C'est un plan, extrait du Noyau Central de Saint-Etienne, sans arrondissement bien sûr, nous ne sommes qu'à Saint-Etienne. On y distingue nettement une croix formée par les deux rues essentielles de la cité et une tâche en haut à droite emplie de croix noires dans un espace blanc symbolisant le cimetière, et si l'on regarde attentivement, on aperçoit une dizaine de fois ce même symbole pour noter les églises et chapelles. Tout au nord, la ligne de chemin de fer trace la forme d'un serpent boa, ou d'un chapeau selon le regard d'enfant ou d'adulte que l'on pose sur les choses... Les sens de circulation indiqués par des flèches bleues n'ont aucun sens aujourd'hui : tout automobiliste de cette ville le sait, il faut toujours observer les panneaux avant d'emprunter une rue, sous peine de mauvaise surprise ! Quelques aplats rouges spécifient les bâtiments importants : se détache en priorité à mes yeux, le lycée Claude Fauriel ; mairie et préfecture semblent anodines.
Regardant alors avec mes yeux de myope, le plan se brouille et j'ai soudain l'impression de me trouver au cœur du théâtre de mémoire de Dubuffet, avec ses espaces cernés de noir , ses dessins de bonhommes elliptiques, cette sensation d'inachevé.
Mon itinéraire choisi est là, dans ce plein centre et, volontairement tracé sur un plan qui n'est pas d'aujourd'hui. Il m'est aisé de retrouver les rues et de rêver le trajet à parcourir, n'ayant jamais cessé d'arpenter les rues de cette ville. Ensuite il suffira de marcher sur les traces laissées, du 21 au 31 mais de deux rues éloignées par ce qu'on nomme le centre, et qui me semblaient appartenir à deux mondes. Aujourd'hui, elles sont compactées dans le même tiroir aux souvenirs.
La ligne brisée qui symbolise le trajet à réaliser, zigzague sans raison très nette, comme si l'on grimpait vers un autre espace. Croiser les trajets d'aujourd'hui et les chemins d'hier, en évitant de se cogner aux angles gris des murs. Déconstruire peut-être, pour mieux reconstruire.
2 commentaires:
EXTRAIT DU NOYAU CENTRAL, plein de lave et de pierres précieuses, on est absorbé dans le magma vu du ciel et on plonge on plonge ; on espère que les petits bonshommes de Dubuffet nous retiendront par la culotte, au dernier moment
"On est pas d'un pays mais on est d'une ville" (Bernard Lavillier)
La terre ce sont les rues
qui collent à nos pieds
comme de longs rubans noirs
où s'accrochent nos souvenirs
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