Voilà, c’est ici. Ici que les chevaux se sont tus.
Voilà, c’est ici. Le nom de Joannes Faure, resté gravé dans
le granit d’une tombe toujours mystérieusement fleurie, gravé aussi parmi la
liste interminable sur le Monument aux Morts. Joannes Faure, tombé à Moulicent,
dans l’Orne.
Voilà, c’est ici. Les cris des femmes enfermées dans la
maison d’école avec les enfants.
Voilà, c’est ici, cette année-là, que le vieux a perdu la
parole. Mais pas ses souvenirs.
Voilà, c’est ici. La campagne était pourtant riante et le
soleil insolent, voire indécent.
Voilà, c’est ici. Les femmes ont accompli, depuis, ce que leurs
hommes n’ont pas eu le temps de leur dire : élever les enfants, cultiver
les champs, dégager les chemins, ne pas laisser la friche prendre le dessus.
Prendre soin de la terre.
Voilà, c’est ici. Le silence qui s’est transmis comme une
onde et la parole qui n’a ressurgi qu’à la quatrième génération.
Voilà, c’est ici. Parmi tous les hommes abattus, le
fossoyeur. Le menuisier. Le forgeron aussi. Pas de fosse, pas de planches ni de
clous pour les cercueils.
Voilà, c’est ici. Le Jean, l’homme de la Léa, tombé au front
le 11.11.1918, un mois tout juste après le petit Jean, emporté par la grippe
espagnole.
1 commentaire:
Oui, tu es toujours à jour, et s'il en manque qqs uns, tu as tout l'été pour écrire et te régaler. Bravo !
Enregistrer un commentaire