Paul Klee "Deux dromadaires et un âne" |
L'allure fière malgré l'incertitude fragile qui rend disponible à l'inconnu ils avancent. Méconnaissables mus par ce désir impérieux d'arriver là où l'obligation les mène soucieux d'accomplir leur charge ils allongent le pas le sabot assuré la bosse altière la tête digne. Ils taisent le paysage de lumière qui les baigne les arbres-torses le sable noueux la géométrie du désert. Leur prunelle leur ramène des souvenirs de barcarolles de roseaux à la frange d'une oasis souriante. Leur corps respire la lenteur enfouie dans la mémoire du temps. Un cri polyphonique et guttural s'échappe de leurs lèvres desséchées. La myrrhe et l'encens tremblent. L'âne-enfant se perd dans l'empreinte de leur obstination alors que dans le ciel le soleil transpire la liberté.
5 commentaires:
Je connaissais ce beau tableau et ton texte me le rend encore plus cher. J'aime "la lenteur enfouie dans la mémoire du temps", l'obstination.
C'est fou comme on regarde différemment un tableau avec les mots qui disent un ressenti personnel. J'adore.
ben alors, finalement des dromadaires ? et un Paul klee ? on saute des espaces temps !
l'amir et l'an cent tremblent, mais je psychanalyse trop les mots ! il faut dire que ce tableau est accroché dans la salle d'attente de ma... en tous cas je les aime ces mots collés ensemble comme de la jelly anglaise. Ce tableau ressemble aussi beaucoup à celui fait par ce peintre lithuanien dont je vous ai parlé, mais celui de Paul est moins ambitieux, plus enfantin, et les paysages sont moins arides. Et sais-tu où se trouve ce tableau ? dans un musée que j'adore, à BERN!
un texte vraiment rythmé, avec des mots et des images superbes, ça swing en douceur dans le désert
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