à ciel ouvert
la carcasse de la barque avec les côtes écartelées
épave d’une vie rabotée abandonnée sur le rivage
squelette d’une coque ancrée de murmures desséchés
cuirassée de rouille et de coraux
aux lambeaux de ténèbres
d’une créature aux yeux encollés
suintant comme du blanc d’œuf
tentant de repousser le passage du temps
les flancs lourds d’obscurité et d’indicible
Traduction du premier paragraphe du troisième interlude des Vagues:
Le soleil montait. Des bandes de jaune et de vert tombaient sur le rivage, dorant les côtes rongées de la barque et donnant aux feuilles du chardon de mer un bleu étincelant comme de l’acier. La lumière perçait presque la peau des vagues fines et vives comme si elles façonnaient un éventail sur la plage. La jeune fille qui avait secoué la tête et fait en sorte que tous les joyaux, topaze, aigue-marine, et les joyaux couleur d’eau aux étincelles de feu, dansent, dévoilait désormais son front et de ses yeux grands ouverts traçait un chemin tout droit au-dessus des vagues. Leur tremblement pommelé scintillant s’était assombri ; elles se rassemblaient entre elles ; leurs cavités vertes étaient profondes et sombres comme si elles étaient traversées de bancs de poissons errant. Alors qu’ils éclaboussaient puis se retiraient ils laissaient un rebord noir de brindille ou de liège sur le rivage, des brins de paille et des bouts de bois, comme si une chaloupe légère s’était échouée ses flancs éclatés et que le marin nageant jusqu’à terre avait rejoint la falaise et laissé sa frêle embarcation être submergée.
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