiné
d’infini, donnaient au souffle l’ élan pour avancer encore. On
le sait bien que revenir aux sources n’est qu’illusion ou buée
devant les yeux, et même si on ne voit pas de pierreries briller au
sein de cette eau noire, on est dans ce vacillement d’aube où tout
est possible. On effleure les traces d’un passé ignoré sur la
pierre où, assise dans ce secret silence des sources, on se prend à
rêver à ses propres origines. Est-on dans la vision d’une source
ou dans la source d’une vision ?
3 commentaires:
Où est-on . Sur les plateaux d'Aubrac ? Dans "ayin" je vois l'oeil d'Horu,s le Dieu de la connaissance qui met en lumière ce qui est obscur ? Y a t-il un rapport ?
sUR Les Hauts de Chaume, nos autres Estables, non ?
C'est cela! C'est au plus près de la source de l'Ance,.... d'après la carte IGN!
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