vendredi 22 décembre 2017

cartographie # 5 collection de pierres #2

Je ne ramène plus de Pierre à la maison pas plus que d'Agathe ou de Ruby. Les dernières étaient des Pierre F, "eff" comme effacer. Les pierres restent où elles sont, et je les laisse à leur destin. Je ne fais pas non plus comme Gilles Clément à aller les remettre là où elles ont été cueillies, bien que ce soit tentant. Dans l'étagère il y a 1 bouteille de sable, d'ocre de Roussillon, qui copine près des auteurs commençant par P et ceux commençant par R, pas loin d'Elisée Reclus, Mais bien loin de ma carte, hors-champ. Pourtant ce n'est pas parce que nous sommes cantonnés à notre périmètre IGN que le reste du monde n'existe plus, que les pierres du volcan ne jaillissent pas hors du cadre, que les carrières n'épuisent pas les montagnes afin que des routes nous y amènent et fassent de jolies courbes sur les cartes : l'humain n'a de cesse que de déterrer ici pour ré-enterrer là ; mais ça ira comme ça pour les leçons de morale. Car, que ferais-je si dans ma petite Loire ou dans le ruisseau Mussic je découvrais en pataugeant des corindons et des saphirs comme on en trouve un peu plus loin, dans le Riou Pezzouliou, comme on en trouva jadis pour parer le cou de la belle Agnès Sorel ? Les pierres de ma carte font le paysage en noir et blanc. Le granite noir qui se laisse voir sur les murs rechaulées des maisons décrépies parfois, les pierres recouvertes de lichen jaune sur la ruine qui longe le cimetière. Les pierres tombales en- marbre-qui-vient-d'où ? sur lesquelles sont écrits en or le nom des habitants du dessous, le gravier blanc des tombes, sur lesquelles on dépose quelques fleurs en céramique si magnifiquement rouges. De la collection de pierres, je passe aussitôt à la collection de cochons, parce qu'en patois des hauts plateaux, le cochon jeune se dit caïou, et que ça se mélange bien dans ma bâtée, où je filtre la poudre d'or dans le sable, la poudre aux yeux dans les mensonges et les mystères qu'on met une génération ou 2 à découvrir. 
Puis je passe à la collection d'arbres, un noyer au-dessus de la maison du Chier à qui il fallait rendre visite à l'automne pour récolter les noix, mais que l'on trouvait déplumé tandis que les habitants permanents se régalaient derrière leur fenêtre. De cet arbre unique et solitaire, je ne puis faire qu'une piètre collection, alors je remonte dans mon arbre généalogique, plein de pierres et de Rocher Roche et duquel je guette, la dernière pierre. Je vous tiens au courant.












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