J'aimerais
aujourd'hui écrire sur la mémoire qui serait inscrite dans un lieu
et non dans les circonvolutions d'un cerveau et plus particulièrement
d'un lieu dans lequel je me suis rendue récemment et qui m'a rendu
une partie de mon enfance par grands pans.
La
première partie décrirait le lieu tel qu'il m'a été donné de le
voir, ce jour-là de mes 68 ans, sans même, sur le coup, être
pleinement consciente de ce qui se jouait, à savoir qu'il me
projetait dans un autre lieu (très lointain, très ancien et
définitivement perdu), ni que ces personnages-là, allaient ensuite
arriver pour peupler ces lieux. Ils sont arrivés par inadvertance,
comme si le lieu les sécrétaient, les recélaient, les révélaient
et que nuls autres que ceux-là ne pouvaient le peupler. Ce lieu en a
appelé un autre en superposition comme dans le livre de Patrick
Chamoiseau « Empreinte à Crusoë » où Crusoë, après
des mois entiers à chercher à qui pouvait bien appartenir cette
empreinte qu'il avait découverte sur le sable, réalise que c'est la
sienne et non celle d'un autre hostile. Et c'est seulement alors
qu'il comprend à quel point cet Autre lui est vital. C'est un peu
cela qui se passe quand je me mets à écrire, mais je ne le sais pas
encore clairement. J'arrive dans ce lieu inconnu, en le décrivant
plusieurs semaines après, je comprends que c'en est un autre que je
décris. Un autre qui, en fait, est Moi : mon lieu, le lieu d'origine
Une
seconde partie parlerait des ces gens, arrivés par grappes, qui
gravitent autour du lieu, et cependant bien loins du lieu même et en
sont néanmoins tous originaires. Tout vient comme une pelote qui se
déroule si j'en saisis un bout, comment je m'en suis saisie et j'ai
accepté d'en parler
Une
3° partie nécessiterait que je retourne dans ce lieu, visité
dernièrement, afin de frotter mes souvenirs soudainement resurgis, à
la réalité qui les a déclenchés, voir quels éléments (source,
bâtiments, végétation, couleur du ciel, paysages … ou autres,
atmosphère …) ont éveillé si fortement l'ensemble du tableau qui
s'est mis à vivre. Je ne vois pas pourquoi il n'y aurait que N
Quintane qui aurait droit à une bourse pour un séjour pour un
projet d'écriture précis.
Enfin,
une dernière partie, mais là ce n'est pas clair du tout, je dirais
même que j'avance en pleine obscurité, bougie éteinte où je ne
conserverais peut-être qu'un ou deux éléments du réel pour leur
faire prendre leur élan. Ils me permettraient d'écrire sur les
sensations que- le ou les sens qui chez moi ont été touchés- ont
mises en branle pour qu'un tableau prenne tout à coup vie, sans
préméditation, peut-être pour écrire sur mon lieu d'origine
fantasmatique (ou de mieux comprendre comment il s'est créé), ou ce
qu'est un tel lieu, ou de décrire le paradis, le lieu des rêves (où
je vais fidèlement rêver), ou, … ... pour rallumer la bougie, il
me faudra peut-être attendre les consignes suivantes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire