Mardi 10 décembre 2013, à la Maison de Quartier du Soleil à Saint-Etienne, quelques privilégiés ont pu écouter deux lectrices, accompagnées d'une guitariste pour quelques moments d'intermède, (dont "notre Laura", voir aussi son blog "jardindombres") faire un vibrant hommage et présenter un choix de textes et d'extraits de textes d'A. Camus.
Le choix, très représentatif de l'oeuvre de cet immense auteur, allait de son roman le plus connu "L'étranger" à des morceaux plus difficiles extraits de "Caligula", "Carnets"... Il couvrait également des lettres (dont celle à son ami René Char), son "Discours de Suède" (prononcé lors de la remise du prix Nobel), ses articles, ses textes politiques "Réflexions sur la peine de mort" (avec ce terrible extrait de son père vomissant après une exécution à la guillotine). Egalement des lettres telle "J'ai mal à l'Algérie" adressée à son ami algérien Aziz Kessous sur leur pays commun où l'on est de plain-pied avec la position d'A Camus par rapport à cette guerre - position qui n'a jamais été comprise de ses contemporains et qui lui a tant été reprochée -. Ces lignes nous font partager la douleur et la plaie, jamais refermées, dont Camus toute sa vie a souffert face à ce fossé s'agrandissant et se remplissant de cadavres.
La lecture nous a transporté dans les ruines de Tipasa, du soleil noir qui crépite, des parfums de l'absinthe qui saturent l'air et qui font que l'homme se sent homme, fier d'être homme, en vie, dans l'immensité.
La lecture nous a transporté dans les ruines de Tipasa, du soleil noir qui crépite, des parfums de l'absinthe qui saturent l'air et qui font que l'homme se sent homme, fier d'être homme, en vie, dans l'immensité.
Cette lecture d'une qualité professionnelle était également empreinte d'une forte émotion et admiration pour l'auteur qui se sont transmises de manière palpable au public.
Elle se clôt par son "Discours de Suède" où il dit au monde entier combien il est conscient que ce prix dépasse l'individu qu'il est ; prix qu'il dédie à tous les artistes, hommes, femmes qui n'ont pas été récompensés et n'ont au contraire reçu que malheur et persécution pour leur combat.
Elle se clôt par son "Discours de Suède" où il dit au monde entier combien il est conscient que ce prix dépasse l'individu qu'il est ; prix qu'il dédie à tous les artistes, hommes, femmes qui n'ont pas été récompensés et n'ont au contraire reçu que malheur et persécution pour leur combat.
Tous ceux et celles qui ont beaucoup lu Camus ont été bouleversés et n'ont qu'une envie : se replonger dans son oeuvre plus que jamais d'actualité dans cette époque où les fanatismes vont s'amplifiant. Quant à ceux qui la connaissent moins, leur cadeau de Noël est tout trouvé.
Lire, relire Camus est une nécessité absolue aujourd'hui.
Lire, relire Camus est une nécessité absolue aujourd'hui.
Merci pour ce moment intense et bouleversant.
... J'allais oublier l'inoubliable : ces lignes sur l'enfant de huit ans, observant sa mère sourde, épuisée par sa vie de labeur, s'absorber dans la contemplation des rainures du plancher et l'immense pitié (amour ??) qu'il ressent. Cet enfant qui, assis le soir sur une chaise percée dans une rue d'un quartier pauvre, possède le monde entier grâce à un pan de ciel étoilé aperçu entre les toits des maisons. Déjà ce cri d'amour de vivre.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" C'est sous cette phrase de Camus que les lectrices ont placé leur lecture
... J'allais oublier l'inoubliable : ces lignes sur l'enfant de huit ans, observant sa mère sourde, épuisée par sa vie de labeur, s'absorber dans la contemplation des rainures du plancher et l'immense pitié (amour ??) qu'il ressent. Cet enfant qui, assis le soir sur une chaise percée dans une rue d'un quartier pauvre, possède le monde entier grâce à un pan de ciel étoilé aperçu entre les toits des maisons. Déjà ce cri d'amour de vivre.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde" C'est sous cette phrase de Camus que les lectrices ont placé leur lecture
2 commentaires:
J'ai des frissons en te lisant...Oui ce fut un beau moment hier soir à la fois dans le bonheur que nous avons eu à lire et dans la densité de l'écoute qui nous faisait face. Merci à toi pour ce compte rendu d'émotions!
Je suis tellement en colère ! "LE" téléfilm "biopic" comme ils disent, retraçant les dix dernières années de la vie de Camus (avec le trop beau Stéphane Freiss) et que j'ai malheureusement vu 2 fois (le masochisme sans doute) a définitivement (?) déshabillé l'écrivain, si immense fut-il pour l'habiller de la peau de l'homme séducteur et réduit à tout ce que j'exècre chez les mâles. Idem pour Brecht ou pour Rodin, des vampires aux contradictions impardonnables. On ne devrait jamais regarder les téléfilms.
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