Quand
je me penche sur cette carte au 25 000 millième, bien que je
l'examine à la loupe depuis plusieurs mois maintenant, bien d'autres
lieux que ce Chemin de la Galine m'évoquent des moments empreints de
sacré ; parfois simplement effleurés sans que j'en sois consciente,
parfois effrayants tant ces sentiments m'apparaissaient trop vastes,
parfois attirants comme un aimant sans que je fasse réellement un
pas pour l'étreindre ; il m'a fallu atteindre la soixantaine pour
oser me laisser toucher par la spiritualité, pour que le mot même
cesse de m'effrayer ; et plus encore, si je me plonge dans les textes
que cette carte m'a inspirée.
Ainsi,
je sais que
nous n'avons que récemment, pris forme humaine. Nous
venons
d'une chaîne ininterrompue, à travers le premier poisson apprenant
à marcher sur terre, sentant ses écailles devenir ailes, à travers
les migrations de l’âge glaciaire. Dans notre long voyage
planétaire, nous avons pris beaucoup de formes anciennes oubliées
maintenant. Nous nous souvenons de certaines de ces formes
dans le ventre de notre mère, revêtant des vestiges de queues, de
branchies et faisant pousser des nageoires à la place de mains.
Un nombre incalculable de fois
durant ce voyage, nous avons quitté les formes anciennes, laissé
tomber nos vieilles habitudes afin d'en laisser émerger de
nouvelles. Mais rien n’est jamais perdu. Bien que les formes
passent, elles reviennent. Chaque cellule usée est consommée,
recyclée… à travers les mousses, les sangsues et les rapaces…
J'aimerais toujours me souvenir -
encore et encore - des anciens cycles , m'appuyer sur eux dans les
moments difficiles. Par ma nature profonde et par le voyage que j'ai
fait, il y a en moi une profonde connaissance de mon
appartenance à laquelle j'aimerais avoir sans cesse accès pour
mieux entrer en contact avec moi-même en tant que mammifère, en
tant que vertébré, en tant qu’espèce qui n’est que récemment
sortie de la forêt tropicale. Quand le brouillard de l’amnésie se
disperse, ma relation aux autres espèces et ma responsabilité
envers elles, se transforment. Je prends conscience de ma vraie
nature. Au fur et à mesure que ma mémoire s’améliore, je m'
identifie avec toute vie,
Mais ce n'est pas tout : Chaque
atome de mon corps existait avant l’apparition de la vie organique
il y a 4.000 millions d’années.
Et, vous, vous souvenez-vous de
votre enfance en tant que minéraux, en tant que lave, en tant que
roche ?
Pourquoi les regardons-nous de
haut avec un air condescendant ? Ce sont eux qui sont notre
partie immortelle.
Maintenant que nous avons
entrepris ce voyage intérieur, nous avons trouvé la partie de
notre être la plus intime, la plus pérenne aussi ; celle que les
mites, la rouille, l’holocauste nucléaire ou la destruction du
patrimoine génétique de la forêt ne peuvent pas corrompre. La peur
et l’anxiété qui nous accompagnent constamment,
peuvent commencer un peu à se dissiper
Cet espace désintéressé
que nous avons trouvé ressemble peut-être à la méditation.
... et en bonus des extraits de ...
« Le Cosmos et le Lotus » de Trinh Xuan Thuan
Trinh Xuan Thuan, né en 1948 à Hanoï, au Viêt Nam, astrophysicien et écrivain vietnamo-américain, d'expression principalement française
« La
spiritualité, au même titre que la poésie ou l’art, constitue
une fenêtre complémentaire à la science pour contempler la
réalité ; en ce qui concerne la connaissance du monde, même la
raison a ses limites. Il
nous faut donc faire appel à d’autres modes de connaissance comme
l’intuition mystique ou religieuse, l’art ou la poésie pour nous
rapprocher de la réalité ultime. Les Nymphéas de Monet ou les
poèmes de Rimbaud nous éclairent autant sur le réel que la
physique des particules ou la théorie du Big Bang. »
« La
physique moderne a non seulement démontré l’interdépendance du
monde des particules et de l’univers, mais elle a aussi mis en
évidence l’intime connexion de l’homme avec le cosmos.
Nous
savons aujourd’hui que nous sommes tous faits d’atomes fabriqués
lors de l’explosion primordiale d’abord, et lors de l’alchimie
nucléaire des étoiles ensuite.
Les
atomes d’hydrogène et d’hélium qui constituent 98% de la masse
totale de la matière ordinaire dans l’univers ont été générés
pendant les trois premières minutes de son existence. Les
atomes d’hydrogène dans l’eau des océans ou dans notre corps
proviennent tous de cette soupe primordiale. Nous partageons
tous une même généalogie cosmique qui remonte à 13,7 milliards
d’années, l’âge de l’univers.
Quant
aux éléments lourds essentiels à la complexité et à l’émergence
de la vie et de la conscience, et qui constituent les 2% restants,
ils ont été fabriqués dans les creusets stellaires et les
supernovae, morts explosives d’étoiles massives.
Nous
sommes tous faits de poussières d’étoiles. Frère des bêtes
sauvages et cousins des fleurs des champs, nous portons tous en nous
l’histoire cosmique.
Le simple fait de respirer nous
relie à tous les êtres qui ont vécu sur le globe. … »
1 commentaire:
Ici le Sacré rejoint une telle profondeur, une telle réflexion!!! A méditer justement. Merci pour ces mots intenses.
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