C'est une brocante, en haut de la colline
On y vend, à l'encan, des rêves broyés
des rêves de coccinelles, des rêves d'instants.
A l'infini, leurs échos clapotent, mais ne remontent pas à la surface de la conscience, qui n'existe pas.
Bulles d'air cherchant leur source, ne la trouvant pas sous la cendre du temps, les rêves-brocantes sont retenus par le crépuscule du fond de l'océan.
Et pourtant un rêve-crabe s'ébat comme le guerrier solitaire, sans armes ni ennemis à combattre
puis est mangé jusqu'aux pattes par le rêve-piranha égaré entre deux-eaux.
Le rêve-sardine s'ennuie sur l'étagère de sable et patiente en comptant et recomptant les rêves-bulots entassés dans une vieille caisse posée sur un tabouret comme un lapin sous la pluie.
"L'art est-il scandaleux" philosophe le rêve-corail qui rêve qu'il se promène dans le musée de l'innocence en baillant aux corneilles.
C'est l'heure ! dit le brocanteur en se réveillant de sa longue sieste oublieuse de rêves. Il passe un coup de balai sur la poussière de sa léthargie, éteint les lampes-étoiles de mer, pousse un dernier rêve étourdi vers la sortie, sort son trousseau de clés et le laisse tomber au pied du rocher couvert de vieux rêves-d'algues.
2 commentaires:
J'adore tout particulièrement les trois dernières lignes ... et ta célérité coutumière. C'est magique cette boîte à mots, c'est comme tirer un grand filet de pêche, c'est tout frais, frétillant, vivant
pensons à la rafraîchir ! découpons, images et phrases un peu partout.
tu es toi même un rêve-poisson, un rêve fruit de mer et de rivière, chère Lin.
moi j'aime bien les échos qui clapotent et l'innocence qui baille
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