I. Chirurgie
esthétique
Prenez une pointe de crayon
Dessinez les contours du nez
Gommez les cernes, les rides
Puis posez un voile parfumé sur ce visage
Donnez vous pour règle d’ajouter de la beauté
Procédez à l’endormissement
Ne vous acharnez pas sur votre labeur, vous le partez pas
pour une terrible bataille
Renoncez à la force guerrière de la chirurgie
Opérez comme si vous posiez une caresse crissant sur le
grain de cette peau
Dites vous que vous n’ôtez pas de la laideur mais que vous
faites apparaître une nouvelle aube se laissant aller à ses fluides, à ses
humeurs, à votre désir
Il n’y a rien de plus majestueux qu’une douleur qui s’ignore
soumise à l’anesthésie
Pansez alors les blessures noires laissées par votre
bistouri
Avec l’aiguille, recousez comme si vous entriez une cuillère
dans une génoise délicate
Ajoutez de la ferveur à vos derniers gestes
Le lendemain, tendez le miroir à votre patiente. Elle s’y
verra comme si elle venait de voyager dans une machine à remonter le temps, ses
pattes d’oie auront disparu comme une peau de chagrin
Elle vous considérera comme sa lanterne magique, vous aimera
comme si vous lui aviez administré un filtre d’amour. Méfiez-vous : ne lui arracher pas le cœur. Sortez de sa chambre, quittez sa vie. Entrez dans la mélancolique légende.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire