réemprunter le chemin des sources est-ce bon
propulser le regard loin des opacités sans fond
dans une crique une anse une matrice
une mosaïque d'un monde décortiqué à la loupe et
se laisser aspirer par l'image qui ouvre
dessous un rhizome
cette tige souterraine dotée de racines qui se terminent par un bourgeon, et dont on sait si peu
elle sinue, progresse creuse, improvise, cartographie des lieux des pensées des songes des espaces vitaux des vies de l'invisible
un bourgeon horizontal se redresse et sort de terre
le chaos souterrain poursuit ses avancées vers d'autres ailleurs
une chose a jailli, poussée par le milieu, a jailli comme une source haute
comme ces mauvaises herbes qui sont toujours plus hautes que les autres
plus velues, plus disgracieuses, plus voraces
et qui colonisent les domaines de l'entre
l'éclatement des bourgeons bâtit des châteaux de cartes
un chemin d'encre et de sang patine le passé
entretisse le devenir de ce qui s'écrit entre
les taches noires, ce que l'on barre ou efface
ce que l'on recouvre de la honte rouge sur le front
mais c'est bien dans ce fatras que l'on puise une sorte de lumière
cela pousse et déborde de toutes parts
des sentes inédites se dessinent, se dérobent, se perdent
des images muettes s'abandonnent
tout se fait mouvement, se fait autre
archive d'un avenir
sur le chemin des sources
(Les photos sont d'Hélène Bamberger, issues du coffret Marguerite Duras de Trouville aux Editions de Minuit)
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