- « avant de commencer la lecture, je dois vous dire que Sophie ne peut
pas venir et elle s'en excuse »
- « qui c’est Sophie ? »
- « la fille brune un peu timide qui vient depuis deux mois ; elle est médecin, elle a un cabinet à G. »
- « qui c’est Sophie ? »
- « la fille brune un peu timide qui vient depuis deux mois ; elle est médecin, elle a un cabinet à G. »
peut-être
nous
aurions discuté, ou échangé au moins un regard, un quelque chose m’aurait
mis sur la piste, j'aurais fait le lien ? « La plupart des gens ont l'imagination obtuse »*.
et elle
? nous serions en train de nous reconnaître, comment soutenir nos
regards ?
des
coups d'œil
étonnés,
un léger sourire gêné,
un air de rien ?
ce
serait intéressant de
savoir si j’existe pour
elle,
ou pas
elle ne
sait rien, personne ne m’a évoqué auprès d’elle,
je ne
connais pas ce texte de Zweig « 24 heures d’une
vie d’une
femme »,
il faudra que je le lise en entier
Damien ne
lui a pas donné d’explication quand il l’a quittée, il a surgit chez elle, elle ne l’attendait
pas, « on
arrête
tout » « Rappelez tout le monde ! lança-t-il
au chef du personnel d'une voix tout juste intelligible. Rappelez tous vos
gens, ce n'est plus nécessaire. Ma femme m'a quitté »
Il a dit qu’il
avait craint qu’elle le quitte à nouveau, il a pris les devants, poussé
par la peur d’être délaissé à nouveau, puis il a regretté
Est
revenu la voir
Elle n’a
rien voulu savoir
Alors il
a attendu, maigre, au bord du gouffre
Arrête
de refaire l'histoire !
Il garde la place, pour Sophie,
est-ce
qu'il attend encore aujourd'hui ?
Un creux rempli de souvenirs qu’il raconte parfois, par mégarde, ressassant
les derniers jours
Il lui
ramenait des affaires, au compte goutte,
un jour un disque, une semaine après un livre, puis une écharpe,
et ainsi de suite, pour la voir, provoquer l'explication, convoquer la réconciliation
Elle n’ouvrait pas, lui disait de laisser les choses dans la boîte aux mots perdus
Alors il lui écrivait
Elle ne répondra pas aux lettres
Six mois
avant, elle était venue à l’improviste
lui annoncer qu’elle
partait pour un autre, sans rien ajouter
Plus
tard, elle était revenue, silencieuse
concentre-toi sur la lecture, tu t’en fous de cette histoire,
ce ne sont pas tes mots « (...) le bruit s'était vite répandu
que Mme Henriette avait pris la fuite non pas seule mais en compagnie du jeune
Français
(envers qui la sympathie de la plupart d'entre nous se mit dès
lors à
fondre à vue d'oeil) »
Damien
n'en parle plus, il la tait, il en rêve ? et dans ce rêve
elle ne vieillit pas ?
Ils se parlent
dans leurs monologues intérieurs ?
ai-je déjà
lu Zweig?
Un après-midi en ville, la tension soudaine de Damien :
voir ses yeux se fixer vers un point, percevoir ce corps prêt
à
bondir, torturé, cloué au sol, et déjà
lancé
à
sa recherche, déjà face à elle
Henriette, regrette-t-elle ?
tu n’existais plus comme ami : sans toi il aurait bondi, se serait faufilé, aurait heurté les passants, l’aurait retrouvée près du bar, serrée dans ses bras, aurait tenté sa chance, encore
tu n’avais
rien à
faire ici, tu n'as rien dit non plus
tais-toi.
*les passages en italiques sont des extraits de "24h de la
vie d'une femme, S. Zweig.
1 commentaire:
Intéressante cette idée de monologue avec un texte.
Heureuse année à vous toutes et tous et bon réveillon
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